Padmaavat (Padmavati) : sacrifiée pour l’honneur
Depuis le 25 Janvier 2018, Sanjay Leela Bhansali vous transporte au Rajasthan afin de découvrir l’histoire de la reine Padmavati dans Padmaavat ! Cette semaine, les Insouciantes vous font voyager au fin fond de l’Inde grâce au film Bollywood Padmaavat (Padmavati) réalisé par l’un des plus grands réalisateurs du genre, Sanjay Leela Bhansali (Devdas, Ram Leela, Bajirao Mastani,…). Le scénario : L’histoire est inspirée de Padmavat, un poème de Malik Muhammad Jayasi écrit au seizième siècle et contant le récit de la reine légendaire Padmavati. Originaire du Singhal (Sri Lanka), elle fût mariée au prince Rajput Ratan Singh, du Mewar (Rajasthan) qui deviendra bientôt roi de Chittor. Cependant, entendant parler de la beauté exceptionnelle de la jeune femme, le sultan de Delhi, Alauddin Khilji, déclare la guerre à Chittor afin de conquérir le trône mais surtout la reine. Après de longs mois de siège et d’autres événements (nous vous laissons un peu de surprises tout de même ! ), l’armée du sultan réussit à prendre le fort. Accompagnée des femmes de Chittor, la reine Padmavati s’enferme à l’intérieur, et décide avec elles d’accomplir le Jauhar : une immolation par le feu afin de ne pas terminer entre les mains du sultan et son armée. Un film très controversé Une polémique née en Inde, le film de Bhansali a bien failli ne pas voir le jour. En effet, les descendants des Rajputs estiment que l’histoire ne rend pas hommage à Padmavati, qu’ils ont érigée au rang de déesse. Les raisons de leur fureur sont multiples : des scènes de danse de la reine devant des hommes, le fait qu’elle accepte de montrer son visage à l’ennemi,… Suite à de nombreuses négociations plus ou moins violentes (la tête de l’actrice fut mise à prix !), c’est avec quelques mois de retard que sort finalement le film sur nos écrans. Entre temps, des scènes ont été coupées, le titre changé (Padmavati est devenu padmaavat) et des agressions ont eu lieu sur le tournage. Bhansali a en effet dû se battre pour son film qui est interdit dans certaines régions de l’Inde, et notamment le Rajasthan. Un voyage au coeur du Rajasthan Le film en lui-même est un véritable voyage. Pendant 2h45, Bhansali nous transporte dans l’univers somptueux des Rajputs avec ses palaces, ses tenues traditionnelles, ses cérémonies, sa culture…. On y découvre différentes fêtes hindoues telles que Holi, la fête des couleurs, et Diwali, la fête des lumière, ainsi que des tenues toutes plus somptueuses les unes que les autres, brodées et réalisées à la main par des couturiers et joailliers indiens. Les acteurs nous montrent aussi leurs talents de danseurs à travers des danses traditionnelles comme le ghoomar ou des danses plus « acrobatiques » du côté du Sultan. On découvre également le Rajasthan puisque le film a été tourné dans les différents forts de la ville de Jaipur, actuellement ouverts au public. Ils offrent un fond magnifique et sont un véritable régal pour les yeux et l’imaginaire. La reine Padmavati: un courage à toute épreuve Dans ce film, Padmavati est dépeinte comme une femme forte, prête à se sacrifier pour son peuple. Elle dit elle-même qu’elle préfère perdre son honneur si cela sert à ne sauver même qu’une seule vie. Tout au long du film, elle s’impose face à son mari, son armée et même face à son ennemi. En outre, il s’agit d’une femme qui va jusqu’au bout de ses choix et de ses décisions. Elle n’hésitera pas à aller contre les traditions rajputes en sortant du fort pour aller jusqu’à Delhi sauver le roi. Son courage la poussera également à accomplir le Jauhar pour ne pas être réduite en esclave du sultan Alauddin Khilji. Cet acte lui vaudra d’être érigée au rang de déesse et célébrée à travers toute l’Inde. Un film trop caricatural ? Cependant, le film, dans sa descriptions des peuples Rajputs et Khiljis, est souvent trop caricatural. Les Rajputs sont présentés comme un peuple avec un des principes et un honneur sans limites, tandis que les Khiljis, et surtout le sultan Alauddin est dépeint comme le diable en personne. Traitre, sans principes, meurtrier, traîtant sa femme l’impératrice des indes comme une esclave, odieux jusque dans sa façon de manger tel un animal, l’homme n’a rien pour plaire. Toutefois, il convient de noter que plusieurs scènes du film (26 au total) ont dû être supprimées, car, selon les détraqueurs du film, Alauddin n’était pas assez détestable. Il est donc possible que le film original soit beaucoup moins caricatural. On espère donc qu’une sortie en DVD nous permettra de le découvrir dans son intégralité. La prestation de l’acteur Ranveer Singh (sultan Alauddin Khilji), qui était déjà à l’affiche des deux précédents films de Bhansali, est remarquable. Détestable à souhait, il incarne à merveille ce sultan tyrannique et au bord de la folie. A côté, l’acteur Shahid Kapoor, incarnant le roi du Chittor, fait pâle figure en restant de marbre et gardant la même expression durant les 2h45 du film. Padmaavat (Padmavati) est donc à aller voir pour la splendeur de ses décors qui vous transportent mais également pour la prestation mémorable de Ranveer Singh qui mérite bien des récompenses. Les amoureux de culture et de traditions venues d’ailleurs apprécieront également ce film. À noter qu’il est soutenu par l’association Bollyciné, qui oeuvre pour le développement et la promotion du cinéma indien en France.
[Interview] Conversation avec Manu
« Ce n’est pas parce que les tempos ne sont pas speed et les guitares ne sont pas à onze que c’est pas rock ! » A l’occasion de la sortie de son nouvel album, La Vérité le 4 décembre dernier, Manu nous a gentiment accordés un peu de son temps pour répondre à nos questions ce même jour, tandis que la salle du Gibus se préparait à recevoir la chanteuse pour sa Release Party. Tenki Ame était un album un peu spécial, de type ovni, dans ce que tu as pu faire jusqu’à maintenant. Il y a une collaboration avec le dessinateur Niko Hitori qui se poursuit depuis cet EP (visuel de l’album La Vérité), y en aura-t-il d’autres ? Manu : J’espère bien, parce que je suis assez fidèle avec les gens avec qui je travaille. Mais des fois, ils ne sont pas toujours disponibles pour travailler avec moi ou alors nos chemins, et nos projets diffèrent. Niko Hitori, ça fait un moment que je suis ce qu’il fait, je suis très fan, donc, quand il y a eu la parenthèse enchantée de l’EP Japonais, on a tout de suite pensé à lui. Par contre, je ne savais pas s’il serait ouvert à changer un peu de genre parce que je lui ai demandé quelque chose de très précis pour La Vérité. Ça devait être un noir et blanc, correspondre à la musique, avec du mouvement. Je voulais un trait beaucoup moins doux que pour l’EP. Ça l’a beaucoup excité. Il a écouté les démos à l’époque, il a été inspiré et il a fait ça très vite. L’idée, c’est que, de toute façon, ma tête, je ne l’ai jamais mise du temps de Dolly, donc je ne vais pas commencer maintenant. On s’en fout un peu, et ça ne va pas aller en s’améliorant en plus (rires), donc le fait que ce soit un dessin je suis vraiment fan ! Peu de temps s’est écoulé entre Mon étoile, L’EP Tenki Ame et La Vérité. Comment se déroule l’écriture de l’album, et les tournées aident-elles dans le processus ? Non pas trop parce qu’avec l’EP Japonais, on n’a pas vraiment tourné. En plus, on était plutôt en formation électro-acoustique. On avait incorporé de la harpe, du violoncelle et on a fait quelques concerts comme ça. On s’est fait plaisir avec une formation complètement différente, ce qui a du m’aider à avoir envie d’entendre des grosses guitares je pense. C’était très bien et je pense que j’aimerais bien mener de front les deux formations, parce que la version acoustique avec la harpe et le violoncelle ça permettait d’aller à l’essentiel, c’était très dépouillé, alors que la version électrique ça envoie…. il me faut les deux ! Ce serait l’idéal ! Comment s’est passée la composition après ? Je me suis enfermée toute seule chez moi et j’ai branché la guitare. Je l’ai mise à fond (rires). J’avais enregistré mon batteur, Nirox (Thierry Ndlr), avec deux micros et je l’avais fait jouer pendant une demi-heure. Ensuite, j’ai découpé toutes ses parties pour m’en servir de base pour chaque chanson en fait. Son jeu m’inspire beaucoup. J’ai trituré ses parties dans tous les sens à ma petite sauce et puis j’ai composé comme ça. Pourquoi être revenue aux sources après avoir créer un univers bien à soi en solo ? La dernière étoile, pour moi, c’était pas un album calme. J’ai jamais compris pourquoi on me disait « oui, elle s’éloigne du rock ! » Il est résolument rock cet album ! Ce n’est pas parce que les tempos ne sont pas speed et les guitares ne sont pas à onze que c’est pas rock quoi ! Mais il est vrai qu’on me le dit souvent. Je ne devais sans doute pas être prête. J’avais besoin d’aller ailleurs. Avec Dolly, j’avais fait ça pendant quatre albums, donc j’avais envie d’aller explorer ailleurs. Puis là, l’envie est devenue d’autant plus forte, puisque, justement, pendant un an je n’ai fait que des concerts acoustiques. Donc c’est vrai que, quand je me suis retrouvée toute seule, ça a été le défouloir ! Mais il y a quand même une chanson qui comporte harpe et violoncelle (ndrl Je pense à toi) pour faire une petite pause dans l’album. Et c’est le moment magique, un petit bijou. « C’est la violence des mots, la violence physique et qu’on pense qu’avec un petit bisou, ou un petit cadeau, on rattrape tout, mais non. » Sur le titre Un baiser dans le cou, nous avons eu l’impression d’écouter un texte très fort sur la violence conjugale, quel était ton ressenti en l’écrivant, que voulais-tu raconter ? C’est ça, violence conjugale, ou pas d’ailleurs. La violence des mots… Comme je suis une femme, on va souvent parler de ça, mais c’est la violence des mots, la violence physique et qu’on pense qu’avec un petit bisou, ou un petit cadeau, on rattrape tout mais non. C’était pour jouer avec le mot (cou/coup ndlr), mais ce n’est effectivement pas qu’un jeu de mots. C’est ce que tu as dit, si on veut l’entendre bien sûr, parce qu’un texte a souvent plusieurs lectures. Mais là, je pense que c’est assez direct quand même comme propos. Pourquoi ton choix s’est-il porté sur une reprise de Teenage Kicks de The Understones plutôt qu’un autre groupe/une autre chanson ? Je fais très rarement des reprises. Je crois que c’est la première fois que j’en fais d’ailleurs. Même avec Dolly, je ne suis pas certaine qu’on en ait fait ou pas beaucoup… Pas en album en tous cas. C’est une chanson que Patrick (Giordano ndlr) écoute et m’a fait découvrir. Je connaissais inconsciemment en fait mais je ne pouvais pas citer The Understones… Mais j’étais fan de cette chanson. Pour cet album, je me suis replongée dans pleins de trucs que j’écoutais avant, les Ramones, Understones, même les Rubettes, les Pixies, Sonic Youth… J’ai fait une chanson qui s’appelle Bollywood et je me suis rendue compte que les accords étaient les mêmes que ceux de Teenage Kicks, donc pour être en accord avec moi-même, je me