SHARE ON

Face aux discriminations sexistes qu’imposent leurs uniformes, les lycéennes de Bizerte, en Tunisie, ont lancé leur mouvement. 

Au lycée de Bizerte, en Tunisie, les filles sont censées porter une blouse bleu marine pendant les cours. Ce type de tenue n’étant imposée qu’à leur sexe, ces dernières y voient une discrimination visant à cacher leurs corps. Depuis la rentrée dernière, elles se révoltent à travers le mouvement « Manich Lebsetha« .

Inès Bel Aiba / AFP
Inès Bel Aiba / AFP

Un habit rétrograde pour les adolescentes

Bien qu’inscrite dans la Constitution Tunisienne depuis 2014, l’égalité échappe encore à tout le pays. En atteste le lycée de Bizerte, qui, malgré l’enseignement de l’égalité hommes-femmes à ses étudiants, n’applique pas la loi. En effet, seules les adolescentes de cet établissement sont dans l’obligation de porter une blouse bleu marine. De ce fait, les lycéennes ont l’impression de devoir masquer leurs corps dans le but de ne pas « choquer » leurs homologues masculins.

Le port de ce tablier pose d’ailleurs de nombreux problèmes aux concernées. Farah Ben Jemaa, une élève du lycée de Bizerte, a notamment été réprimandée par une surveillante en raison du port d’un leggings sans sa blouse qui laissait transparaitre ses formes physiques. Une seconde adulte a ajouté que cela « gêne les profs hommes. »

Ceci est l’une des raisons qui a poussé les étudiants, et notamment Siwar Tebourbi, à exprimer leur mécontentent dès septembre dernier sur les réseaux sociaux. Après une concertation collective, le mouvement « Manich Lebsetha » (« Je ne la porterai pas » en arabe) est né. Cette dernière est inspirée de la campagne « Tabliers pour Tous ou Tous sans Tabilers » lancé en 2016. La première action a été organisée le 30 septembre 2017.

Du blanc et du noir pour souligner l’égalité

Soutenues par leurs camarades masculins, les élèves se sont présentés au lycée habillés de blanc ou de noir. Le but : obtenir l’abolition de cette mesure qui les distinguent des garçons. Malgré les persistances du corps éducatif, de nombreuses lycéennes continuent à aller en cours sans blouse.

La jeune Siwar Tebourbi explique que ce mouvement est important pour faire changer les moeurs conservatrices : « Nous refusons d’être condamnées pour le simple fait d’être nées filles. On nous inculque depuis toutes jeunes à l’école que nous sommes tous égaux, alors le tablier, soit tout le monde doit le porter, soit personne. Nous sommes venues en uniforme pour revendiquer une égalité avec les garçons. Il n’y a aucune raison d’opérer cette distinction entre eux et nous.”

Monia Ben Jemia, présidente de l’Association Tunisienne des Femmes Démocrates, souligne la détermination des « enfants de la révolution » à invoquer le changement pour les futures générations : « Ce sont des jeunes qui sont beaucoup plus conscients de leurs droits, qui ont grandi avec la liberté d’expression. »

Quand aux autorités tunisiennes, le sujet est qualifié de « sensible », voire d’embarrassant. Mais il en est tout autre pour Nabil Smadhi, commissaire régional à l’éducation à Bizente : « Il est temps d’aborder cette question dans le cadre d’un dialogue national. »

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Aller au contenu principal