Nous sommes les Wildcats – Siobhan Vivian
Après « La Liste », Siobhan Vivian revient avec un roman coup de poing, « Nous sommes les Wildcats » paru le 17 juin chez Nathan. Nous sommes les Wildcats signe le retour de Siobhan Vivian sur nos étagères croulantes de livres. Sorti le 17 juin 2021, il aborde la toxicité des manipulations ainsi que les mensonges pour arriver à ses fins. On vous en dit plus sur ce livre dévoré en quelques heures tant il est prenant. Avis Général Nous sommes les Wildcats nous offre de suivre les péripéties d’une équipe féminine sénior de hockey sur gazon. Une aventure de 24 heures au cœur des problèmes que rencontrent les filles. Parmi eux, mensonges et non-dits. Pour cela, Siobhan Vivian fait preuve d’originalité puisque le roman retrace ces heures à travers six points de vue différents. Points de vues qui nous permettent de découvrir les forces et failles de chacune des six joueuses. À noter que toutes sont issues de milieux sociaux différents, d’origines différentes. Comme le soulève si bien Ali, Luci se rend-elle compte qu’elles ne sont que deux personnes racisées dans l’équipe cette année ? Au fil des pages on sent combien la pression mise sur leurs épaules est énorme. Autre point soulevé : la manipulation de leur coach. Afin d’envenimer les choses, il joue sur leur avenir pour mieux assouvir le sien. Cependant, les filles forment une équipe et elles lui réservent bien des surprises ! Ainsi, une certaine tension est palpable jusqu’à un dénouement laissant sur sa faim. En effet, l’issue du match n’est pas révélé. Une charge que Siobhan Vivian laisse à l’imagination du lecteur. We are the Wildcats – Couverture étrangère Une prévention sur le sport féminin Nul doute que Nous sommes les Wildcats serait à mettre entre toutes les mains. En effet, avec ce livre, Siobhan Vivian met en avant ce qui se produit dans la réalité : sous-estimation des sports féminins au profit des sports masculins et mental des athlètes relégué dans une zone sombre. À travers le regard de la toute jeune Luci, une partie des règles que les filles doivent respecter sont abordées. On compte parmi elles l’obligation du port d’une jupe ou robe les jours de match, l’interdiction de porter un jean ou encore proscription du maquillage, des bijoux ou des parfums. Pourtant, tant elles sont douées, les joueuses de cette équipe senior sont les seules à être désignées par le nom « Wildcats ». Preuve en est, certaines comptent déjà des sélections en équipe nationale ou obtiennent des bourses pour différentes universités. Grâce à ce roman, il serait sûrement possible d’ouvrir le débat sur ces sujets sensibles au sein d’écoles, mais aussi des clubs. Ainsi, élèves et athlètes disposeraient d’un meilleur accompagnement et d’une écoute afin d’éviter que de telles situations se répètent. Illustration « We are the Wildcats » ©Michelle Kondrich Un livre en lien avec l’actualité Alors que les JO de Tokyo – valides entendons-nous – se sont clos il y a peu, nous n’avons pu nous empêcher de faire un rapprochement avec Nous Sommes les Wildcats. En effet, de nombreuses athlètes y ont fait entendre leur voix. Et ce, pour des raisons diverses abordées dans ce roman. Sexisme dans le sport La santé mentale dans le sport La majorité du roman s’attarde d’ailleurs sur le moral des six joueuses. De leur point de vue mais aussi via les paroles que leur renvoient leur coach. En effet, selon lui, si ça ne va pas dans leur tête, elles perdront le match. On découvre également leurs blessures portées seules, leurs nons-dits, les mensonges et manipulations. Est aussi évoquée la notion des abus, si petits soient-ils, qui les empêchent d’avancer et de créer une cohésion parfaite. En France, ce phénomène se produit régulièrement. Notamment avec LE sport considéré comme masculin par excellence : le football. Il y a quelques années, une banderole mysogyne « Hommes au stade, Femmes à la cuisine » était en effet apparue lors d’un match de l’Olympique Lyonnais. Ce, alors même que l’équipe féminine gagne – encore aujourd’hui – plus de titres européens que leurs collègues masculins. Pourtant, les stades restent partiellement vides en raison de leur « jeu plus lent, moins technique et donc moins attrayant » (dixit certains hommes). Misogynie lors du match OL-LOSC le 28 janvier 2017 Les frustrations de l’adulte et leur dangerosité Nous l’évoquions un peu plus haut, Nous sommes les Wildcats, Siobhan Vivian revient sur les mensonges et la manipulation d’un adulte auprès de jeunes athlètes. Un fait reconnu quelque soit le pays et les coutumes. En effet, les adultes n’hésitent pas à mettre la pression sur les épaules de leurs enfants. Et ce, que cela concerne les activités extra-scolaires ou scolaires. Cependant, certains pays mettent la barre toujours plus haut. Par exemple, aux USA, les études sont si chères que décrocher une bourse pour rentrer à l’université devient une nécessité. Bourse d’excellence obtenue de deux façons : de très bons résultats en cours ou une bourse sportive. Ainsi, la pression est mise sur les épaules des enfants dès le plus jeune âge. Certains ont même un plan de vie tout tracé dès la naissance tandis que d’autres le découvre au cours de leur scolarité. Lorsqu’un enfant excelle dans une discipline, que ça lui plaît, pourquoi pas ? Cependant, la pression dont nous parle Siobhan Vivian dans ce roman est encore différente. Plus perverse. Il s’agit de celle des adultes frustrés de ne pas avoir atteint leurs objectifs de vie ou sportifs. Par exemple, ce vieux médecin qui rêvait d’être chirurgien ou cet entraineur de seconde zone qui souhaitait devenir un grand champion dans sa discipline. Vous la voyez venir cette frustration ? Dans Nous somme les Wildcats, ce dernier exemple prime. L’entraîneur oscille entre la manipulation, les mensonges et l’abus de pouvoir. Outrepassant ses droits et devoirs envers les filles qui lui sont confiées. Malgré le sacré palmarès – contrairement aux équipes masculines du lycée -, leur coach souhaite trouver une meilleure position sociale que son poste actuel. Pour cela, il est prêt à tout, quitte à ce qu’une joueuse se blesse au point de ne plus pouvoir évoluer. Quitte à faire croire à certaines joueuses qu’elles sont spéciales. Assez pour avoir une relation privilégiée avec lui.
Manhattan Marilyn : Et si l’icône n’était pas morte ?
Manhattan Marilyn de Philippe Ward nous entraîne à New-York avec une intrigue centrée sur l’iconique Marilyn Monroe. Avec Manhattan Marilyn, Philippe Ward fait revivre l’icône hollywoodienne Marilyn Monroe pour une enquête sous l’ère Obama. Les femmes à l’honneur Comme son nom l’indique, Manhattan Marilyn s’attarde sur l’égérie hollywoodienne Marilyn Monroe. De photos inédites de l’actrice retrouvées dans de vieilles affaires à une enquête sur sa mort, Philippe Ward joue avec les mots. Et si l’icône ne s’était pas suicidée ? C’est là que réside le fond de cette histoire qui nous en apprend aussi bien sur cette femme plus futée et intelligente qu’il n’y paraît que sur son entourage. Au fil des pages, on redécouvre son lien avec les Kennedy mais aussi l’existence du Triangle de Fer – lobby militaro-industrielle – et du Monroe 6 – groupe d’adorateurs -. Bien sûr, ce roman ne serait rien sans l’hispanique Kristin Arroyo. Ancienne Marine en Irak, cette femme possède tact, sang-froid, intelligence et logique. Traits de caractères qu’elle devra mettre à rude épreuve lorsque son associé, le photographe Nathan Stewart est sauvagement tué. Par qui ? Kristin n’en aucune idée, mais sa vie en dépend. Soudainement traquée par le FBI et la mafia, il lui faudra ruser pour comprendre la situation. Une vision actuelle de la société américaine Marilyn Manhattan n’oublie pas la teneur cosmopolite de la ville. À travers les yeux de Kristin Arroyo, vous aurez l’occasion de faire connaissance avec tous milieux sociaux. Vous vivrez de l’intérieur le mouvement Occupons Wall Street. Déambulerez au vernissage d’une exposition de clichés affichant des portraits inédits de Marilyn Monroe. Côtoierez la Mafia italienne ou vous dirigerez vers le quartier des affaires avec le milliardaire Micheal Pear. Parmi toutes ces personnalités, nous avons particulièrement apprécié la mise en avant de la pauvreté sous l’ère Obama. Alors que la Grosse Pomme en fait rêver plus d’un(e), Philippe Ward appuie sur l’envers du décor. Celui où, revenus du champ de bataille, les soldats sont à la rue. Celui où il faut lutter pour survivre. Car oui, si Kristin possède un appartement, ses convictions la pousse à s’allier au mouvement Occupons Wall Street ou à se terrer sous terre avec d’anciens collègues car traquée. Une poursuite dans le tout de New-York De Manhattan à Staten Island en passant par Little Italy, le quartier des finances ou Harlem, Manhattan Marilyn transporte sans problème à New-York. On perçoit d’ailleurs tout l’amour que porte l’auteur à cette ville. Bien que les descriptions ne soient pas énormément détaillés, suivre le mouvement n’est pas difficile. À chaque quartier son ambiance. Chaque lieu son rebondissement. Tout du long, on se trouve dans une position d’attente. Qu’importe les choix des personnages, on se doute des conséquences. Corruptions, intimidations, violences, meurtres. Voilà ce qui régit l’oeuvre de Philippe Ward. Pourtant, Kristin est bien décidée à braver les dangers pour en savoir plus sur les derniers jours de Marilyn Monroe. Pour cela, elle n’hésitera pas à diversifier les moyens de transports. Taxis, motos, traque à pied ; tout est bon dans cette course contre la mort. Manhattan Marilyn : Le hic Légère ombre au tableau, il nous a été impossible de nous identifier aux personnages. En plus d’un manque de fond, la rencontre entre Arroyo et Pear est suffisante pour savoir où tout cela va mener. On avoue, on a même clairement soupiré lors du passage à l’acte car nous aurions préféré qu’ils restent de simples connaissances. Ainsi, leur relation aurait pu garder cet aspect vindicatif qui régnait entre eux et apportait un peu de fraîcheur. Et vous, avez-vous envie de vous plonger dans une enquête sur Marilyn Monroe ?