The Inspector Cluzo : un groupe touchant et profondément humain

Le groupe de rock farmers, The Inspector Cluzo, a répondu à nos questions lors du Brussels Summer Festival. Tantôt en tournée à travers le monde, tantôt fermiers, The Inspector Cluzo nous ont intrigué. Nous avons profité de leur passage au Brussels Summer Festival le 15 août dernier pour aller à la rencontre du chanteur et guitariste, Laurent Lacrouts. Pour commencer, pouvez-vous vous présenter ? Laurent : On est Inspector Cluzo, un duo de blues rock, pour faire dans les grandes lignes, originaires de Mont de Marsan. Cela fait 24 ans qu’on joue ensemble et 10 ans qu’on existe. On a une structuration particulière car on est autonome. On est nos propres producteurs et on possède une ferme bio. On se projette au niveau international aussi avec nos fonds propres. Vous avez enregistré un nouvel album. À quoi peut-on s’attendre ? On va en jouer pas mal ce soir. C’est un album qui est un reflet de la vie qu’on mène, comme tous nos albums d’ailleurs. Depuis 2 ans on bosse énormément à la ferme, et il n’y a rien d’autre que le silence à part le bruit des animaux et les tracteurs. C’est donc un album très connecté à la terre. L’air s’entend dans notre album, on n’a pas peur du blanc ni du silence. C’est la particularité de la musique rurale. Évidemment, l’album reste électrique car on fait quand même du rock. « Il y a un océan entre Paris et nous, en termes de musiques, de comportements. Là où on vit c’est un autre pays. » C’est très différent de ce qu’on entend en France actuellement. No comment ! (sourire) Il y a un océan entre Paris et nous, en termes de musiques, de comportements. En terme de tout. Là où on vit c’est un autre pays. C’est un endroit très accueillant avec une mentalité anglaise et un humour pourri – que vous comprenez très bien d’ailleurs. Les vieux sont énormes chez nous. Avec l’accent qui va avec, la phrase qui reste en suspend : « tu voulais dire quoi ? ben je sais pas ». Pour enregistrez, vous êtes allés jusqu’aux États-Unis afin de travailler avec Vance Powell. Que vous a apporté cette collaboration ? Est-ce que cela a changé quelque chose par rapport à ce que vous vouliez faire ? Non, les maquettes étaient déjà faites. Mais c’est la première fois qu’on a un regard extérieur. On a toujours tout fait tout seuls. Vance est fan de notre musique et nous a dit qu’il était notre homme si on voulait, qu’il adorerait nous enregistrer. Alors, on s’est bien préparé car c’était à l’ancienne, sur bande. Et tout s’est bien passé. En 4 jours on avait fini. C’est un producteur pas trop intrusif. Sa devise est :  » I’m here to take the best version of yourself « . Donc c’est génial. Après il ne prend que des gens qui ont un univers qui sonnent et il en retient la meilleure facette. Il ne dit pas : là c’est ton défaut on va le travailler. Il se concentre sur le positif. J’ai noté tout de même que vous travaillez sans basse. Je ne comprends pas c’est vital pourtant ! Je dis ça parce que je suis bassiste évidemment. (rires) Ah d’accord ! Qu’avez-vous à dire pour votre défense ? Depuis le 1er album on a fait une chanson, Fuck the bass player, qui nous a permis de voyager dans le monde entier. En fait le bassiste ne s’est jamais pointé aux repets. Et on a vu qu’il n’y avait pas de place entre nous deux donc on a fait sans. Du coup, on a adopté un coté un peu jazz et le batteur a changé son jeu. Il est très percusif. Passons à l’agriculture. Vous avez une ferme bio. Comment gérez vous cela avec vos concerts et vos déplacements ? Hé ben c’est la merde ! Ça demande de l’organisation pour nous et beaucoup d’aide. On a ma femme qui bosse à la ferme, nos voisins qui sont là. Après on ne part jamais sur de grandes périodes ni sur des périodes clefs. On ne part pas sur la récolte du blé mi juillet ni en janvier pour le gavage. Pour le moment ça se goupille super bien. Nous avons également vu que vous avez joué dans des salons de l’agriculture mais en même temps vous vous retrouvez dans un grand festival comme celui-ci. Comment vous décidez du lieu de vos représentations ? C’est quand ça nous tient à cœur et quand c’est cohérent. On a des propos avec des convictions fortes dans nos chansons. Et il y a des endroits avec de vraies valeurs. C’est très consensuel. Au salon de l’agriculture il y avait une acoustique super intéressante et on joue devant des vaches. C’est original.  Par exemple quand c’est un festival avec Live Nation, on prend le cachet et on le reverse. Là on attend une réponse pour jouer en Argentine et au Brésil. Par contre il y a des endroits où on ne veut pas aller car il y a des conflits d’intérêts, où si la programmation ne nous correspond pas. On vient de jouer au festival Le bout du monde en Bretagne. C’est un festival magnifique et c’est cohérent. Type africain avec du bon son. On est du rock donc de la world music pour eux. On a emmené 20 000 personnes et c’était formidable. « C’est important de préserver les cultures locales dans un pur but écologique. » Et quand vous jouez à l’étranger, en profitez-vous pour échanger des savoirs agricoles avec les locaux ? Oui on le fait souvent, dès qu’on peut. On aime bien discuter avec les locaux. C’est important de préserver les cultures locales dans un pur but écologique. Eux savent exactement comment faire là où ils sont, et cela n’aura rien à voir avec le régime alimentaire. Ici on mange du poisson à telle période, puis un autre aliment à une autre période, et c’est logique, fluide. C’est des endroits où tu te sens Humain avec la preuve qu’on arrive à s’adapter, qu’on n’est pas que négatif. Je vais vous donner un exemple.

Rencontre avec Toybloïd !

« C’est quand même les héros du punk et les mecs ils te disent que ton concert c’était trop bien, que tel morceau c’est un tube, que tel morceau est cool. » Le 24 Mai 2016, nous avons profité de la venue de Toybloïd à l’Aéronef de Lille afin de leur poser quelques questions. Les Insouciantes : Le choix de Liam Watson a-t-il été instinctif pour l’enregistrement l’EP et de l’album ? Mado : Alors non parce qu’en fait nous on le connaissait pas. Ce sont nos managers qui nous ont intelligemment soufflé de bosser avec lui. On a tapé Liam Watson sur internet, on a vu qu’il avait bossé avec les Kills  et les White Stripes, c’était tout à fait ce qui nous convenait. En plus son studio analogique sans ordinateurs ni rien, tout sur bande c’était extrêmement attrayant. Du coup on a “testé” pour l’EP et comme ça c’est hyper bien passé c’est naturellement qu’on s’est tourné vers lui pour l’album. D’ailleurs, pourquoi avoir préféré un son analogique ? Lou : C’était un peu un challenge parce qu’en analogique t’as vraiment pas le droit à l’erreur. Nous on avait l’habitude et on aime enregistrer en studio en live, quand on joue tous les trois en même temps. Et le coté analogique capte vraiment le moment qui se passe. Mado : Et comme y a pas d’ordinateurs, pas de pistes séparées, tu ne peux pas te dire “ah bah tient finalement le refrain on va le mettre là, on va enlever ce riff, on va rajouter ça…” c’est impossible quoi. Lou : C’était un challenge que nous trois on soit bien coordonnés, puis ça apporte un grain, ça apporte un son, un style… Pierre : Ça nous permet aussi de recréer l’énergie du live. On est plutôt un groupe de scène et c’est très cohérent d’avoir un enregistrement comme ça. Mado : Il faut être cohérent et sûr de soi. Après avoir rodé les morceaux sur de nombreuses scènes, vous n’avez pas peur de décevoir les fans en ne proposant aucun “inédit” ? Pierre : Euh pas tous hein ! Y a deux morceaux qui étaient vraiment nouveaux, Hooked et Off the Post. On les a pourtant entendu en live sur votre dernière tournée ! Lou : Alors Hooked a subi un gros changement en studio. On l’a joué plusieurs fois et Liam était là genre “mmm il manque un truc ou y a un truc en trop” et en fait il nous l’a refait bosser. C’était super mignon parce que pour lui c’était vraiment ce que je chantais sur le couplet qui allait pas. Du coup il s’est mis dans un coin avec son papier, son stylo et il a commencé à écrire les paroles en imitant ma voix à rechercher la mélo, rechercher un nouveau truc et du coup il nous a fait une proposition, on l’a faite et c’était évident que c’était beaucoup mieux ! Donc peut-être qu’il n’y a pas eu d’inédit, que vous les avez déjà entendu en live mais nous vu qu’on les connaît et qu’on les a créé, on voit qu’il y a vraiment eu un gros travail dessus. Pierre : Y a même des structures entières qui ont été changées comme pour If You Dare. Lou : Hell Yeah, la chanson un peu country avec les guitares, il était là “hum c’est pas assez fluide”, y a trop de couplets, un autre demi-couplet, un autre refrain et tout. Du coup il nous a aidé à faire un truc droit, simple. Mado : Après on est arrivé en studio avec des morceaux tout nouveau mais ça ne marchait pas. Je crois que c’est normal d’avoir besoin de les roder en live avant. Pierre : Et on est aussi venu avec des très vieux morceaux mais ils sont pas restés non plus. D’ailleurs en parlant de morceaux rodés, on avait eu l’occasion d’entendre The Riot qui ne figure pas sur l’album. Pourquoi avoir écarté ce titre plutôt qu’un autre ? Lou : The Riot  n’est pas resté, c’était sympa Pierre chantait. Il y avait aussi Puppy with the cats  qui était censé être la balade du truc mais au final quand on réécoutait les prises et tout à la fin on était pas satisfaits, on ne préférait pas la mettre. Avec Hooked on a pu entendre un aspect plus pop que sur le reste de l’album. Y a-t-il une envie de composer d’autres morceaux dans cette veine pour la suite ? Lou : C’est marrant parce que t’es pas la seule à le dire. Les gens sont venus nous parler en disant “c’est un peu le nouveau Toybloïd et tout”. Moi j’ai pas la sensation que ça change de ce qu’on fait d’habitude. Après, oui je pense qu’on va continuer à composer dans cette direction c’est clair. Pierre : Le morceau est quand même à part dans l’album. Après oui on a peut-être envie de faire plus de morceaux comme ça mais je suis pas sûr que ce soit complètement cohérent vis à vis de nous même de faire un album entier de chansons comme ça. Lou : L’histoire de Hooked aussi c’est que moi j’ai l’habitude de chanter dans Toybloïd en mode (cri)“ROCK’N’ROLL EVERYBODY 1.2.3.4” bien bien aigüe bien envoyer du boulet et là Liam m’a dit “please shut up now” et c’est vraiment un changement pour moi car sur ce morceau je chante calmement en mode tout doux. Ouvrir pour des artistes internationaux vous-a-t-il apporté une expérience différente ? Mado: Déjà on est hyper contents car généralement on est hyper fan de ces groupes là. C’est hyper touchant parce qu’en générale ça se passe bien et en plus ils nous disent que c’était mortel ! (rires) Lou : Sans mentir ! Mado : Je pense notamment aux Understones (connus notamment pour leur titre Teenage Kicks). C’est quand même les héros du punk et les mecs ils te disent que ton concert c’était trop bien, que tel morceau c’est un tube, que tel morceau

[Interview] Conversation avec Manu

« Ce n’est pas parce que les tempos ne sont pas speed et les guitares ne sont pas à onze que c’est pas rock ! » A l’occasion de la sortie de son nouvel album, La Vérité le 4 décembre dernier, Manu nous a gentiment accordés un peu de son temps pour répondre à nos questions ce même jour, tandis que la salle du Gibus se préparait à recevoir la chanteuse pour sa Release Party. Tenki Ame était un album un peu spécial, de type ovni, dans ce que tu as pu faire jusqu’à maintenant. Il y a une collaboration avec le dessinateur Niko Hitori qui se poursuit depuis cet EP (visuel de l’album La Vérité), y en aura-t-il d’autres ? Manu : J’espère bien, parce que je suis assez fidèle avec les gens avec qui je travaille. Mais des fois, ils ne sont pas toujours disponibles pour travailler avec moi ou alors nos chemins, et nos projets diffèrent. Niko Hitori, ça fait un moment que je suis ce qu’il fait, je suis très fan, donc, quand il y a eu la parenthèse enchantée de l’EP Japonais, on a tout de suite pensé à lui. Par contre, je ne savais pas s’il serait ouvert à changer un peu de genre parce que je lui ai demandé quelque chose de très précis pour La Vérité. Ça devait être un noir et blanc, correspondre à la musique, avec du mouvement. Je voulais un trait beaucoup moins doux que pour l’EP. Ça l’a beaucoup excité. Il a écouté les démos à l’époque, il a été inspiré et il a fait ça très vite. L’idée, c’est que, de toute façon, ma tête, je ne l’ai jamais mise du temps de Dolly, donc je ne vais pas commencer maintenant. On s’en fout un peu, et ça ne va pas aller en s’améliorant en plus (rires), donc le fait que ce soit un dessin je suis vraiment fan ! Peu de temps s’est écoulé entre Mon étoile, L’EP Tenki Ame et La Vérité. Comment se déroule l’écriture de l’album, et les tournées aident-elles dans le processus ? Non pas trop parce qu’avec l’EP Japonais, on n’a pas vraiment tourné. En plus, on était plutôt en formation électro-acoustique. On avait incorporé de la harpe, du violoncelle et on a fait quelques concerts comme ça. On s’est fait plaisir avec une formation complètement différente, ce qui a du m’aider à avoir envie d’entendre des grosses guitares je pense. C’était très bien et je pense que j’aimerais bien mener de front les deux formations, parce que la version acoustique avec la harpe et le violoncelle ça permettait d’aller à l’essentiel, c’était très dépouillé, alors que la version électrique ça envoie…. il me faut les deux ! Ce serait l’idéal ! Comment s’est passée la composition après ? Je me suis enfermée toute seule chez moi et j’ai branché la guitare. Je l’ai mise à fond (rires). J’avais enregistré mon batteur, Nirox (Thierry Ndlr), avec deux micros et je l’avais fait jouer pendant une demi-heure. Ensuite, j’ai découpé toutes ses parties pour m’en servir de base pour chaque chanson en fait. Son jeu m’inspire beaucoup. J’ai trituré ses parties dans tous les sens à ma petite sauce et puis j’ai composé comme ça. Pourquoi être revenue aux sources après avoir créer un univers bien à soi en solo ? La dernière étoile, pour moi, c’était pas un album calme. J’ai jamais compris pourquoi on me disait « oui, elle s’éloigne du rock  ! » Il est résolument rock cet album ! Ce n’est pas parce que les tempos ne sont pas speed et les guitares ne sont pas à onze que c’est pas rock quoi ! Mais il est vrai qu’on me le dit souvent. Je ne devais sans doute pas être prête. J’avais besoin d’aller ailleurs. Avec Dolly, j’avais fait ça pendant quatre albums, donc j’avais envie d’aller explorer ailleurs. Puis là, l’envie est devenue d’autant plus forte, puisque, justement, pendant un an je n’ai fait que des concerts acoustiques. Donc c’est vrai que, quand je me suis retrouvée toute seule, ça a été le défouloir ! Mais il y a quand même une chanson qui comporte harpe et violoncelle (ndrl Je pense à toi) pour faire une petite pause dans l’album. Et c’est le moment magique, un petit bijou. « C’est la violence des mots, la violence physique et qu’on pense qu’avec un petit bisou, ou un petit cadeau, on rattrape tout, mais non. » Sur le titre Un baiser dans le cou, nous avons eu l’impression d’écouter un texte très fort sur la violence conjugale, quel était ton ressenti en l’écrivant, que voulais-tu raconter ? C’est ça, violence conjugale, ou pas d’ailleurs. La violence des mots… Comme je suis une femme, on va souvent parler de ça, mais c’est la violence des mots, la violence physique et qu’on pense qu’avec un petit bisou, ou un petit cadeau, on rattrape tout mais non. C’était pour jouer avec le mot (cou/coup ndlr), mais ce n’est effectivement pas qu’un jeu de mots. C’est ce que tu as dit, si on veut l’entendre bien sûr, parce qu’un texte a souvent plusieurs lectures. Mais là, je pense que c’est assez direct quand même comme propos. Pourquoi ton choix s’est-il porté sur une reprise de Teenage Kicks de The Understones plutôt qu’un autre groupe/une autre chanson ? Je fais très rarement des reprises. Je crois que c’est la première fois que j’en fais d’ailleurs. Même avec Dolly, je ne suis pas certaine qu’on en ait fait ou pas beaucoup… Pas en album en tous cas. C’est une chanson que Patrick (Giordano ndlr) écoute et m’a fait découvrir. Je connaissais inconsciemment en fait mais je ne pouvais pas citer The Understones… Mais j’étais fan de cette chanson. Pour cet album, je me suis replongée dans pleins de trucs que j’écoutais avant, les Ramones, Understones, même les Rubettes, les Pixies, Sonic Youth… J’ai fait une chanson qui s’appelle Bollywood et je me suis rendue compte que les accords étaient les mêmes que ceux de Teenage Kicks, donc pour être en accord avec moi-même, je me

Un moment de partage avec Supervision 3.

«  La musique pour moi ça veut dire échanger » En prévision de leur concert au Gibus le 4 Décembre 2015 en première partie de Manu, Les Insouciantes sont allés à la rencontre de Stephen Fozard alias Steve et Boris Jardel du groupe Supervision 3., que nous vous faisions découvrir l’an passé à l’occasion des Rockeurs Ont du Coeur de Nantes. Boris, tu as ce projet en tête depuis un certain nombre d’années maintenant, et initialement James Eller et Maxime Garoute en faisaient parti. Le changement “d’équipe” a-t-il eu lieu en fonction des projets de chacun ? Boris Jardel : Par rapport à ce que tu viens de dire, James et Maxime c’était plus dans ma tête que pour de vrai. Le fait est qu’ils tournent énormément, et même si on a réussi à faire des trucs, faire revenir James pour répéter et Max qui était tout le temps parti, c’était trop compliqué. Ça c’est plutôt passé côté création, studio, on s’envoyait des trucs. Ce qui se passe aujourd’hui, le vrai line-up, c’est le moment où Steve arrive j’ai envie de dire. Le changement de line-up ne t’as donc pas donné envie de changer le nom du projet ? Boris : Disons que je me suis laissé porter. Dès le moment où je savais que James et Max ça pourrait pas le faire, j’ai dû rester un petit moment tout seul puis y a eu Van, grâce à qui j’ai connu Steve. Mais il n’y a pas de volonté de ma part de dire tiens toi tu dégages, toi tu restes. C’est juste que ça se passe comme ça se passe, et il est devenu assez évident que c’était de Steve dont j’avais besoin. Comment s’est produit la rencontre avec Cathy Gerber et Simon Gardaix ? Boris : Ma fiancée m’a fait rencontrer Cathy, et ça a été entre guillemets le coup de foudre. Et Simon, bah voilà, c’est le hasard mais qui fait bien les choses. À partir de là, je pense que la base est là et on risque pas de changer avant un petit moment ! (rires) Suite à votre premier live aux Rockeurs Ont Du Coeur à Nantes (Décembre 2014), nous avons été surprises de découvrir des morceaux qui n’avaient plus rien à voir avec les démos de 2007. Comment expliquez-vous ce tournant ? Boris : (pointe du doigt Steve en riant ) C’est de sa faute ! Tout est de sa faute ! Steve : C’est le fameux « Hold Up ! » Boris : Il est arrivé un jour et m’a dit c’est bien Boris, mais quand même ce serait mieux si…. Vas-y explique ! Steve : C’est à dire que, quand un mec fait une maquette chez lui, ça ressemble à la chose que vous avez entendu apparemment, et c’est d’ailleurs ce que j’ai entendu aussi ! Quand on s’est rencontré plus ou moins, la première fois qu’on s’est vu en live, on buvait des bières, et puis là, il m’a fait écouter à peu près tout son disque dur, ça a duré jusqu’à sept heure du matin je crois… Boris : Sept heure et demi ! (rires) Steve : Là, j’ai découvert parce que j’en avais juste entendu une par Van, une qui s’appelait Air France à l’époque (ndlr : devenue Innocence). J’avais été assez impressionné par ça et je trouvais que la chanson était vachement bien, donc j’ai commencé à faire une mélodie dessus, parce qu’il n’y en avait pas, et voilà ce qui m’a permis de rencontrer Boris qui a adoré. Suite à cette fameuse soirée j’ai découvert qu’il y en avait plus qu’une. Y en avait plutôt une dizaine voir une quinzaine qui étaient vraiment excellentes. Après effectivement, quand un groupe joue les maquettes qui ont été créées par une personne, plus une autre personne, chacun chez lui, il y a la sauce qui se fait à trois, quatre, assez naturellement. Donc, ouais, les chansons sont les mêmes à peu de chose près, mais forcément, quatre nouvelles personnes qui les jouent ça changeait l’ambiance et la manière de les jouer je pense. Et de surcroît, quand y a une nouvelle voix dessus. Boris : Non, puis les morceaux, enfin moi qui voit ça de l’intérieur, j’ai toujours su que ce que je faisais tout seul c’était arrivé à un stade où ça stagnait. Mais voilà, quand tu commences à être bien entouré avec des gens qui ont des idées, fatalement tes petites maquettes qui ont trois ans, elles grandissent, mûrissent, sont là. Donc voilà, merci pour ça en tous cas. Ma philosophie de la musique, c’est que même si je suis un grand fan des Who et de Pete Townsend, moi je serais plutôt de l’école de Lennon/ McCartney.  Nous avons remarqué que vos textes étaient poignants. Comment se déroule le processus d’écriture ? Steve : Vas-y bébé ! Boris : C’est à dire que pour le moment, on a pas non plus un répertoire de folie, mais il y a des choses que moi j’avais faites tout seul, comme un grand, parce que je pense que je me débrouille pas trop mal en anglais. Moins bien que Steve, mais bon quand-même. En fait si on doit compter ce qu’on a là niveau texte, il y en a trois de Steve et moi j’en ai deux. Mais c’est vrai qu’on écrit pas des textes ensemble pour le moment, ce n’est pas encore arrivé. On compose ensemble, mais pour les textes il est plutôt autonome et moi aussi de mon côté. Après je sais pas comment dire ça, je lui fais confiance, je parle bien anglais donc je comprends à peu près tout ce qu’il raconte et si je n’aimais pas je lui dirais. En l’occurrence ça me plaît ce qu’il raconte. Steve : Et puis c’est toujours assez vague pour que tu comprennes pas exactement de quoi je parle. (rires) Boris : Voilà ! Pour aborder le sujet des premières démos, Boris, tu t’essayais au chant, mais à Nantes on a pu voir que tu te cantonnais aux chœurs. Un retour au lead est-il envisageable sur quelques morceaux ? Boris : Oui mais

[INTERVIEW] Rencontre à Londres avec Mademoiselle K

Image à la une en noir et blanc représentant la chanteuse française Mademoiselle K

« Ma référence c’est vraiment ces mecs qui sont un peu dans la merde, dans la banlieue grise et noire, qui ont un truc super dark et glauque et qui arrivent à faire un truc magnifique et un peu fragile. » Dans le cadre de la 50e édition du Paris Is Burning c’est Mademoiselle K qui est venue jouer le 12 juillet 2014 au Lexington. Au coeur de la nuit londonienne, nous avons profité de cette venue pour la rencontrer et discuter de son quatrième album à venir.  Les Insouciants : Pour ton quatrième album studio, tu as fais le choix de t’exprimer en anglais. Cependant, ce n’est pas la première fois que tu écris dans cette langue puisque l’on pouvait trouver In English dans les bonus de Ça Me Vexe. Si ce texte se moquait à l’époque des français qui écrivaient des morceaux sur « rien », aujourd’hui, tu es tout de même la preuve qu’il est encore possible de véhiculer des messages par le biais de l’anglais. Mademoiselle K : Ouais, c’était une blague In English ! En fait, j’ai fais ce choix parce que j’avais rien à dire ! (rires) Non, si j’ai fais ce choix, c’est parce que j’avais vraiment une « ENVIE DE CHANGEMENT ». C’est con, mais c’est la meilleure explication que je puisse donner parce que ça fait vraiment un changement dans la manière de faire. Une autre langue ça chamboule beaucoup de choses et ça fait appel à la création d’un nouveau monde. C’est à dire que ta pensée passe non plus par ta langue maternelle – sachant que j’en avais deux, le français et le polonais -, ce qui est déjà pas mal, mais par une autre langue qui n’est pas la tienne avec toujours pour but de faire passer tes émotions les plus primitives comme en français. C’est vraiment un changement. Un vrai kiffe de se mettre en danger en sortant de la zone de confort qui est le français. Pourquoi ne pas avoir fait le choix d’écrire en polonais alors par exemple ? C’est sympa le polonais mais j’aime mieux l’anglais. (rires) Je voulais vraiment ce que je connaissais pas. J’aime beaucoup l’espagnol effectivement aussi, mais je le maîtrise moins que l’anglais. Le fait de passer à l’indépendance t’as permis non seulement d’avoir la main sur ton album, mais également sur l’esthétique puisque tu as pu réaliser ton premier clip avec Glory. Le visuel je l’ai toujours géré moi-même. Même en maison de disques. Et globalement, c’est quand même à toi de le gérer en major pour savoir où tu vas. Puisque si la major t’aide et te donne les moyens pour ça, c’est quand même bien de savoir ce dont tu as envie et où tu vas. Le fait de le faire en indé, c’est aussi lié au fait que je passe à l’anglais. La maison de disque m’a dit « si tu fais pas au moins la moitié de ton album ou les 3/4 en français, nous ça nous intéresse pas. On pense à ton public« , etc. Donc concrètement, j’ai monté ma boite. Je le fais effectivement en indé et j’ai signé une distribution avec Believe. Ils font pas mal de groupes. C’est la grosse tendance actuelle, donc je suis une artiste tendance ! En parlant de maisons de disques, tu abordais déjà la difficulté à entrer dans l’une d’entre elle avec Ça Me Vexe. Et aujourd’hui, Glory s’impose en disant que tu t’en fous qu’ils te rient au nez, non ? C’est pas faux ! Il y a des cycles comme ça qui reviennent. C’est vrai qu’il y a un truc. Glory, c’est un peu plus global. C’est sur la gloire, tout ça. Mais c’est vrai qu’il y a un truc un peu comme ça, ouais ! Quant à ton public, on a pu voir sur la pré-tournée et encore ce soir que malgré tout, tes fans continuent à te suivre. Comment vis-tu cela ? Est-ce une motivation pour continuer à te battre contre ceux qui ont voulu te mettre des bâtons dans les roues ? En fait, ce qui est marrant, c’est que je pense qu’il y a d’abord eu un premier discours de quelques personnes qui ont dit : « Alors ça y est, tu veux t’exporter dans le monde entier ? Tu veux faire du business. » Et quand ils ont entendu que je m’étais faite virée de ma maison de disques parce que je chantais en anglais, il se sont dit : « Ah ouais, la meuf elle a persisté. Elle s’est fait virée, et maintenant, elle est à la rue parce qu’elle a voulu faire son truc en anglais. » Quelque part, il y a une espèce de double mouvement. D’abord, c’était « ah ouais, d’accord, tu nous lâche… Putain c’est notre langue…« . Et ça continue encore. Je comprends tout à fait, parce qu’ils y en a qui me disent aussi qu’ils comprennent plus ce que je dis et qui doivent faire un effort. Mais tout le monde doit faire des efforts dans la vie ! (rires) Mais je comprends qu’on ait pas envie de faire des efforts quand on écoute de la musique. Je pense aussi que j’ai tout à fait conscience de ce qu’est l’habitude par rapport à quelqu’un. Par exemple, c’est vraiment avec quelqu’un que t’aimes hein ! T’es avec quelqu’un, t’as l’habitude de cette personne, et finalement, tu la regardes plus. T’as l’habitude de la voir, tu vois une représentation de cette personne, mais c’est pas sûr que tu regardes. Est-ce que t’aimes cette personne là ? Est-ce qu’elle est toujours ce que j’ai aimé quand je l’ai rencontré à un moment ? Ou est-ce que cette personne là est toujours l’image de celle que j’ai aimé il y a 5 ans mais l’image est restée… Bon, elle sort des albums, c’est cool. J’aime ce qu’elle fait, mais est-ce que ça me secoue ? Je prends pas les gens pour des cons, mais j’ai conscience aussi de la puissance de ce qu’est l’habitude pour eux : une meuf

Rencontre avec Mustang avant la sortie de leur troisième album

« Lorsqu’on s’adresse à des français et que l’on fait quelque chose, une musique spontanée, simple comme du rock ou de la pop, il ne faut pas qu’il y ait un filtre qui sépare le chanteur de l’auditeur » Suite à la sortie de leur EP deux titres intitulé Le Sens des Affaires le 24 Février Les Insouciantes sont allées à la rencontre des membres de Mustang qui ont gentiment accepté de répondre à quelques questions un peu plus d’un mois avant la sortie de leur troisième album Ecran Total. Les insouciants : D’où vous est venu votre nom de scène ? Jean Felzine : On l’a trouvé il y a longtemps (8 ans). Au tout début du groupe on commençait à découvrir la musique américaine. Les sons de la fin des années 50, du début des années 60, et c’est à ce moment-là qu’on a commencé à donner ce nom à des guitares, même à plein d’autres trucs. Donc c’est ce mot qui évoquait la vitesse, une certaine sauvagerie qui nous faisait rêver. Quels ont été vos différents parcours musicaux avant de créer Mustang ? Johan Gentile : On a commencé la musique ensemble, toujours joué ensemble, et on a appris la musique ensemble. Donc on a pas de formation différente, ce qui veut dire qu’on est un groupe qui a appris à faire de la musique ensemble et qui a écouté des disques ensemble. C’est votre premier groupe en quelque sorte ? Johan : Plus ou moins. J’ai joué de la batterie avec un groupe mais c’est avec Mustang qu’on a sérieusement commencé la musique ensemble. Vous avez sorti un EP de reprises (Mustang reprend) en 2012, comment vous êtes-vous arrêtés sur vos choix? Johan : C’étaient des morceaux que l’on faisait sur scène car on s’était astreint à faire des chansons en français. On aimait faire des reprises de temps en temps donc on a décidé de reprendre des titres américains ou anglais. Et à un moment donné on s’est dit que ce serait mieux d’inclure des reprises en français étant donné qu’on chante dans cette langue. On s’est donc mis à en travailler plusieurs qu’on a joué sur scène et petit à petit on les a enregistré et on les a mis ensemble, c’est pas allé plus loin que ça. C’était histoire de graver des choses qu’on maîtrisait. Vous avez eu la chance d’avoir pu tourner à l’étranger avec des titres en français alors même que la majorité des groupes français comme Skip The Use par exemple préfèrent écrire en anglais dans le but d’atteindre un plus large public. Pourquoi avoir fait le choix d’écrire en français? Johan : C’est un choix par rapport à la musique qu’on aime : le rock’n roll, la country,… Les musiques américaines sont chantées en anglais pour des anglo-saxons, des gens qui comprennent les paroles. Je sais qu’il y a beaucoup de français qui chantent en anglais, je ne leur jette pas la pierre. Mais je trouve que lorsqu’on s’adresse à des français et que l’on fait quelque chose, une musique spontanée, simple comme du rock ou de la pop, il ne faut pas qu’il y ait un filtre comme ça qui sépare le chanteur de l’auditeur. Il faut qu’on comprenne ce qu’il raconte. On s’est jamais posé la question, pour nous on chantait des chansons en français pour que les gens les comprennent. Je trouve qu’il doit y avoir une espèce de trinité dans les bons albums. Il faut qu’il y ait de l’humour, de la sensualité et un peu de tristesse. Comment expliquez-vous votre succès à l’international comme au Japon ou dans des pays d’Amérique latine ? Johan : Au Japon on a eu de bonnes expériences. Avec le public ça s’est bien passé, je pense que les gens étaient là pour s’amuser. On a joué dans le cadre d’un festival qui s’appelle le Fuji rock festival et les gens étaient là pour s’amuser donc peu importe la langue, il fallait vraiment qu’on se défende sur scène. Notre musique ne repose pas uniquement sur le texte et la voix car on est devenu des musiciens et on a donc du rythme à proposer. Il y a des gens qui peuvent se contenter tout simplement d’écouter la musique. Vos texte sont assez humoristiques, ils tournent aussi bien autour de thèmes plus traditionnels comme l’amour mais également autour de sujets plus insolites comme la cuisine – Mes oignons (qui ne font pleurer que moi) – ou les jeux vidéo –Je vis des hauts -, d’où vous viennent ces idées ? Johan : C’est fondamental, ça fait partie du rock’n roll depuis le début, quand Elvis (Presley ndlr) joue That’s All Right (Mama) ça part d’une espèce de blague. Les musiciens sont fatigués et ils se disent : « ah mais si on jouait super vite ce morceau qu’on connait? » ou quand Little Richard fait ses textes absurdes il y a une part d’humour. Je trouve qu’il doit y avoir une espèce de trinité dans les bons albums. Il faut qu’il y ait de l’humour, de la sensualité et un peu de tristesse. C’est ce qu’on retrouve dans la plupart des disques qu’on aime. Et il faut qu’il y ait de l’énergie aussi. On essaie pas de faire de l’humour à tout prix, il y a aussi des chansons qui sont très premiers degrés mais on essaie de rigoler, c’est important. Vous essayez de ne pas vous prendre au sérieux ? Johan : Sur un album en entier je trouve ça dommage d’utiliser un seul sentiment ou une unité de sentiments. Que ce soit la tristesse ou la joie, c’est bien de passer par différentes sensations donc l’humour en fait partie. Le titre Ecran Total est beaucoup plus rock que le reste de l’album, est ce que ça provenait d’une volonté de partir dans différentes voies ? Jean : Je pense qu’au contraire Je Vis des Hauts est une chanson beaucoup plus rock. Ce morceau était à la base juste un instrumental. J’avais

Pendentif se prête au jeu des questions-réponses

« La pop en français est un langage universel » Les bordelais de Pendentif s’exporte à l’international. Une tournée en cours, un second album qui pointe le bout de son nez, un nouveau clip réalisé par Steven -l-l-l- Monteau, La Nuit Dernière, qui se prépare… et pourtant Pendentif prend tout de même le temps de répondre aux questions que nous leur avons envoyé! Les Insouciantes : Presque un an s’est écoulé depuis le Kursaal à Dunkerque alors que vous veniez de faire la première partie d’Indochine. Depuis la critique n’a fait que vous encenser, le public est au rendez-vous, votre premier album Mafia Douce connaît le succès. Quel est votre état d’esprit par rapport à tout cela? Garde t-on la tête sur les épaules, ou vous sentez-vous changer ?  Pendentif : On est super content des retours sur notre album, cela nous permet surtout d’être sollicité par les salles de concerts et donc de tourner plus. Les gens qui viennent nous voir connaissent les chansons et cela donne des concerts où il y a plus de partage et de connivence avec le public et c’est ce qui nous fait le plus plaisir. On change pas, on s’éclate et on profite du moment. A cette même période vous aviez décrit votre musique comme lumineuse, mais il se murmure qu’un second album se prépare et que celui-ci pourrait être un peu plus noir, pouvez-vous nous en dire plus ? C’est vrai que les derniers titres que l’on a composé pour Mafia douce étaient plus dans des tonalités froides et électro, on va dire « bleu nuit ». On va sans doute creuser un peu cette veine pour le second album. Mais on cherche également en ce moment à créer des titres dansant, groovy avec des influences disco et house, notamment ce son « baggy » qu’on trouvait en Angleterre début des années 90, avec un mélange de guitares éthérées, psyché et des beats empruntés à l’acide house des boites de nuit. Pour les concerts on essaie de transcender l’album. C’est plus électrique et plus dansant. Les émotions sont plus fortes et surtout le public est là pour galvaniser tout ça ! En attendant, pour l’instant vous êtes sur les routes, quelle partie de votre travail préférez vous : la réflexion, la conception, la performance scénique ? Pas trop de réflexion chez nous, on fait les choses de manière empirique, à l’instinct. On adore tout le travail de réalisation de démo que l’on fait dans dans nos home studios. On s’échange les projets, on passe chez les uns et les autres pour enregistrer des voix, des arrangements. C’est très libre. On danse, on s’enflamme sur une instru’ qui ne nous plaira peut être plus le lendemain, mais c’est pas grave. On expérimente, on fantasme, on imagine les images qui iront avec, on réfléchi à ce que cela pourrait donner sur scène. C’est assez jouissif et intense. Pour les concerts on essaie de transcender l’album. C’est plus électrique et plus dansant. Les émotions sont plus fortes et surtout le public est là pour galvaniser tout ça ! Pendentif est maintenant un groupe qui s’exporte à l’international : vous allez notamment donner deux concerts au Royaume-Uni, votre album y est d’ailleurs sorti début février, il est également sorti au Japon, votre titre « Ondine » a été remixé par Amateur Best… Comment tout cela s’est concrétisé ?  C’est l’équipe de notre label Discograph qui s’occupe de ça. On a vendu quelques albums au Japon sans promo, donc ils ont envoyé un attaché de presse pour sortir le disque officiellement. Ça reste underground, mais ça fait plaisir de s’exporter, de montrer que même la pop en français est un langage universel. On a récemment eu un article sur le site de MTV au USA, on faisait parti avec 6 autres groupes de nationalités différentes « des groupes dont on a pas besoin de connaitre la langue pour ressentir l’émotion qu’ils véhiculent ». C’est cool de renverser la vapeur, nous qui avons écouté de la musique anglo-saxonne toute notre vie sans forcément comprendre les paroles, mais en ressentant le message quand même. On est en train de finir de tourner un clip en extérieur, la nuit, sur le titre La Nuit Dernière (…). On avait invité 50 personnes avec un événement facebook, et on a dû négocier avec la police qui est arrivé en cours de soirée ! En avril 2013, par rapport au choix du français vous disiez: « c’est la langue qui pour nous permet de faire passer nos textes, nos émotions de manière directe, sans la barrière de la langue ». Comptez vous garder cette identité française tout en inscrivant toujours votre musique dans une pop anglo-saxonne, ou continuer à vous exporter, mais cette fois-ci dans vos textes mêmes ?  On va continuer d’écrire en français car le challenge créatif se trouve là, faire sonner notre langue dans des territoires qui n’ont pas été trop explorés, par exemple. Le groupe Third Mirror nous a fait un remix Shoegaze du titre Embrasse moi et c’est notre préféré car on avait pas entendu ça avant. On adore circuler dans les styles, on n’est pas un groupe qui creuse le même sillon musical. En ce moment Mathieu fait des titres qui sonnent Trip Hop, il veut transformer Cindy en Tricky, mais je crois pas qu’elle est la voix pour ! Le futur, c’est la préparation d’un second album, vos dates, vos concerts ? Qu’est-ce qui occupe vos esprits en ce moment ?  On est en train de finir de tourner un clip en extérieur, la nuit, sur le titre La Nuit Dernière [ndlr. Clip réalisé par Steven -l-l-l- Monteau]. On fait des actions sur des ronds points, on en a même transformé un en dancefloor avec sono et light. On avait invité 50 personnes avec un événement facebook, et on a dû négocier avec la police qui est arrivé en cours de soirée ! On a ensuite été convoqué au commissariat car ils ont reçu des plaintes ! On tourne en 16 mm, donc on retrouve les joies de l’argentique, la pellicule qui casse, les scènes qui faut refaire car on ne

Le Prince Miiaou se confie à nous

Image à la une pour l'interview de Le Prince Miiaou

« Soit je dis les choses en anglais pour que ça sorte, soit je ne dis rien et il n’y plus de raison de faire un disque. » Suite à la sortie de son quatrième album, Where Is The Queen ? le 27 janvier 2014, Les Insouciantes sont allées à la rencontre de Maud-Elisa Mandeau, alias Le Prince Miiaou. Les Insouciantes : Comme tu le revendiques, tu as choisi de te nommer Le Prince Miiaou dans le but de surprendre. Es-tu parvenue à l’effet escompté aujourd’hui ? Le Prince Miiaou : Ce n’était pas tant pour surprendre que pour brouiller les pistes. Le fait est que lorsque les gens découvrent ma musique, ils sont souvent surpris par le décalage entre le nom du projet et le style de ce que je fais. Comment t’es venue l’idée de ce projet musical ? Après 4 ans au sein d’un groupe post-rock, j’en ai eu assez des compromis que l’on doit faire en groupe. J’avais des idées qui ne collaient pas avec la musique que l’on faisait. Du coup, j’ai décidé d’arrêter le groupe et de me mettre à faire ma musique toute seule. Tu as été l’une des révélations du Chantier des Francos en 2011. Que t’as apporté cette expérience ? Ça m’a permis de me faire connaître auprès des professionnels. De faire des concerts un peu partout grâce aux scènes organisées par le Chantier et la SACEM. Ils m’ont toujours soutenu. Que ce soit en me donnant des conseils, en me permettant de me produire, ou en communiquant le nom du projet auprès de leur vaste réseau. Alors que le doute t’envahissait durant la période de ton précédent album (Fill The Blank With Your Own Emptiness), est-ce encore le cas aujourd’hui ? Des doutes j’en aurai tout le temps ! Rien n’est jamais acquis pour un projet comme Le Prince Miiaou. Et quand bien même ce serait le cas, j’aurai quand même des doutes. Je connais peu de gens qui abordent un disque en se disant « c’est génial ce que je fais, ça va plaire à la terre entière !« . Il y a des jours où j’ai quelques certitudes et le lendemain je doute de tout. C’est dans ma nature. Pour cet album, tu as décidé de partir seule à New-York. L’ambiance de la ville t’a-t-elle ouverte à de nouveaux horizons ? Oui ! Mais plus que l’ambiance, c’est vraiment le fait de me retrouver toute seule dans un environnement que je connaissais pas, loin de mes proches, qui m’a donné de quoi composer ce nouveau disque. Ça m’a permis de me retrouver dans des situations inédites. De casser mon quotidien. D’entendre de nouveaux discours sur le monde et la vie en générale. J’ai besoin de me nourrir de ce genre de choses pour avoir envie de faire de la musique. Tu as également investi le Château de Barbezieux. Pourquoi avoir fait ce choix ? Le théâtre du château avait une acoustique vraiment favorable à l’enregistrement d’un disque. C’est un lieu qui nous a été mis à disposition gratuitement et dans un projet auto-produit comme le mien, c’est une véritable aubaine. Les économies réalisées m’ont permis de rester en studio 3 semaines avec une équipe que je n’aurai pas pu m’offrir autrement. Tu as fait l’objet d’une film documentaire réalisé par Marc-Antoine Roudil atour de la composition de ton album. Etait-ce quelque chose que tu avais envie de montrer à ton public ? Oui. Bien souvent, les gens ne savent pas que je compose tout ce qui est donné à entendre sur mes disques toute seule. Parfois, on pense que je suis seulement la chanteuse du groupe, ce qui, je l’avoue, me met un peu hors de moi ! Du moins, c’était le cas à l’époque de ce disque. Mon besoin de reconnaissance s’est apaisé depuis. J’ai donc accepté d’être filmée afin de montrer au public ma manière de travailler aussi pour essayer moi-même de mieux comprendre le processus de création. Comment on créer un morceau ? De quoi ça part ? Quel choix à quel moment fait qu’on va plutôt partir dans telle direction plutôt que telle autre ? Ce sont des questions qui m’intéressaient beaucoup et Marc-Antoine, par sa démarche, me proposait de « capturer » ces moments. Finalement, je n’ai pas vraiment eu mes réponses car la plupart des décisions se font dans le cerveau très rapidement. Comme des « pop-up ». Du coup, je n’ai pas pu, en regardant les images, percevoir le mécanisme à l’oeuvre dans la composition. Comme tu expérimentes constamment avec du nouveau matériel, avide de résultats surprenants et même hasardeux, est-ce que le tâtonnement des sons est, pour toi, en quelque sorte une amorce essentielle à une musicalité délectable et sincère ? Et que recherches-tu dans la musique en particulier ? Effectivement, j’ai besoin de me faire surprendre par les sons. Au moment où je cherche des mélodies, des riffs, etc, c’est le son et non pas les notes qui va me faire valider une idée. Qui va m’inspirer pour le reste de la composition. Par exemple, je pourrais aimer une rythmique faite avec tel son. ou tel boite à rythme et ne pas aimer cette même rythmique jouée avec un son de batterie « standard ». Dans ce sens là, la production, c’est à dire les effets, la couleur, la nature des sons, font pour moi partie intégrante de la composition. Je ne saurais pas, pour le moment du moins, composer sans mon ordinateur et tous les plugins qui me permettent de triturer les sons. Pour ce qui est de ce que je recherche particulièrement en musique, je ne sais pas trop ! J’ai beaucoup de mal à analyser ce que je fais, pourquoi je le fais, ce que je recherche… Ta nature pudique entraîne une « barrière » de la langue dans tes textes puisque tu as fait le choix d’écrire cet album en anglais. Penses-tu revenir un jour à l’écriture en français ? Je pense que ça pourrait arriver oui ! J’aime le français. J’aime faire sonner les mots

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