Comment Disparaître : agoraphobie et réseaux sociaux

Les réseaux sociaux peuvent-ils être salvateurs ? C’est ce que Sharon Huss Roat nous explique à travers Comment Disparaître. Un roman touchant sur la timidité, la phobie sociale et l’utilisation des réseaux sociaux. La timidité et la phobie sociale sont des maux que nous connaissons que trop bien. C’est pourquoi Comment Disparaître de Sharon Huss Roat nous a immédiatement attiré. Un livre sur la phobie sociale Plus qu’un roman sur la thématique des réseaux sociaux, Comment Disparaître met en avant les phobies sociales. Car Vicky n’est pas simplement timide. Vicky a une réelle phobie sociale couplée à une timidité maladive. Chacun de ses mouvements a des conséquences. Des peurs qui en engendrent d’autres. Alors forcément, après le départ de sa meilleure amie pour le Winsconsin, Vicky veut juste se fondre dans la masse. Avec Jenna, il n’y avait aucun risque. Jenna prenait la parole à sa place, l’aidait à affronter ses peurs. Mais cette année Vicky est seule et les choses vont complètement changer. C’est donc avec justesse que Comment Disparaître met en scène le comportement de Vicky pour devenir invisible. Auprès d’elle, vous longerez les murs, prendrez garde à ne pas vous faire remarquer ou éviterez de vous faire interroger en classe. Ajoutez à cela la nécessité de gérer des crises d’angoisses aux causes multiples. Autant dire qu’on s’est immédiatement identifiée à cette adolescente qui nous a rappelé nos propres années scolaires. Pour Vicky, il s’agit de s’enfermer dans les WC du collège, pour nous, celui de s’isoler à une table du CDI ou sur un banc à l’abri des regards. Comment Disparaître et les relations parentales toxiques Sans même s’en rendre compte, un adulte peut avoir un comportement toxique avec son enfant, et cela, Sharon Huss Roat l’a parfaitement compris. Ce mauvais rôle, c’est la mère de Vicky qui l’endosse. Par le biais d’un discours qui nous a fait grincé des dents, cette femme révèle clairement le fossé entre personnes atteintes de phobie sociale et leur entourage. En effet, désirant tellement que sa fille soit « comme les autres » elle s’immisce à plusieurs niveaux dans sa vie. L’un consiste à choisir des vêtements à l’opposé de la personnalité de sa fille et a bouder si Vicky refuse de les porter « pour lui faire plaisir ». Un autre, à pousser Vicky à sortir avec des amis ou se rendre à des soirées. Et cela, quitte à déclencher une crise d’angoisse tout en retournant la faute contre son enfant sans jamais se remettre en question. Exit donc l’empathie. Si ce comportement peut vous paraître extrême, malheureusement, il ne l’est pas tant. Comment Disparaître permet donc de remettre les choses à niveau avec une vraie prise de conscience. Une réflexion sur les réseaux sociaux À l’heure où les réseaux sociaux font partis intégrante de nos vies, Comment Disparaître nous oblige à faire le point sur notre présence en ligne. Par le biais de Vicky, on se retrouve directement confrontée à une adolescente en manque d’attention. Une adolescente qui décide de créer un compte Instagram afin de se prouver à elle-même qu’elle n’est pas aussi lamentable qu’elle pense le paraître. Sous le pseudo de Vicurious – Vicurieuse en français -, Vicky se crée alors une identité à l’opposée de la sienne. Pour cela, elle utilise les vêtements achetés par sa mère et relégués au fond de son armoire, une perruque colorée et des accessoires. Cette nouvelle personnalité en place, Vicky gagne en notoriété grâce à ses photobombs. Un peu trop rapidement d’ailleurs pour que le roman soit véritablement réaliste, mais passons. De là, Vicky s’aperçoit que sa nouvelle notoriété  peut lui permettre d’aider de jeunes internautes se sentant aussi seuls et invisibles qu’elle. Parmi ces instagrammeurs, des camarades de lycée pas si entourés ou heureux qu’il n’y paraît. En même temps qu’elle, on se rend alors compte d’à quel point chacun peut s’inventer une vie, gommant les mauvais instants. D’à quel point il est impossible de connaître véritablement une personne que l’on suit. Ainsi, Vicky prend conscience que l’isolement n’est plus forcément une question de mal être. Afin de prouver à tous qu’ils ne sont pas seuls, elle va alors se servir du hashtag « solitude » pour mettre des commentaires sur leurs photos. Ouvrant les yeux sur le problème que peuvent être les réseaux sociaux et la phobie sociale, Comment Disparaître est un vrai coup de coeur. Que vous soyez adolescent, adulte ou parents, on vous recommande donc ce roman qui vous permettra de mieux comprendre tout cela et agir en conséquence. Et vous, avez-vous envie de plonger dans Comment Disparaître ?

Hunger : une ode aux corps indisciplinés

Début janvier, la France a pu découvrir Hunger : Une histoire de mon corps. Un essai autobiographique signé Roxane Gay sur les répercussions de la société face à l’obésité. Deux ans après sa première publication, Hunger : Une Histoire de mon corps, est enfin disponible en France. Un essai dans lequel nous avions hâte de nous plonger, d’autant plus qu’il fait parti des choix du Our Shared Shelf. Prise de poids et répercussions psychologiques Dès les premières lignes on comprend que Hunger est tout sauf « un récit sur la perte de poids« . Encore moins un livre sur le bien être. En effet, Roxane Gay exprime sans filtre son vécu et pourquoi elle a désiré prendre du poids. Un poids désiré mais dont elle n’oublie pas l’ascendant psychologique. Une chose que l’on apprécie grandement car, tout comme elle, le notre peut varier de façon psychologique, et ce, malgré une alimentation plutôt saine. « J’ai une envie incontrôlable de me goinfrer, de satisfaire la douleur qui grandit en moi, de remplir le vide que crée ce sentiment de solitude au milieu de ceux qui m’aiment le plus, de soulager la souffrance que me fait revivre cette même conversation pénible, année après année après année après année. » Roxanne Gay Au gré des pages, on compatit fortement pour l’autrice. En effet, adolescente, ses parents l’obligeait à enchaîner les régimes sans jamais lui demander la cause de ses constantes prises de poids. Plus choquant encore, le fait qu’ils pensent qu’il soit impossible pour une personne obèse de trouver un emploi. Elle explique d’ailleurs que sa famille considère toujours son obésité comme un « problème familiale ». Fait que l’on peut lier à la dépression de Roxane Gay au sens où l’on sait combien les réflexions de la famille peuvent devenir pesantes tant elles font culpabiliser. Ainsi, on sent que le profond sentiment de solitude émanant de ces mots lui donne l’impression de ne pas appartenir à sa propre famille. Une société foncièrement grossophobe Ressort de Hunger le fait que la société américaine soit grossophobe. Roxane Gay expose notamment l’existence d’émissions de télévisions sur les obèses qui n’hésitent pas à humilier et maltraiter les candidats. Et tout cela pour quoi ? La promotion des corps disciplinés car « le monde n’accepte pas les corps en surpoids« . Son argumentation pousse même plus loin en ajoutant qu’en étant gros, la seule façon de se venger des moqueries est de maigrir. Ainsi, l’obésité est vue comme « une épidémie à éradiqué« . « Il y a un nombre choquant de personnes qui croient qu’elles peuvent tourmenter les gros jusqu’à ce qu’ils maigrissent, qu’ils domptent leur corps ou qu’ils le fassent disparaître de la sphère publique. » Roxanne Gay Vous l’aurez compris, la télévision fait tout pour nous mettre mal à l’aise par le biais d’émissions, mais aussi des publicités. Selon Roxane, chacun d’entre eux – spot publicitaire – n’est qu’opposition entre bonheur comme représentatif de la minceur et malheur comme celui de l’obésité. Ainsi, en voyant ces publicités, les obèses ne peuvent que se sentir comme des « imposteurs » puisqu’elles mettent en avant qu’un « corps mince se cache dans un corps gros« . Pour exemple, elle cite notamment Blue Apron ou Weight Watchers. D’ailleurs, saviez-vous que Oprah Winfrey détenait dix pour cent des actions de cette dernière ? Les difficultés du Body Positive À travers cet essai, Roxane Gay revient sur le Body Positive. Immédiatement, elle met en évidence le fait que si des revendications pour l’acceptation des gros sont importantes, le mouvement ne comprend pas forcément l’ascendant psychologique. Ainsi, on comprend que malgré la remise au point nécessaire faite par le mouvement quant à la culture des corps des femmes, sa propre lutte est quelque peu différente. « Soyons clairs, le mouvement pour l’acceptation des gros est important, il a des revendications et il est profondément nécessaire, mais je crois qu’il devrait aussi comprendre que certains d’entre nous luttent avec leur image et n’ont pas atteint la paix et l’acceptation de soi absolue. » Roxanne Gay Par ses mots, Roxane explique qu’elle a du mal à rejoindre un mouvement de ce genre car elle ne parvient pas à trouver la paix ainsi qu’à s’accepter telle qu’elle est. Elle ajoute même ne pas savoir où s’intégrer dans « les communautés des gros« . Cependant, cela ne l’empêche pas de montrer son admiration pour le travail et les messages divulgués par des mouvements comme Health ou Every Size qui « aident les femmes à s’aimer« . On a aussi aimé le fait qu’elle sache pertinemment que maigrir n’allait pas la rendre plus heureuse. Et vous, avez-vous lu Hunger : Une histoire de mon corps ? Raine NEWSLETTER Facebook Twitter Instagram Pinterest Linkedin