Mary Shelley : une complainte autour de l’autrice de Frankenstein
Elle Fanning campe les traits de Mary Shelley au cinéma. Le film dévoile les déboires de l’autrice de Frankenstein et la difficulté d’être une femme de lettre au XIXe siècle. Ce mois-ci les salles obscures mettent plusieurs femmes à l’honneur dont la romancière Mary Shelley. Pour sa première réalisation en langue anglaise, Haifaa Al Mansour dévoile les trépas de la vie de l’autrice de Frankenstein sur fond de féminisme. Mary Shelley : un film féministe Du patriarcat aux droits des femmes, Haifaa Al Mansour offre une véritable ode au féminisme. Par sa vision, la réalisatrice nous transporte dans une société régit par et pour les hommes. Mary Shelley (Elle Fanning) va pourtant parvenir à s’y faire une place. Certains se remettent cependant en question, à l’instar de Lord Byron (Tom Sturridge) qui pensait qu’aucune femme ne pouvait comprendre ses écrits jusqu’à ce que Mary lui démontre le contraire. Le film questionne également sur les libertés accordées aux femmes. Là où l’on attend d’elles qu’elles se marient, s’occupent de la maison et fassent des enfants, Mary choisi un autre destin. Par amour, elle n’hésite pas à braver les règles de bienséance en tournant le dos à sa famille. Accompagnée de sa demi-soeur, Claire (Bel Powley), elle s’octroie la liberté qu’elle désire. Alors que la mère de cette dernière décrie les femmes dépravée -dont la mère de Mary-, Claire ira à contre courant en s’adonnant au libertinage. Les Femmes et l’édition Si l’on entrevoit l’essai Défense des droits de la Femme écrit par Mary Wollstonecraft, le monde de l’édition reste très fermé aux femmes. À l’époque, bon nombre d’entre elles usaient même d’un pseudo masculin afin de voir leur oeuvre mis sur le marché. Restant dans la veine féministe du film, Haifaa Al Mansour met en scène sa cruauté à l’égard des femmes. En cause, une non prise au sérieux du manuscrit proposé, qui, selon les éditeurs, n’est pas un sujet fait pour une femme. Ainsi, ils insinuent qu’une femme devrait se contenter d’histoires à l’eau de rose. En raison de sa relation avec Percy Bysshe Shelley (Douglas Booth), Mary subit aussi bons nombres de critiques. L’une d’elle l’accuse notamment d’avoir volé l’oeuvre de son amant afin de la publier à son nom. Fait qui la fera, à raison, sortir de ses gonds. Seule possibilité de voir Frankenstein paraître ? L’anonymat et une préface signée de la main de Shelley. La situation n’est cependant pas exclusivement réservée aux femmes. En effet, le film exploite le fait que la nouvelle de John Polidori – médecin – (Ben Hardy), Le Vampire ait été attribuée à Lord Byron. De nombreuses zones d’ombres Plutôt que de suivre les faits réels, le film gomme une bonne partie de la vie de l’auteur. Parmi ces impasses, la fuite de Percy et Mary en France. Certainement dans le but de ne pas délocaliser le tournage, Haifaa Al Mansour a installé l’intrigue dans le district de Camden. On peut aussi mentionner le mariage des deux amants qui met fin à la querelle familiale bien avant la publication de Frankenstein. Situation qui se désamorce à peine dans le film. Mary Shelley présente aussi de trop nombreuses longueurs. En cause, une histoire trop romancée qui tourne autour du pot. De la relation familiale à la jalousie en passant par les complications du couple, tout semble interminable. Même les acteurs ne parviennent pas à nous convaincre. Tom Sturridge (Lord Byron) et Douglas Booth (Percy Bysshe Shelley) sont dans le surjeu. Elle Fanning ennui. Autant dire qu’il devient difficile d’apprécier le film dans son entiereté lorsque seul le visuel vient sauver la mise. Bien qu’on approuve l’aspect photographique et le point de vue féministe de la réalisatrice, Mary Shelley fait trop de détours. Un film qu’on vous déconseille si vous fuyez l’ennui ou que les drames romantiques ne sont pas votre sauce.