Appelez-moi Nathan : Né dans le mauvais corps !
Appelez-moi Nathan lève le voile sur le parcours parfois semé d’embuches des personnes concernées par la transidentité. Un roman graphique signé Catherine Castro et Quentin Zuttion. Roman graphique tiré d’une histoire vraie, Appelez-moi Nathan suit le parcours identitaire de Lila. On vous parle de cette histoire écrite par Catherine Castro et dessiné par Quentin Zuttion qui ne nous a pas laissé de marbre ! Dans Appelez-moi Nathan, Catherine Castro et Quentin Zuttion dépeignent parfaitement les phases auxquelles sont confrontées la plupart des personnes transgenres. L’étant moi-même, j’ai été ravi d’enfin trouver un livre parlant de la transidentité dans mon sens – femme vers homme. Je vous parle donc de ce récit qui m’a permit de me reconnaître dans ce personnage. Stéréotypes de genre D’entrée de jeu, Appelez-moi Nathan renvoie à la figure les stéréotypes de genre auxquels nous sommes confrontés dès notre plus jeune âge. Et ce, que cela soit du point de vue des enfants ou des adultes. En effet, si les filles parviennent à jouer au foot ou au basket avec les garçons en maternelle et primaire, la différence se fait immédiatement ressentir au collège. Rapidement, les garçons vont trouver les filles « nulles » et les exercices physiques vont se différencier. Côté adultes, les parents – s’ils ne le faisaient pas auparavant – vont acheter des vêtements spécifiques à chaque genre. De même pour les cadeaux. Ainsi, malgré les préférences de l’enfant, l’adulte reste maître de la situation et impose ses choix. Vous verrez d’ailleurs Lila enfiler des vêtements féminin afin de faire plaisir à ses parents. Vêtements qui se retrouveront rapidement relégués au fond d’un coffre ou d’une armoire. Bout à bout, ces décisions ne permettent donc pas aux enfants de se trouver et d’assumer qui ils sont. © Catherine Castro & Quentin Zuttion L’image de soi Précédemment, nous vous parlions du collège. Lieu de tous les changements, de toutes les peurs et de l’apparition de la puberté. Bien sûr, Appelez-moi Nathan explique en quoi ce sujet est important en tant que personne transgenre. En effet, le moindre changement est sujet au regard d’autrui. Et quels changements ! Chez les filles, la poitrine se développe et les menstruations s’invitent à la fête. Le tout, accompagné par une poussée de poil inexistants auparavant. Tout comme Lila, j’ai vécu cette période comme un enfer. Auparavant, personne ne me faisait de remarques sur le fait que j’aille à la plage torse nu et vêtu d’un short. Puis, la puberté a changé la donne et je me suis retrouvé bridé par les adultes qui sexualisaient mon corps. Je me suis alors vu imposer des t-shirt et maillots de bain féminins sans que je n’en comprenne la cause. La situation a également changé au collège. Les garçons ne voulaient plus passer leur temps avec moi. J’ai alors commencé à détester ce corps que les adultes me forçait à cacher. Corps devenu aux yeux de tous celui d’un « garçon manqué ». Ni fille, ni garçon. Tout comme Nathan, j’ai ressenti de la colère envers ces gens, ces amis et ce corps qui n’évoluait pas comme je le souhaitais. Sans que je ne le sache, la dysphorie de genre était déjà là. Je ne savais simplement pas, à l’époque, ce que j’étais. © Catherine Castro & Quentin Zuttion La transition S’il est bien une chose appréciable dans Appelez-moi Nathan, ce sont les pensées des parents et de Théo. Un changement de point de vue qui incorpore leurs questionnements sur l’annonce de Nathan concernant sa transidentité. Le roman ne passe également pas à côté des remarques et commentaires transphobes à l’égard de Nathan. Un point important puisqu’il montre à quel point les personnes transgenres sont discriminées. Et ce, que ce soit dans la rue, le cercle familiale ou amical. Au sein de ce roman graphique, la transition de Nathan peut être perçue comme un combat. En effet, la puberté étant constamment associée à une « crise d’adolescence », sa volonté de changer de genre est considérée comme une « phase ». Mais voilà, ce n’est pas qu’une phase. La souffrance morale est belle et bien réelle, et ce, d’autant plus lorsque l’on a la sensation d’être incompris, de se sentir seul et de détester son corps. De plus, la brutalité des paroles blessantes provenant de personnes externes n’arrange rien à la situation. Ainsi, Appelez-moi Nathan est une lecture intéressante sur tous les plans. D’un côté, elle peut aider des alliés à mieux comprendre le vécu d’une personne transgenre. De l’autre, elle est bénéfique pour la communauté transgenre et les enfants. En effet, par son traitement, le roman met en avant le fait que vous ne soyez pas seul et que, si chaque transition est différente, les ressentis sont souvent similaires. Et vous avez-vous lu Appelez-moi Nathan ? Qu’en avez-vous pensé ? SAEVIN Co-fondateur | Photographe | Rédacteur MES ARTICLES SUGGESTION D’ARTICLES SUR LE MÊME THÈME Email Subscribe You have been successfully Subscribed! Ops! Something went wrong, please try again. Facebook Twitter Instagram Tiktok Spotify Linkedin
Sex Education : la série Netflix sur le sexe positif
Sex Education, la nouvelle série de Netflix sur le sexe positif signée Laurie Nunn. Avec Sex Education, Netflix signe sa première réussite de 2019. Disponible depuis le 11 Janvier, cette nouvelle série britannique entremêle vie lycéenne et thérapie sexuelle. Le sexe positif Vous l’aurez compris, Sex Education a pour but de changer les mentalités en démystifiant les questionnements sur la sexualité. Comment ? Tout simplement en montant un cabinet de sexologie au sein même d’un lycée. Et qui de mieux placé que Otis Milburn (Asa Butterfield), fils de la sexologue Jean Milburn (Gillian Anderson) pour donner des conseils à ses camarades de classe ? Grâce à lui, les personnages – tout comme les spectateurs -décomplexent face à leurs problèmes. Sont notamment abordées les questions autour de l’impuissance, de l’apprivoisement de soi via la masturbation, la prise en considération d’autrui, du consentement ou encore du vaginisme. Ce dernier nous a d’autant plus touchée que l’une d’entre nous le connaît bien. En dehors du cadre lycéen, se révèlent les propres problèmes d’Otis dont l’ascendance est psychologique. Dans un premier temps, il fait face à l’impossibilité de se masturber, puis à des pollutions nocturnes. Vous saurez également pourquoi avoir un rapport sexuel peut lui déclencher une crise d’angoisse. Mais Otis n’est pas le seul à prodiguer des conseils. Son meilleur ami, Eric Effiong (Ncuti Gatwa) va profiter d’une soirée pour expliquer aux adolescent(e)s la bonne manière de faire une fellation sans craindre de vomir. On vous le garanti, Sex Education met en valeur avec un humour décapant le fait que le sexe ne soit pas du porno. Et pour cela, on leur tire notre chapeau. Sex Education et le féminisme Au cours des huit épisodes, Sex Education met en avant des personnages féminins aux caractères bien trempés. À commencer par Maeve (Emma Mackey). En plus d’être une brillante élève, elle est également féministe. Ses lectures ? Sylvia Plath, Virginia Woolf, Roxane Gay ou encore Charlotte Brontë dont elle a lu tous les livres enfants. Bonus : Sex Education montre un intérêt de Jackson pour ce genre littéraire, prouvant que le féminisme n’est pas réservé aux femmes. Cette série est aussi l’occasion de découvrir Ola. Interprétée par Patricia Allison, l’adolescente est pleine de surprises et ressources. Indépendante, les fuites d’évier ne lui font pas peur. Quant à son choix de costume trois pièces pour le bal, on approuve totalement. Tout à l’heure, nous mentionnions divers problèmes abordés dans la série. Sachez que ceux-ci ont aussi une portée féministe puisque Otis va apprendre à l’une des lycéennes qu’il est important de prendre du plaisir. Chose qu’elle n’avait absolument pas assimilée puisqu’elle simulait tous ses rapports et trouvait la masturbation solitaire honteuse. Masturbation que vous verrez d’ailleurs de manière suggérer. En parlant de rapports à l’écran, la série montre un couple lesbien en pleine action. Une série LGBT+ Sex Education se démarque par sa véritable liberté autour des questions d’identités et de genres. Traité à équité, les LGBT+ sont représentés à la fois dans la communauté estudiantine et l’entourage adulte. Là encore, leur sexualité n’est pas hétéronormé. On a d’ailleurs adoré les problèmes rencontrés par un couple lesbien qui ouvre complètement l’esprit sur ce qui peut se passer dans leur lit. En parlant de lesbien, la série nous montre un couple adulte sous les traits des mères de Jackson Marchetti (Kedar Williams-Stirling). Continuant sur sa bonne lancée, Sex Education prouve que le travestissement n’a rien de spécifique aux homosexuels. En effet, si Eric – ouvertement gay – aime se travestir, Otis se prête également au jeu afin qu’ils aillent ensemble voir un film LGBTI. Oui, LGBTI, car la série n’hésite pas à mettre en avant les intersexes dont on ne parle que très rarement. Par ailleurs, si leurs camarades pourraient se montrer sournois à leur égard, ce n’est pas le cas. Idem pour le père d’Otis, qui, s’il semble ne pas accepter ses choix, se révèle être un réel soutien pour son fils. Tout cela pour dire que cette normalisation fait un bien fou. Une bande sonore géniale Histoire de rester dans un cadre LGBTI, Laurie Nunn a fait le choix de mettre en avant la musique d’Ezra Fruman. En plus de plusieurs titres présents tout au long de la série, le chanteur queer apparaît sur scène durant l’épisode 7. À ces morceaux aux résonances actuelles, Sex Education oscille entre musique 60’s et 80’s. De Mannish Boy (Muddy Waters) à Take on Me (A-Ha) en passant par New Sensation (INXS), Road To Nowhere (Talking Heads) ou encore Boys Don’t Cry (The Cure), on ne peut s’empêcher de fredonner. Mention spéciale pour l’utilisation de This is the day des anglais The The dont on ne se lasse pas. Côté récent, ce sont Beth Dito, Génération X ou encore SLØFACE qui côtoient les compositions d’Ezra Fruman. https://www.youtube.com/watch?v=uX2i9sLP39U Et vous, qu’avez-vous pensez de cette série ? Pas encore vu, comptez-vous la regarder ? EDIT : La saison 2 débarquera sur Netflix le 17 janvier 2020!