Cécile Garcia ou le webtoon français !
Lors de notre visite au Paris Fan Festival, nous avons rencontré la présidente de l’association Eventoon, Cécile Garcia ! À proximité du Village Cosplay, nous nous sommes arrêtés un moment sur le stand d’Eventoon, un collectif de webtooners français originaux. Nous y avons rencontré la présidente de l’association, Cécile Garcia qui nous a parlé de son webtoon, Mez et les filles de Sar. Cécile Garcia et le webtoon Cécile Garcia est une autrice et scénariste française. Lors de notre discussion, elle nous explique être tombée dans le webtoon car, en tant que scénariste, il est beaucoup plus facile de s’y faire éditer. En effet il y a, d’après elle, un plus grand accès à l’édition par rapport au roman papier. Cependant, ce dernier reste toutefois son objectif. Dans ce milieu, elle apprécie pouvoir travailler avec des illustrateurs/illustratrices et cumuler plusieurs histoires en même temps. Ainsi, la plateforme lui convient parfaitement. Si Mez et les filles de Sar est son premier webtoon, Cécile admet avoir toujours écrit. Elle ajoute même que « tous les gens de sa génération sont passés par l’écriture de fanfiction » et qu’elle en a « déjà écrit une où Kakashi était son père. » Comme évoquée en introduction, Cécile est également présidente de l’association Eventoon. Ce collectif a pour but de réunir les webtooners français afin qu’ils puissent gagner en visibilité. Car si le webtoon est majoritairement asiatique, il existe des auteur•ice•s près de chez nous. Ainsi, Eventoon permet aux créateurs de webtoon français de se regrouper et d’obtenir une communication autour de leurs oeuvres. Cécile Garcia lors du Paris Fan Festival La genèse de Mez et les filles de Sar Cécile Garcia étant scénariste et co-autrice du webtoon Mez et les filles de Sar, c’est cette oeuvre qu’elle a décidé de nous présenter. Cette histoire a vu le jour lors du concours Webtoon 2021 (été) et a commencé à être éditée le 16 décembre 2021. Aujourd’hui, on arrive à la moitié, voire la fin, de la saison 2 qui sera la fin de la série. À son initiative, Cécile – bien sûr – et l’illustratrice Hycopank. Toutes deux se sont rencontrées par hasard et ont commencé à travailler ensemble. Puisqu’elles ont trouvé un très bon équilibre, autant dire que ce webtoon ne sera certainement pas leur dernière série commune ! En plus, toutes deux s’adorent autant qu’elles aiment travailler ensemble. De quoi ça parle ? Mez et les filles de Sar est une romance entre une jeune fille et son ami d’enfance dont elle est amoureuse. L’héroïne semble toutefois être connectée à une sorte de monde parallèle à travers lequel d’autres filles peuvent prendre sa place dans la vraie vie. Les autrices tiennent d’ailleurs à présenter leur histoire tout en douceur, en couleur ainsi qu’avec une relation amoureuse saine. En effet, elles en ont “marre de voir des romances très toxiques et romantisées”. Des paroles qui font particulièrement plaisir à entendre ! Afin de diversifier les personnages, Cécile Garcia et Hycopank ont intégré des éléments de la culture queer. Ce, à travers des questionnements sur la sexualité de certains personnages et d’autres visions du couple. Métaphore du trouble du TDI (Trouble Dissociatif de l’Identité), le webtoon met en lumière les réalités de différents troubles psychologiques. Son ami d’enfance est surtout atteint d’anxiété sociale mais on retrouve aussi les thèmes du harcèlement scolaire, du TDI et de comment on vit avec, de l’emprise psychologique,… © Hycopank Cécile Garcia au futur ! Cécile Garcia a bien-sûr des projets pour le futur ! Notamment un en production avec Ankama pour leur nouvelle plateforme (Allskreen). Elle a également pas moins de 3 webtoons en cours dont le prochain avec Hycopank. On vous avait bien dit qu’elles n’allaient plus se lâcher ! Cette fois, il s’agira d’une histoire complètement différente qui va explorer un peu plus la fantaisie, le monde des elfes, les complots du gouvernement… Un nouvel univers prometteur ! D’autres projets BD sont également en cours pour les deux collaboratrices. Cependant, cela prend un peu plus de temps que le webtoon, qui va excessivement vite en comparaison. Enfin, des collaborations avec d’autres artistes arrivent. On ne sait pas vous, mais on a très hâte de voir ça ! Et vous, avez-vous envie de lire les oeuvres de Cécile Garcia ? CYRIELLE SUGGESTION D’ARTICLES SUR LE MÊME THEME NEWSLETTER Facebook Twitter Instagram Tiktok Spotify Linkedin
La Masculine : Un roman sans un mot masculin
Un monde sans homme ? C’est ce que nous propose Laurence Kiehl dans son roman La Masculine, sorti le 27 septembre 2018. Avec La Masculine Laurence Kiehl – alias Qui-Elle – nous plonge dans une dystopie au milieu d’une capitale parisienne où la révolution gronde. Les hommes ont tous été emportés par une mystérieuse maladie – ou presque, le dernier rendant son dernier souffle au cour du roman-. La lutte des classes est plus présente que jamais. Comment se passe la vie sans les hommes ? C’est ce que nous allons découvrir ! Une dystopie misandre Présentée comme féministe, La Masculine nous a plutôt amené vers une vision misandre du monde. En effet, gouverné par un « hydre » féminin, le pays tombe dans la monarchie. Un hydre à trois têtes dont on ne voit d’ailleurs jamais le bout du nez, alimentant les rumeurs dans la capitale. La raison ? L’éviction de la télévision jugée trop néfaste ne laissant place qu’à des allocutions radiophoniques. Alliées aux Immortelles de l’Académie Linguistique Française, le trio a transformé le langage français. Subsiste alors une véritable répression quant à l’utilisation de mots masculins. Pour se faire, une police – les audio-fliques – est mise en place pour faire régner la loi, condamnant les femmes à voir leur bouche plissée si elles utilisent ces mots. Mais ce n’est pas tout. En plus de subir une extermination, l’homme est tout simplement réduit à un corps malade et inutile à la société. Les mots masculins ayant disparus du vocabulaire, « masculines » ou « couillues » servent à les nommer. Quant au dernier homme, ne pensez pas une seconde qu’il mérite un enterrement dans les règles de l’art. Pour lui, ce sera direction la fosse commune. D’accord, si on comprend le choix de ne pas l’envoyer à « la Panthéonne », celui de la fosse commune nous paraît vraiment extrême. En parlant de « la Panthéonne », cette dernière est réservée à l’enterrement de femmes célèbres. Nous a également marqué le fait que l’homme est « forcément » le seul à manger de la viande. En effet, pour se venger de leur consommation de viande des millénaires durant, une bactérie se serait développée chez les animaux. Bien sûr, il est bien connu que seule les femmes ne mangent pas de viande (spoiler : non !). À trop vouloir montrer une image parfaite et sans bévue de la femme La Masculine devient lourd et ennuyant… Une écriture originale L’originalité de La Masculine réside dans sa volonté d’une histoire sans un seul mot masculin. Pour palier à cela, Laurence Qui-Elle (Kiehl) fait le choix d’une Langfem. En somme, la féminisation de tous les mots masculins. De « moi-e », « toi-e », « lui-e » en passant par « grande-mère » ou encore « elle était une fois », l’autrice bouleverse l’orthographe française. Par ailleurs, certains mots sont tout simplement interdits tel que “on”, “il”, “ils” et bien sûr « homme ». « La putain de chasse à la neutralité de la langue. Arrêtons-nous trois seconds sur notre textualité ! Moi-e, toi-e, lui-e, quelle féminisation ringarde et maniérée ! » p13 Rues et autres places sont elles aussi féminisés. On se promène alors rue des Franches-Bourgeoises, près de La Notre-Dame, La Pitié-Qui-Pétrit ou encore La Tour-F-Elle. Quant aux stations de métro, elles laissent place à Sainte Michèle et l’île de la Lutèce. Comme vous pouvez le constater, rien n’a été laissé au hasard. La K – personnage principale, correctrice chez les Femmes à la plume, agence de presse-imprimerie – soulève la question du neutre à de nombreuses reprises. Par exemple, sont interdits « ça » signifiant pourtant « cette chose » et « on » qui reprendrait quant à lui « nous-les-femmes ». « …tu sais la contraction « ça » et la syllabe « on » reproduisent forcément une circonstance de femelle, la seule depuis la catastrophe. » p13 Ainsi, même si la féminisation de tout notre vocabulaire perturbe, l’écriture de l’autrice est agréable et fluide. Le niveau de langage oscillant entre courant et plus ou moins soutenu ce qui n’est pas gênant à la compréhension. Les femmes sans les hommes On pourrait croire qu’avec des femmes au pouvoir les choses évolueraient mais ce n’est pas le cas. Notre lecture de La Masculine nous a même donné l’impression que la vie sans les hommes est vouée à l’échec. En effet, l’histoire met en avant le fait que sans les masculines, les femmes ne peuvent avancer. On constate même un sacré bon en arrière. Que ce soit en raison de grèves ou d’absence de personnel, voiries et électricité posent problème. Sans hommes, des femmes nommées Thermodynamiques se doivent de pédaler pour acheminer l’électricité. De fait, on a l’impression de ne pas voir les femmes dans certains corps de métiers, alors que dans notre réalité, ils en emploient plus qu’on ne le croit. De plus, malgré les avancées technologiques, on observe de nombreuses fausses couches et un avenir des femmes mis en péril. Le roman met également en avant les différentes classes sociales. On y découvre alors de nombreuses travailleuses manuelles se mettant en grève. Ainsi, s’enclenche une ambiance chaotique. Les poubelles ne sont plus ramassées, le courrier plus acheminé. Dans les rues, des manifestantes parcourent les rues, réclamant une augmentation de salaire. Évidemment, comme c’est actuellement le cas en France, l’Hydre n’en a cure et ne bouge pas d’un pouce tant que la révolution n’est pas aux portes de leur demeure. Sans spoiler la fin, finalement La K et sa grand-mère avaient bien compris qu’un monde uniquement féminin n’était pas fait pour perdurer. Peut-être que tout n’est pas perdu ! Et vous, vous laisserez-vous tenter par La Masculine ?