De danseuse à espionne, Jennifer Lawrence nous immerge au sein des Services Secrets dans Red Sparrow. Sur vos écrans depuis le 4 Avril.
Parce que Les Insouciantes aiment le cinéma, et davantage encore la littérature, nous vous proposons cette semaine de parler de Red Sparrow. Adaptation du premier tome de la trilogie de Jason Matthews par le réalisateur autrichien Francis Lawrence (Hunger Games, Constantine), le film est sortit en France ce 4 avril.
Au coeur des services secrets russes et américains.
Red Sparrow est avant tout une balade au gré des services secrets internationaux. On insiste sur ce fait car le livre spécifie que Dominika Egorova (Jennifer Lawrence) va devoir extorquer des informations à un français. D’ailleurs, ce passage nous a particulièrement marqué puisqu’il souligne le laxisme de la France.
« Les Allemands l’auraient déclaré schuldig, coupable, et ce pauvre idiot se serait retrouvé derrière les barreaux pour trois ans. Les Américains l’auraient condamné à huit ans comme victime d’espionnage sexuel. En Russie, le predatel – le traître – aurait été liquidé. Les enquêteurs français, eux, se contentèrent de souligner dans leur verdict qu’il avait été négligent. Delon fut promptement rapatrié en France – hors de la zone rouge – et consigné pendant dix-huit mois à des tâches qui ne lui laissaient aucun accès à des documents classifiés. »
Même si l’adaptation ne fait pas aussi bien le job, quelques scènes vous plongerons dans les bureaux russes et américains. On retiendra notamment combien la bestialité des hommes ressort à travers ce film, et ce, notamment avec le supérieur de Dominika à Budapest, Maxim Volontov (Douglas Hodge). Les scènes de tortures retranscrivent quant à elle l’angoisse autour des arrestations russes et de ce qu’elles représentent. Avec elles, on retrouve l’oppression d’une Guerre Froide qui ne s’est jamais réellement terminée. Côté américain, vous serez d’abord confronté à des réceptions de transmissions entre Nate Nash et la taupe, montrant comment l’agent reçoit ses informations, puis, à un interrogatoire permettant de prouver la détermination de la jeune russe à collaborer avec la CIA.
Fait important à relever, l’adaptation s’éloigne foncièrement du roman en centrant l’intégralité des actions sur Dominika. Quid de la véritable collaboration avec la CIA. Elle apparaît au spectateur comme une femme antipathique qui ne doit rien à personne et va parvenir à duper tout le monde.
Une adaptation à l’intelligence atrophiée
Adapter un roman est chose complexe et il est donc impossible d’en garder la globalité. C’est donc mise en condition que nous nous sommes rendues à l’UGC de Lille pour assister à l’avant première du film. Ce à quoi nous ne nous étions pas attendu en revanche, c’est que Francis Lawrence manque complètement le coche et survole simplement le livre.
Une fois tout le côté intelligent ôté, ne reste donc plus que violences et sexisme exacerbés ainsi qu’une jeune danseuse russe, Dominika Egorova, prête à tout pour se venger de l’oncle qui l’a contrainte à devenir un moineau après l’arrêt brutal de sa carrière. De ce fait, Red Sparrow n’a plus grand chose à voir avec l’oeuvre originelle : des personnages changent de personnalités, passant d’alliés à ennemis, d’autres, meurent quand ils devraient toujours être en vie et inversement. La relation entre Dominika et son oncle, Ivan Dimitrevich Egorov (Matthias Schoenaerts) est poussée à telle point qu’elle en devient limite incestueuse. Et le pire, Dominika fait en sorte de se trahir pour donner sa véritable identité à la CIA. À croire que Justin Haythe, l’homme derrière le scénario, n’a pas lu le livre ou compris de quoi il en retournait. Et vraiment, cela nous consterne.
La violence à l’écran
Omniprésente, la violence apparaît sous toutes ses formes au long des 2h21 de film. Peu surprenant de la part de Francis Lawrence nous direz-vous. On espère donc que vous avez le coeur bien accroché car il vous faudra subir un viol explicite – d’ailleurs complètement inexistant dans le livre – qui fait passer les scènes de tortures pour des instants de plaisances.
Au lieu d’un viol, c’est donc un personnage parfaitement consentant et prenant les devants que vous auriez du voir à l’écran. Car oui, mesdames, messieurs, Dominika Egorova n’a rien de la petite danseuse prude que nous laisse percevoir le film et cette phrase extraite du Moineau Rouge vous le démontre à merveille :
« L’acte physique ne posait pas vraiment de problème à Dominika, qui n’avait rien d’une prude« .
Mais avouons-le, il est tellement plus simple de faire comprendre au spectateur que Egorova est traumatisée par un viol plutôt que par le poids d’un homme mort dont le sang dégoulinait sur son corps. Seconde différence majeure, la vengeance contre le couple de danseurs à qui elle doit son renvoi du Bolchoï. À nouveau, le film use d’une violence imaginaire suffisant à nous convaincre du non discernement de la personnalité de l’espionne.
Une touche de fidélité apparaît cependant avec l’apparition d’une tentative de viol sur la personne de Dominika durant son apprentissage à l’école n°4, dite, l’école des Moineaux. Chose étrange, là où la violence aurait dû être brutal, la scène passe rapidement. On observe d’ailleurs le même effet lorsque Dominika se fait torturer par les services secrets russes. Croyez-nous, à côté de ce qu’endure le personnage dans le livre, le film rend son calvaire plus que supportable.
DES FEMMES IMPORTANTES
Interprétée par Jennifer Lawrence, la Dominika Egorova que nous avions tant aimé pour son intelligence, sa froideur et sa pointe d’humour sarcastique perd tout son potentiel. Et que dire de la non mention du fait qu’elle ne soit pas simplement un moineau, mais la première femme russe diplômée de l’école du SVR ? On ne sait pas vous, mais ici, on trouve qu’il s’agissait d’un élément crucial au sens où les autres femmes travaillant au sein de l’agence sont censées être secrétaires ou moineaux.
Comprenez donc qu’à travers la version proposée par Francis Lawrence, on soit déçues de constater que Dominika serve davantage d’objet sexuel que de véritable espionne. On aurait tant aimé retrouver le tact de la jeune femme et sa relation « conflictuelle » avec Nate Nash (Joel Edgerton) dont elle tombe amoureuse au point d’assassiner pour le protéger. Certes, le brio du personnage est conservé, mais il n’est jamais exploité comme on le souhaiterait.
Puisque nous en sommes à parler des Femmes, il y a tant de choses à dire à propos de Stéphanie Boucher (Marie-Louise Parker) et Marta (Thekla Reuten). La première, voit son destin expédié quand en réalité elle pose problème un certain temps à la CIA. Dommage, car on aurait adoré voir cette femme aussi égoïste qu’ambitieuse et alcoolique pactiser avec les russes par simple besoin d’élévation professionnelle. Quant à Marta, elle passe de la femme en fin de carrière et particulièrement bienveillante envers Dominika à une jeune colocataire moineau, et, traitant avec la sénatrice. Au final, contrairement au livre où la perte de Marta bouleverse Dominika au point d’accepter l’offre de la CIA, le film oppose les deux femmes.
À contrario, Charlotte Rampling, dans le rôle de la directrice de l’école des Moineaux tient la route. Elle seule correspond à l’attitude de cette femme hautaine et prête à tout pour que ses élèves deviennent des moineaux.
Film ou livre : que choisir ?
Définitivement, notre coeur balance pour le roman de Jason Matthews, même si, pour être tout à fait franches, nous devons avouer avoir failli abandonner en cours de route. Pourtant, malgré notre engloutissement sous une masse d’informations impossible à retenir, nous avons persisté, et fini par accrocher à l’histoire quelques chapitres plus tard.
On s’éprend notamment de l’aptitude particulière de Dominika à cerner son entourage grâce à des couleurs apparaissant autour de leurs têtes. Passé à la trappe dans le film, ce don omniprésent explique pourtant pourquoi la jeune femme est si clairvoyante et une espionne hors pair. Appréciable également, le fond du récit qui nous balade d’un service secret à l’autre tout en nous permettant de comprendre les processus mis en place pour recruter une personne ou démasquer une taupe. De cela, l’adaptation cinématographique ne révèle pas grand chose, et c’est bien dommage.
Un bon conseil, si vous avez lu Red Sparrow, on vous déconseille franchement l’adaptation tant elle est à des années lumières de nos attentes. Cependant, si vous n’aimez pas la lecture, peut-être trouverez-vous qu’il s’agit d’un excellent thriller. Au vu de la fin, on ne peut que supposer qu’une suite des aventures des agents Dominika Egorova et Nate Nash n’auront pas droit à leur suite !
Pas du tout d’accord!je ne reprendrai pas l’aurgumentation point par point,juste que je n’ai jamais vu 1film suivre à la lettre 1livre,sauf peut etre 1livre qui avait eté adapté en 1mini-série de 23 épisodes. Et j’ai trouvé super subtile le petit changement en fin de film,super bien pensé!bref j’ai adoré les 2 et carrement pas eté décue de l’adaptation!