Maintes fois remis en question, le parlement polonais planche sur une interdiction quasi-totale de l’avortement.
Depuis l’arrivée de l’ultra-conservateur Andrzej Duda à la tête du pays en 2015, la Pologne entreprend des virages démocratiquement inquiétants. Cela concerne notamment les droits des femmes et l’avortement.
L’avortement, un recours restrictif et semé d’embûches
Étant un pays avec une forte tradition catholique, la nouvelle loi concernant l’avortement promulguée en 1993 a considérablement réduit les possibilités. Auparavant, de 1956 jusqu’à la chute du régime communiste, l’avortement était libre d’accès et gratuit. La loi actuelle restreint l’IVG sauf pour trois raisons : si la grossesse présente un danger pour la santé de la femme, si elle est issue d’un viol ou d’un inceste ou si le foetus est malformé. Les médecins, devant donner l’autorisation pour avorter, sont cependant rares dans certaines régions. Ceux-ci peuvent refuser, de peur d’être attaqués en justice par exemple.
Une loi souvent remise en question
Depuis l’entrée du parti pro-nationaliste PiS (Droit et Justice) au pouvoir en 2015, l’avortement est au menu des discussions lors des séances. L’année suivante, le Parlement envisageait d’interdire l’IVG en cas de grossesse basé sur un viol ou de l’inceste, ainsi que de sanctionner les femmes désirant d’avorter et les équipes médicales participantes de cinq ans de prison. Des propositions abandonnées suite aux nombreuses mobilisations dépassant les frontières de la Pologne et aux « marches noires ». Fin 2017, le collectif Sauvons les Femmes, avait réuni environ 500 000 signatures pour soutenir l’initiative législative d’un recours légal à l’avortement durant les douze premières semaines de la grossesse. Cependant, la proposition a été rejetée au Parlement ce 10 janvier dernier.
Le pouvoir de l’Église en priorité
La plupart des avortements sont dues en grande partie à la malformation du foetus (soit 95%) ; le collectif pro-life Stop Avortement s’en est récemment indigné. Celui-ci a déposé une proposition visant à interdire l’IVG pour ce cas-là. Une mesure soutenue par le PiS, proche de l’Eglise Catholique, qui a notamment restreint librement la pilule du lendemain. Face à de telles propositions, des manifestions se sont déroulées le 17 Janvier 2018 dans plusieurs villes du pays. Cependant, elles étaient moins suivies que la grande mobilisation de 2016.