Harcèlement scolaire : Rencontre avec Matthieu Meriot
Ancienne victime des violentes brimades de ses camarades et auteur de deux ouvrages sur son vécu, Matthieu Meriot nous parle de harcèlement scolaire. Lancée en 2015, la journée nationale contre le harcèlement scolaire vise à détecter ces agissements, libérer la parole et permettre aux victimes de trouve de l’aide. À cette occasion, nous avons rencontré l’auteur du livre « Un enfer scolaire » : Matthieu Meriot. À partir de quand vous êtes-vous fait harceler ? Matthieu Meriot : Cela a duré de la maternelle jusqu’en classe de quatrième. J’ai tout gardé en moi jusqu’à mes 14 ans pour ne pas inquiéter mes proches. Mon harcèlement était aussi bien physique que moral. Ma famille ne se rendait compte de rien car je gardais tout pour moi. Pour mettre fin à ce calvaire, je me suis mutilé à plusieurs reprises et fait trois tentatives de suicide. Aujourd’hui je relativise, mais je prends conscience que j’aurai dû en parler plus tôt. Dès que je me suis confié, on m’a soutenu et depuis lors, je suis toujours suivi psychologiquement. Vous dites que votre compte Twitter vous a apporté beaucoup de soutien. Plutôt étonnant de la part d’un réseau social souvent décrié pour sa violence ? Je veux justement montrer le côté positif de cette plateforme. Je trouve que Facebook est un peu mort. Les gens ne vont pas forcément partager les publications donc Twitter attirera plus de personnes. C’est surtout une question de visibilité. Bien sûr qu’il y a de la haine et de la violence sur Twitter mais j’ai les épaules pour ne pas me laisser abattre par les messages de certains haters, ce qui n’est bien sûr pas le cas de tout le monde. « Malgré les films, les interviews, la prévention dans les écoles, il faut se demander si tout cela fait réellement avancer les choses. » Vous avez 20 ans et déjà deux livres auto-publiés. De quoi parle le dernier en date, « Les Emotions d’une vie »? J’y aborde ma façon de voir les choses aujourd’hui. Pas uniquement sur le harcèlement mais sur plusieurs thèmes comme l’art par exemple. Je pense que l’art, c’est ce que l’on crée nous-mêmes. Que ce soit par l’écriture ou par la musique. Par ailleurs, je vais continuer à écrire mais plus sur le thème du harcèlement. Je pense que j’ai fait le tour me concernant (rires). Je voudrais me diversifier et publier un livre par an. Dans « un enfer scolaire », vous finissez souvent vos chapitres par : « c’est triste, mais c’est ainsi… ». Pensez-vous qu’il n’y a quasiment pas d’espoir d’amélioration pour que le harcèlement scolaire cesse ? Je pense que l’on n’aura jamais vraiment de solutions pour que ça s’arrête. La meilleure solution est d’en parler autour de soi mais beaucoup de jeunes n’osent pas encore. C’est comme un cercle vicieux. Malgré les films, les interviews, la prévention dans les écoles, il faut se demander si tout cela fait réellement avancer les choses. Quel message voulez-vous passez aujourd’hui ? Aux jeunes notamment. Je les encourage à parler. C’est la seule et meilleure solution car tout le monde peut se dire quelque chose, sur n’importe quel type de harcèlement et pas seulement le harcèlement scolaire. Si on garde tout pour soi, la souffrance continue. Le fait d’écrire sauve aussi. Les réseaux sociaux m’ont beaucoup aidé mais il faut néanmoins être fort psychologiquement, faire la différence entre le bien (rencontrer les bonnes personnes) et le mal (les haters). Où en êtes-vous aujourd’hui ? Cela fait maintenant deux ans que j’attends d’intégrer un ESAT (Établissement et service d’aide par le travail). C’est un lieu de formation destiné aux personnes en situation de handicap car j’ai le statut de travailleur handicapé (statut RQTH). A côté de cela, j’ai obtenu un CAP d’agent polyvalent de restauration et j’aimerai beaucoup travailler dans ce domaine. Mais l’administration n’est pas rapide, alors en attendant, je continue de témoigner sur Twitter et auprès des médias afin de sensibiliser les jeunes. Afin d’en savoir plus sur le harcèlement scolaire, n’hésitez pas à suivre Matthieu Meriot et son journal d’un harcelé sur Twitter. Vous pouvez également vous renseigner sur le site gouvernemental non au harcèlement.
Reconstruction(s) : une pièce politique
Guy Régis Junior nous entraîne dans l’univers politique avec Reconstruction(s), sa dernière pièce parue le 22 juin 2018. Publiée aux éditions Les Solitaires Intempestifs, Reconstruction(s) offre une pièce très actuelle autour de la politique. Sans plus tarder, découvrez notre avis ! Une pièce au coeur de la politique Dans Reconstruction(s), on voit une critique de la société et de la politique actuelle. Le président ne fait rien et délègue tout aux ministres, qui se révèlent tous plus au moins fous. Le seul sain d’esprit est le Premier Ministre, qu’on ne voit pas dans le livre, et qui finit par mourir d’avoir trop travaillé. Mais que fait le président nous direz-vous ? Hé bien, il lit. Pour se construire, pour se reconstruire. C’est d’ailleurs cette raison que plusieurs ministres invoqueront pour justifier leurs tares. Madame Santé entend des bruits. Elle est aussi anxieuse à cause de la pression subie. Quant à lui, Monsieur Travaux publics se vante ouvertement de voler les gens et de ne pouvoir rien y faire car il est fait pour cela. Autant de personnages dont on découvre la véritable personnalité. De plus, la société refusera au Président une vie personnelle et sexuelle. Cela ne doit pas être dit ni montré ni même suggéré. C’est un sujet très contemporain comme on a pu le constater sur de nombreux mandats. Ces vies sont d’ailleurs utilisées comme armes contre chaque président. L’importance de la Première Dame Reconstruction(s) critique également le rôle de la Première Dame. Un rôle à la fois défini par la société et de ce qu’elle même veut en voir. Corps et âme, la Première Dame défend le droit de son mari à lire pour se reconstuire. « On ne l’a pas élu pour qu’on fasse ce qu’on veut de lui » clame-t-elle. Elle semble même apparaître comme le pilier de son « présidentiel de mari ». Celle qui a tous pouvoirs sur lui. On s’en rend notamment compte lorsque le Ministre Plan va la supplier de parler au Président afin de solliciter une action de sa part. Cependant, cette femme pense davantage à une festivité pour calmer le peuple et sympathiser avec la Ministre Opposition. Un flirt s’installera alors mais la Ministre Opposition n’y répondra que par pur opportunisme. Elle rajoutera vers la fin de la pièce, qu’une fois le mandat terminé, elles ne seront plus amies mais collègues : « Nous n’avons jamais été amies. Nous ne le serons jamais, amies. Vu que nous ne l’aurons jamais été, amies.« Reconstruction(s) est une pièce drôle, grinçante, osée. Même si la façon d’écrire peut agacer à force de répétitions de mêmes phrases et de mêmes mots, elle se lit vite et bien. Par ailleurs, ces dernières permettent d’accentuer la névrose des personnages. Plus qu’à lire, Reconstruction(s) est une pièce à découvrir sur scène afin d’en apprécier pleinement le fond et la forme. Et vous, une pièce de théâtre vous a-t-elle séduite ce mois-ci ?
Mary Shelley : une complainte autour de l’autrice de Frankenstein
Elle Fanning campe les traits de Mary Shelley au cinéma. Le film dévoile les déboires de l’autrice de Frankenstein et la difficulté d’être une femme de lettre au XIXe siècle. Ce mois-ci les salles obscures mettent plusieurs femmes à l’honneur dont la romancière Mary Shelley. Pour sa première réalisation en langue anglaise, Haifaa Al Mansour dévoile les trépas de la vie de l’autrice de Frankenstein sur fond de féminisme. Mary Shelley : un film féministe Du patriarcat aux droits des femmes, Haifaa Al Mansour offre une véritable ode au féminisme. Par sa vision, la réalisatrice nous transporte dans une société régit par et pour les hommes. Mary Shelley (Elle Fanning) va pourtant parvenir à s’y faire une place. Certains se remettent cependant en question, à l’instar de Lord Byron (Tom Sturridge) qui pensait qu’aucune femme ne pouvait comprendre ses écrits jusqu’à ce que Mary lui démontre le contraire. Le film questionne également sur les libertés accordées aux femmes. Là où l’on attend d’elles qu’elles se marient, s’occupent de la maison et fassent des enfants, Mary choisi un autre destin. Par amour, elle n’hésite pas à braver les règles de bienséance en tournant le dos à sa famille. Accompagnée de sa demi-soeur, Claire (Bel Powley), elle s’octroie la liberté qu’elle désire. Alors que la mère de cette dernière décrie les femmes dépravée -dont la mère de Mary-, Claire ira à contre courant en s’adonnant au libertinage. Les Femmes et l’édition Si l’on entrevoit l’essai Défense des droits de la Femme écrit par Mary Wollstonecraft, le monde de l’édition reste très fermé aux femmes. À l’époque, bon nombre d’entre elles usaient même d’un pseudo masculin afin de voir leur oeuvre mis sur le marché. Restant dans la veine féministe du film, Haifaa Al Mansour met en scène sa cruauté à l’égard des femmes. En cause, une non prise au sérieux du manuscrit proposé, qui, selon les éditeurs, n’est pas un sujet fait pour une femme. Ainsi, ils insinuent qu’une femme devrait se contenter d’histoires à l’eau de rose. En raison de sa relation avec Percy Bysshe Shelley (Douglas Booth), Mary subit aussi bons nombres de critiques. L’une d’elle l’accuse notamment d’avoir volé l’oeuvre de son amant afin de la publier à son nom. Fait qui la fera, à raison, sortir de ses gonds. Seule possibilité de voir Frankenstein paraître ? L’anonymat et une préface signée de la main de Shelley. La situation n’est cependant pas exclusivement réservée aux femmes. En effet, le film exploite le fait que la nouvelle de John Polidori – médecin – (Ben Hardy), Le Vampire ait été attribuée à Lord Byron. De nombreuses zones d’ombres Plutôt que de suivre les faits réels, le film gomme une bonne partie de la vie de l’auteur. Parmi ces impasses, la fuite de Percy et Mary en France. Certainement dans le but de ne pas délocaliser le tournage, Haifaa Al Mansour a installé l’intrigue dans le district de Camden. On peut aussi mentionner le mariage des deux amants qui met fin à la querelle familiale bien avant la publication de Frankenstein. Situation qui se désamorce à peine dans le film. Mary Shelley présente aussi de trop nombreuses longueurs. En cause, une histoire trop romancée qui tourne autour du pot. De la relation familiale à la jalousie en passant par les complications du couple, tout semble interminable. Même les acteurs ne parviennent pas à nous convaincre. Tom Sturridge (Lord Byron) et Douglas Booth (Percy Bysshe Shelley) sont dans le surjeu. Elle Fanning ennui. Autant dire qu’il devient difficile d’apprécier le film dans son entiereté lorsque seul le visuel vient sauver la mise. Bien qu’on approuve l’aspect photographique et le point de vue féministe de la réalisatrice, Mary Shelley fait trop de détours. Un film qu’on vous déconseille si vous fuyez l’ennui ou que les drames romantiques ne sont pas votre sauce.