Reconstruction(s) : une pièce politique
Guy Régis Junior nous entraîne dans l’univers politique avec Reconstruction(s), sa dernière pièce parue le 22 juin 2018. Publiée aux éditions Les Solitaires Intempestifs, Reconstruction(s) offre une pièce très actuelle autour de la politique. Sans plus tarder, découvrez notre avis ! Une pièce au coeur de la politique Dans Reconstruction(s), on voit une critique de la société et de la politique actuelle. Le président ne fait rien et délègue tout aux ministres, qui se révèlent tous plus au moins fous. Le seul sain d’esprit est le Premier Ministre, qu’on ne voit pas dans le livre, et qui finit par mourir d’avoir trop travaillé. Mais que fait le président nous direz-vous ? Hé bien, il lit. Pour se construire, pour se reconstruire. C’est d’ailleurs cette raison que plusieurs ministres invoqueront pour justifier leurs tares. Madame Santé entend des bruits. Elle est aussi anxieuse à cause de la pression subie. Quant à lui, Monsieur Travaux publics se vante ouvertement de voler les gens et de ne pouvoir rien y faire car il est fait pour cela. Autant de personnages dont on découvre la véritable personnalité. De plus, la société refusera au Président une vie personnelle et sexuelle. Cela ne doit pas être dit ni montré ni même suggéré. C’est un sujet très contemporain comme on a pu le constater sur de nombreux mandats. Ces vies sont d’ailleurs utilisées comme armes contre chaque président. L’importance de la Première Dame Reconstruction(s) critique également le rôle de la Première Dame. Un rôle à la fois défini par la société et de ce qu’elle même veut en voir. Corps et âme, la Première Dame défend le droit de son mari à lire pour se reconstuire. « On ne l’a pas élu pour qu’on fasse ce qu’on veut de lui » clame-t-elle. Elle semble même apparaître comme le pilier de son « présidentiel de mari ». Celle qui a tous pouvoirs sur lui. On s’en rend notamment compte lorsque le Ministre Plan va la supplier de parler au Président afin de solliciter une action de sa part. Cependant, cette femme pense davantage à une festivité pour calmer le peuple et sympathiser avec la Ministre Opposition. Un flirt s’installera alors mais la Ministre Opposition n’y répondra que par pur opportunisme. Elle rajoutera vers la fin de la pièce, qu’une fois le mandat terminé, elles ne seront plus amies mais collègues : « Nous n’avons jamais été amies. Nous ne le serons jamais, amies. Vu que nous ne l’aurons jamais été, amies.« Reconstruction(s) est une pièce drôle, grinçante, osée. Même si la façon d’écrire peut agacer à force de répétitions de mêmes phrases et de mêmes mots, elle se lit vite et bien. Par ailleurs, ces dernières permettent d’accentuer la névrose des personnages. Plus qu’à lire, Reconstruction(s) est une pièce à découvrir sur scène afin d’en apprécier pleinement le fond et la forme. Et vous, une pièce de théâtre vous a-t-elle séduite ce mois-ci ?
Avortement : Référendum historique en Irlande
La République d’Irlande prouve une fois de plus son engagement et sa volonté d’évoluer avec un référendum revenant sur le droit à l’avortement. Trois ans après le vote par référendum pour le mariage homosexuel, l’Irlande vote le droit à l’avortement. Un grand oui salué le 25 mai 2018 par les irlandaises, toutes générations confondues. Position sur l’avortement – considéré comme un crime Dans un pays majoritairement catholique, l’avortement a depuis toujours été un sujet délicat. L’Article 40.3.3 de la Constitution Irlandaise spécifie en effet la protection du droit à la vie de l’enfant à naître. Aussi appelé 8e amendement, il dispose que « L’État reconnait le droit à la vie du fœtus et, en respectant pleinement le droit égal de la mère à la vie, garantit dans sa législation le respect de ce droit et, dans la mesure du possible, de le défendre et de le faire valoir par ses lois« . Adopté en 1983, cet amendement prouve la mobilisation des hommes politiques et des religieux irlandais face à une Europe qui légalise peu à peu l’avortement. Même en cas de viol, d’inceste, ou encore de malformation du foetus – sans aucune chance de survie -, il était donc interdit pour une femme enceinte en Irlande d’avorter. Toute femme désireuse d’avorter était ainsi placée dans l’illégalité. Cette interdiction a donc poussé un grand nombre d’entre elles à se rendre à l’étranger afin d’interrompre une grossesse, et, notamment au Royaume-Uni. Premier changement De nombreux incidents majeurs ont été portés en jugement ainsi que de nombreux cas débattus publiquement tentant d’assouplir la loi irlandaise sur l’avortement. Il faudra attendre 2012 et le décès de Savita Halappanavar pour voir un premier assouplissement. Après sa fausse couche, Savita Halappanavar est interdite d’avorter car le cœur du fœtus bat encore. Cet événement mena à de nombreuses manifestations. L’année suivante, le gouvernement irlandais modifie légèrement la loi, autorisant ainsi l’avortement s’il existe un » risque substantiel pour la vie » de la mère. Malheureusement, un viol, un inceste ou une malformation du fœtus ne sont pas des raisons acceptées pour un avortement. La voie vers le référendum En 2017, Leo Varadkar devient Premier Ministre de la République d’Irlande. Il est le plus jeune titulaire de cette fonction, le premier métis et homosexuel à l’exercer. Refusant d’être représenté comme un pionnier, c’est aussi lui qui mène son pays à un changement conséquent dans la Constitution. Jugeant la loi trop restrictive, il a promis un référendum pour 2018. Chose promise, chose due, le 25 mai dernier, après de longues semaines de mobilisation des partisans des deux camps, les irlandais ont pu voter le Référendum sur le 36e amendement de la Constitution. De nombreuses personnalités se sont exprimés en faveur du Yes, et de nombreux expatriés revenus voter. Les résultats sont tombés et le « oui » l’emporte à plus de 66%. Un « oui » qui se traduit par une volonté de modifier le 8e amendement qui laisse ainsi place à : « des dispositions peuvent être élaborées dans la loi pour la réglementation de l’interruption de grossesse ». Que va-t-il maintenant se passer? Le gouvernement doit proposer un nouveau projet de loi afin de définir les modalités de l’autorisation de l’intervention volontaire de grossesse, rendant notamment celui-ci possible dans les 12 premières semaines.
Les Heures Sombres : Gary Oldman endosse le costume de Churchill
Littéralement transformé en Winston Churchill, Gary Oldman excelle dans Les Heures Sombres de Joe Wright. En salle depuis le 3 Janvier 2018. Mai 1940, l’Europe est marquée par ses défaites consécutives face à l’Allemagne nazie. Non épargné, le Royaume-Uni voit son Premier Ministre, Neville Chamberlain, démissionner du Parlement Britannique sous la pression du parti opposant. Incombe alors à Winston Churchill d’endosser la lourde tâche de rassembler le pays durant les heures sombres à venir. Seul contre tous Alcoolique. Fumeur de cigares. Tantôt acerbe, tantôt divertissant. Voilà comment Les Heures Sombres nous dépeignent le quotidien d’un Winston Churchill peu apprécié. Même le roi George VI ne lui accorde aucune confiance. C’est donc dans cette atmosphère tendue que l’homme politique endosse, le 10 Mai 1940, le rôle de Premier Ministre. Contre vents et marrées, Churchill mènera un véritable combat. D’un côté, contre son propre parti et le roi qui cherchent à le discréditer au plus vite. De l’autre, à l’encontre d’Hitler pour qui il voue un profond dégoût. À l’heure où les négociations sont de rigueurs et préconisées par le Vicomte d’Halifax, Churchill refuse de capituler. La raison ? Le Premier Ministre anglais n’imagine pas une seule seconde Hitler capable de respecter ses propres contrats. Autant dire que sa propre citation : « N’abandonnez jamais. Jamais. Jamais » est plus que de rigueur. Ainsi, pas une seconde Churchill n’hésitera à faire front à ses homologues, prenant des décisions conséquentes seul. Résultat, son coup de génie Dynamo aura permis de rapatrier pas moins de 300 000 soldats sur le sol anglais par le biais de bateaux de tous types (Royal Navy, ferry, plaisanciers,…) Les femmes de l’ombre Malgré les doutes persistant, Churchill peut compter sur le soutien indéfectible de figures féminines. Parmi elles, son épouse, Clémentine Hozier, qui, malgré les problèmes financiers de la famille – dus au fort tabagisme et l’alcoolisme de Churchill -, lui restera fidèle. Interprétée par la talentueuse Kristin Scott Thomas, celle que son mari surnommait affectueusement Clemmie, est la preuve vivante que « derrière chaque grand homme se cache une femme« . Une femme qui a accepté sans broncher de passer au second plan. Et ce, depuis le début de sa relation avec l’homme politique. Second soutien et pas des moindres, celui de sa dactylo : Elisabeth Layton (Lily James). En dépit d’un départ tumultueux, la jeune femme se fraie un chemin dans la vie du Premier Ministre qu’elle accompagne aussi bien à domicile qu’à Westminster. Les Heures Sombres la présente comme une personne déterminée, enjouée et sensible dont le frère militaire est quelque part entre Calais et Dunkerque. Avec elle, surviennent donc aussi bien les rires que les pleurs, la rendant d’autant plus sympathique. Entre tensions et humour Bien que Les Heures Sombres nous plonge dans l’une des périodes les plus angoissante de l’histoire du Royaume-Uni, le film garde un trait d’humour « so British ». En effet, qu’importe la situation plus qu’incertaine du pays, Churchill a toujours le mot pour détendre l’atmosphère. Rien n’arrête le Premier Ministre anglais. Rire de son propre alcoolisme face au roi George VI ; désamorcer la tension de londoniens intimidés en plein métro. Tout cela semble instinctif pour Winston Churchill. Humble, l’homme surpasse les événements, apportant une pointe d’humour dans toute cette agitation. La question persistant sans cesse tant : faut-il négocier un traité de paix avec Hitler ou se battre jusqu’au bout ? Gary Oldman époustouflant Acteur caméléon par excellence, Gary Oldman excelle une fois encore en se glissant à la perfection dans le rôle de Winston Churchill. Autant par les discours de son personnage – dont il a dû apprendre les mimiques – que par sa gestuelle, sa performance est brillante. Nommé pour le première fois à la 75e Cérémonie des Golden Globes, l’acteur britannique a justement été récompensé pour son rôle en décrochant le titre du meilleur acteur. Film sur la seconde Guerre Mondiale qui va de paire avec Dunkerque de Christopher Nolan, Les Heures Sombres de Joe Wright s’attarde sur l’envers du décor de cette période difficile de l’histoire anglaise. N’attendez plus, courrez en apprendre davantage sur Winston Churchill et assister à la superbe prestation de Gary Oldman.