The Hate U Give : le roman coup de poing d’Angie Thomas

Une de la chronique du libre The Hate U Give de Angie Thomas. Image basée sur le film

The Hate U Give, le premier roman percutant d’Angie Thomas! Disponible en version française depuis avril 2018, The Hate U Give (La haine qu’on donne) est un véritable coup de poing. Déjà best-seller aux États-Unis, le roman d’Angie Thomas aborde la question du Black Lives Matter, soit, le racisme et les violences policières. Un pas entre fiction et réalité Prenant place dans un quartier représentant les communautés noires américaines, le premier roman d’Angie Thomas s’attarde sur la récurrence du racisme et des violences policières. Faits, qui, s’ils se déroulent aux États-Unis trouvent écho en France, où ils sont également présents.Ainsi, The Hate U Give s’ancre profondément dans l’actualité. De part l’évocation de la mort de Khalil, un jeune homme noir non armé, par un policier blanc, on ne peut que penser à l’affaire Trayvon Martin (2012). En effet, comme pour ce jeune afro-américain de 17 ans, des manifestations surviennent après les faits. Afin de dénoncer la régularité de ces actes, le mouvement Black Lives Matter est né l’année suivante. Est aussi mentionné à plusieurs reprises le « street code » impliquant qu’aucune personne ne doit en dénoncer une autre. Code particulièrement appliqué par les gangs omniprésents tout au long de l’histoire. Quelques personnages vont cependant aller à contre-courant en prenant la parole. On évite de vous spoiler, mais vous verrez, ils viennent d’horizons différents. Un livre sur le courage et la prise de parole Bien que Starr répète sans cesse ne pas être courageuse, cette citation résume parfaitement son personnage : « Tu peux très bien être courageuse et avoir peur quand même, Starr, dit-elle. Être courageuse, ça veut dire ne pas se laisser abattre par sa peur. Et c’est ce que tu fais. » Tout au long du roman, la jeune fille va surpasser ses peurs. Celle d’apporter son témoignage à la police. Celle de raconter ce qui s’est passé à ses ami(e)s. Celle d’être prise pour une « balance » si elle accorde une interview. Vous la verrez donc évoluer et prendre de plus en plus de décision jusqu’à LA prise de parole libératrice. The Talk : la conversation inévitable Pour ceux qui ne le sauraient pas, « The Talk » est une conversation que les parents de certaines communautés ont avec leurs enfants afin de leur indiquer comment se comporter en cas de contrôle policier. The Hate U Give est donc un excellent moyen de comprendre à quel point il est nécessaire aujourd’hui d’avoir ce genre de discussion. Starr mentionne notamment le fait qu’elle ne doit pas sortir avec une capuche sur la tête ou qu’elle doit répondre calmement et sans poser de questions aux ordres des policiers. Malgré tout, les forces de l’ordre ne sont pas exempt de violences, comme le montre la fouille subie par son père. Évènement qui l’obligera d’ailleurs à avoir LA conversation beaucoup plus tôt que prévu avec Sekani, le plus jeune frère de Starr. Un livre bourrée de références culturelles Histoire, musique, sport, les références à la culture afro-américaine se multiplient. Vous découvrirez une famille qui se réunit devant les matchs de NBA. Starr, qui voue un culte à James LeBron, fait elle-même partie d’une équipe de basket dans son école. Michael Jordan et ses Nike Air sont aussi mentionnés à plusieurs reprises. The Hate U Give, c’est aussi un père inconditionnel des Black Panther’s au point d’en faire apprendre les différents points du règlement à ses enfants. Et qui dit Black Panther’s, dit Maclom X. Des noms qui permettent ainsi aux plus jeunes d’en apprendre davantage sur la culture américaine et la ségrégation raciale. Seule ombre au tableau, Rosa Parks, qui, entre toutes ses références masculines, aurait pu être citée. Cependant, l’univers le plus présent reste celui de la musique qui pioche dans toutes les générations. Omniprésent, rap et hip-hop donnent le ton, plongeant le lecteur dans un univers où l’on danse et chante au rythme de Tupac, Ice Cube, Drake, Beyoncé et autres N.W.A. (Niggaz Wit Attitudes). Le chanteur et acteur Will Smith est quant à lui omniprésent puisque Starr et son petit ami, Chris, sont fans de la série Le Prince de Bel-Air. Bonus, cet automne, une adaptation au titre éponyme devrait arriver sur nos écrans avec Amandla Stenberg dans le rôle de Starr. Malheureusement, aucune bande annonce n’est encore disponible en français. https://www.youtube.com/watch?v=3MM8OkVT0hw Et vous, avez-vous lu ce roman coup de poing ? NEWSLETTER Facebook Twitter Instagram Pinterest Linkedin

Les Collisions : une vision moderne des Liaisons Dangereuses

Avec Les Collisions, Joanne Richoux offre un roman profondément moderne et audacieux. Parût le 4 avril 2018, Les Collisions est le quatrième roman de Joanne Richoux. Au coeur de l’intrigue, un remake du classique Les Liaisons Dangereuses (Choderlos de Laclos) par deux étudiants en terminal littéraire : Gabriel et Laetitia. Un livre qui promet une nostalgie des années lycées et de nombreuses références ! Une playlist pour accompagner votre lecture Touche d’originalité, Les Collisions sont accompagnées d’une playlist concoctée par son autrice : Joanne Richoux. Combiné à la couverture et au résumé, ce simple fait a suffit à nous pousser vers cet ouvrage plus que tout autre. Si la majorité des titres à l’accent rock nous réjouissent, nous ne sommes pas surprises de l’apparition d’une pointe de classique, de pop et d’électro. On apprécie d’ailleurs cette volonté permettant de découvrir tantôt l’univers musical propre à un personnage, tantôt une situation particulière. Ainsi, alors que Gabriel et Laetitia se rendent à un concert de classique, le choix d’écoute se portera sur le Domine Jesu Christe de Mozart. Judicieusement, Joanne Richoux a attribué un morceau à chacun de ses chapitres en plus de présenter sa playlist en amont. Ainsi, divers choix s’offre au lecteur : écouter la playlist en amont, l’écouter lors de la lecture sans se soucier du chapitre en cours, ou, écouter les morceaux un à un. Cette dernière solution permet d’ailleurs de faire une pause musicale avant d’attaquer la suite des aventures de Gabriel et Laetitia. Bien sûr, rien ne vous oblige à écouter ces morceaux durant votre lecture. Plongée dans les années lycées À peine les premières pages de Les Collisions tournées, le livre s’est transformé en véritable madeleine de Proust. Tout est présent pour nous renvoyer directement à nos propres années lycées. La place au fond de la classe à proximité du radiateur. Se rendre constamment au même endroit pour boire un verre. Dans notre cas, la marginalité, le peu d’ami, l’extrême tangente entre force et fragilité des adolescents. Le fait que le lycée soit une « course à qui fera le plus de mal aux autres« . Mais surtout, et c’est ce qui nous a attiré vers Les Collisions, la référence à ce livre que votre cher rédactrice à elle-même dévoré avant sa propre rentrée en terminal littéraire : Les Liaisons Dangereuses de Choderlos de Laclos. Les points communs aidant, l’immersion dans ce monde étudiant est immédiate. La musique a également eu un rôle important à jouer puisque les choix de Joanne Richoux coïncident avec ce que nous écoutions à l’époque. La référence au clip de What Goes Around Comes Around de Justin Timberlake nous a d’ailleurs fait largement sourire. Les Collisions : un remake moderne des Liaisons Dangereuses Vous l’aurez compris, Les Collisions sont largement inspirées des Liaisons Dangereuses avec dans les rôles du vicomte de Valmont et de la marquise de Merteuil, Gabriel et Laetitia. Gravites autour d’eux Ninon (Cécile de Volanges), Solal (Danceny), Dorian (Gercourt) et Amandine, la professeur d’Arts Plastiques en tant que la vertueuse Madame de Tourvel. Évidemment, ayant conscience des destins quelque peu tragiques des protagonistes originaux, on s’est demandé où nous mènerait cette histoire, qui, jusqu’au point final ne nous a pas déçu. Car là où Les Liaisons Dangereuses ne sont qu’affaires de séductions et manipulations, Les Collisions ont une résonance cruellement moderne de notre société. À l’époque où Tinder est à la mode, le livre évoque sans retenue les sites de rencontres ainsi que le développement des modes de communications permettant en un claquement de doigt de détruire une réputation. Avec lui, on explore l’adolescence sous tous ses angles. Jalousie, amour, sexualité, dépression, violence, délits. Rien ne manque à l’appel. Pas même ce sujet assez tabou que sont les relations entre professeurs et élèves. Laetitia en dira même que cela « ne marche que dans les films et les faits divers glauques« . On tire d’ailleurs notre chapeau à l’auteur qui est parvenu à nous rappeler combien la vie de famille peut être complexe à cet âge en instaurant des relations parentales toutes plus diverses les unes des autres. Rien que pour cela, Les Collisions sont un véritable petit bijou. Chez Joanne Richoux, les personnages sont plantés dans un décor teinté de rock où l’insouciance n’a pas de prix. Loin des adolescents modèles, Laetitia et Gabriel sont d’autant plus attachants que leurs vies ressemblent aux nôtres. Parfois trop adultes pour leur âge, parfois en quête de ce que tout adolescent recherche. L’identification rapide nous pousse à nous délecter de chaque chapitre sans cesser de nous demander jusqu’où ils seront capable d’aller. Si de nombreux clins d’oeil sont fait à l’oeuvre originale, notre favori reste celui faisant écho à la célèbre lettre de Valmont déclamant sans cesse « Ce n’est pas ma faute » afin de rompre avec Madame de Tourvel. Nous ne vous en dirons cependant pas plus afin que le contenu du livre reste une surprise. Un roman truffé de références Musique. Littérature. Peinture. Sculpture. Cinéma. Jeux Vidéos. Histoire. Théories. Rien n’a été oublié par Joane Richoux qui nous offre un livre culturel et gorgé d’intelligence. Grâce à la paranoïa de Dorian, Les Collisions énoncent moults théories allant du satanisme aux Illuminati, en passant par les Erich Von Däniken et sa croyance d’être dominé par des reptiliens. Avec la passion de Gabriel pour la peinture, sont évoqués plusieurs oeuvres telles que Le Verrou (Fragonard) ou les illustration de Dubouchet pour Le Rouge et le Noir (Stendhal). Évidemment, les personnages évoluant en terminal littéraire, les références aux Confessions de Rousseau, Voyage au bout de la nuit (Céline), 1984 (Orwell) ou à Roméo & Juliette (Shakespeare) sont logiques. En plus de sa playlist, Les Collisions est truffé de références musicales. Comparaisons physiques d’un personnage à un chanteur. Mêlées à des théories expliquant que la musique serait un déclencheur de meurtres. Le cinéma à lui aussi sa part belle avec des références à la série à succès American Horror Story ainsi qu’aux films Jurassic Park, Eyes Wide Shut (Kubrick), J’ai Tué Ma Mère (Dolan) et même au classique Edward aux mains d’argent de Tim Burton. Laetitia compare également Gabriel à Eric Northman (True Blood). Joanne Richoux fait

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