Interview : Louis Albi se livre avant sa tournée

Image à la une Louis Albi | © Laura G

« Je parle à toutes ces personnes qui se sentent un petit peu seules, différentes. Que ce soit pour leurs émotions, leur sexualité, ou plus globalement, l’ethnie, la religion. Je parle à tout le monde.«  Le 20 octobre 2023, Louis Albi a dévoilé son premier album, Pleurer de Joie. Avant son passage par La Bulle Café à Lille le 10 novembre prochain, nous avons eu l’occasion de nous entretenir avec lui. Un entretien particulièrement inspirant autour de son projet mais aussi un peu de culture. Pour toi, tout a changé très vite après la Star Academy. Y a-t-il eu une prise en charge après l’émission ou tu t’es retrouvé livré à toi-même ? (ce qui peut causer du stress) Louis : J’ai eu beaucoup de stress, parce qu’on a toujours peur de se tromper, de faire les mauvais choix. Après j’avais quand même un contact avec les équipes de casting qui nous ont suivi et un peu materné tout au long de l’aventure. Donc je savais que je pouvais avoir ce soutien là.  Même au niveau des professeurs, beaucoup ont continué à nous encadrer, nous aider un petit peu dans notre voie. Moi, j’avoue que j’ai mon avocate que j’avais pris avant l’aventure qui a continué, m’a aiguillé. Ensuite, Sony a pris le relais très très vite. De manière plus générale, aujourd’hui il est impossible de communiquer sans passer par les réseaux sociaux. Alors que beaucoup d’artistes ont des Community Manager pour les gérer, tu sembles t’en occuper toi-même. Est-ce une volonté de ta part? C’est une volonté de ma part parce que je trouve que c’est plus humain. Plus vivant. C’est plus moi, tout simplement. J’ai un projet qui est très personnel, donc ne pas se donner soi, ce serait un peu hypocrite je trouve (rires). Mais c’est du travail supplémentaire.  Après, j’ai aussi des gens chez Sony qui m’aident parfois pour les grosses grosses échéances à faire un petit planning ou à préparer certaines choses. Mais tout vient de moi parce que j’ai besoin de cette authenticité. De créer un lien sincère avec les gens. Voir cette publication sur Instagram Une publication partagée par Louis Albi (@albilouis) Si on ne se trompe pas, tu es le premier de la saison 2022 à sortir ton album. Comment as-tu géré cette pression? Y a pas eu de pression d’être le premier, parce que pour moi l’aventure était terminée. C’est juste que chacun fait ses projets. Prend le temps qu’il a besoin, etc… Après je vais pas mentir, j’ai eu vachement de déferlement de haine parce que j’étais le premier. Dans le sens où beaucoup de personnes, qui étaient dans la fanbase de la gagnante (Anisha, ndlr) par exemple, ou d’autres personnes, ne me trouvaient pas légitime de sortir mon projet en premier parce qu’ils ont du mal à comprendre que la compétition est terminée. J’ai fait mon aventure et maintenant je suis artiste en fait. Je suis artiste. J’ai mon propre projet. Donc c’est plus là où il y a eu un petit peu de mélancolie qui s’est installée face à la haine un peu gratuite des gens et leur incompréhension. Parce que à l’époque, il y avait une idée de priorité sur le premier. Aujourd’hui ça n’existe plus. Et heureusement parce qu’on fait des projets tellement différents et aussi enrichissant que ce serait dommage de se priver de travailler juste pour laisser certains en priorité. Je trouve que c’est bien cette idée qu’on prenne tous le temps qu’on veut, et voilà. En parlant de ton album, dès ton premier single, Que Tu te mentes, on a tout de suite compris que tu allais jouer la carte personnelle. C’est plutôt rare pour une première réalisation. Qu’est-ce qui t’as donné envie de te livrer de cette façon? Déjà mes idoles – enfin, mes idoles -, les personnes dont je respecte énormément le travail, c’est des gens qui partagent et qui ont peut-être presque une non pudeur sur leur vie perso. Et qui partagent beaucoup. C’est ça que je trouve hyper riche chez les artistes.  Donc je voulais en faire de même pendant l’aventure. J’étais quelqu’un mis à nu très facilement face aux autres, aux caméras, au public. Et je trouvais bien de rester dans cette continuité là. Continuer à leur donner de moi. Leur donner ma sincérité, mes larmes, mes rires, et qui je suis personnellement. On est aussi de grands hypersensibles. Du coup, Pleurer de joie nous a fait beaucoup de bien. Si tu l’as écrite comme pied-de-nez aux personnes critiquant ta sensibilité, est-ce que tu espères libérer, ne serait-ce qu’un peu, la parole sur ce sujet grâce à ce titre ? Totalement. Enfin, ce titre et l’album en général. Je parle à toutes ces personnes qui se sentent un petit peu seules, différentes. Que ce soit pour leurs émotions, leur sexualité, ou plus globalement, l’ethnie, la religion. Je parle à tout le monde. À tous les gens qui sont un petit peu à côté et pas forcément représentés ou écoutés. Et leur dire juste qu’ils ont le droit d’être comme ils sont. De vivre pleinement et d’être juste fier de qui ils sont. De leur chemin, leur travail. Donc oui, Pleurer de Joie, c’est une chanson sur l’hypersensibilité. Sur la mienne, mais aussi celle que des milliers, voir des millions de gens vivent au quotidien. Et voilà, c’est pour dédramatiser. Dire qu’on a le droit d’être comme on est. Et c’est beau. Nos larmes sont belles. Nos rires sont beaux. Toutes nos émotions doivent être vécues pleinement sans avoir besoin d’être bridées. https://www.youtube.com/watch?v=VZPZGOBNmZI D’ailleurs, tu joues la carte de la sensibilité à 100 % en incluant des mouchoirs dans l’un des packs proposés à la vente. Comment est venue cette idée très originale ? Alors l’idée vient pas de moi ! (rires) C’est mon avocate qui l’a eu. Et on trouvait ça vraiment super drôle.  Avec mon équipe on s’est dit, pourquoi pas jouer le truc à fond ? Du coup, je leur ai dit, on pourrait faire ça et c’est moi qui

Interview Dana Foote (Sir Chloe)

Image à la Une pour notre rencontre avec Dana Foote (Sir Chloe) | © Mélanie Pierrat

« L’idée de la forme d’arche pour le titre de l’album est venue de boîtes d’allumettes vintage ! » Avant leur passage au Main Square Festival le 2 juillet prochain, Sir Chloe se sont produits au Trabendo le 9 juin 2023. Nous en avons donc profité pour rencontrer Dana Foote, leader du projet. Vous êtes venu.e.s en France l’année dernière, vous avez donc eu un aperçu du public français. Vous avez hâte de jouer ce soir ? Oui, on a vraiment hâte ! Please vont jouer notre première partie. C’était déjà le cas l’année dernière pour Paris et Londres. Donc on a vraiment hâte ! C’est fun de se retrouver et on a hâte de les revoir eux aussi en live! Vous allez jouer au Main Square Festival le mois prochain, on se demandait si vous préparez vos concerts d’une façon différente pour un festival et pour une salle plus classique comme le Trabendo ? Pour les festivals, on joue moins longtemps. En général, c’est entre 25 et 30 minutes. On a un set raccourci qu’on appelle le « chaos set », parce qu’il est composé de nos chansons les plus rapides et celles où le public peut chanter avec nous ! Nous avons lu que vous aviez hâte de jouer Salivate et Obsession. Il y a quelque chose de spécial avec ces chansons ? Obsession est ma chanson préférée sur l’album que nous venons de sortir, I am the dog. Salivate, c’est une des plus fun parce qu’elle est plus intense et bruyante. Ces deux là sont juste fun en live ! © Mélanie Pierrat À propos de I am the dog, est-ce que vous avez des influences dont vous voulez nous parler ? Comment l’avez-vous écrit ? Des références littéraires ou cinématographiques ? Il n’y a pas de références littéraires directes, mais je lisais beaucoup quand l’album a été écrit. Il a été écrit sur une période de 2 ans et demi. Il y a eu beaucoup de médias différents que nous avons ingérés pendant tout ce temps. Molly Hawkins est arrivée sur le projet en tant que directrice créative. Pour la couverture de l’album, j’ai dû rassembler des photos que j’aimais pour qu’elle s’en inspire. L’idée de la forme d’arche pour le titre de l’album est venue de boîtes d’allumettes vintage ! On s’inspirait de choses et d’autres… Je pense qu’il y a des chansons qui se sont inspirées de la littérature mais je ne dirais pas qu’il y ait eu un truc en particulier pour tout l’album. En parlant de photographie, vous avez travaillé avec Grant Spanier. Comment est-ce arrivé ? Grant Spanier m’a été présenté par Molly Hawkins. Elle a également dirigé tous nos clips pour I am the dog. On a travaillé aussi avec elle en 2020 car elle a dirigé le clip de Michelle. Je l’ai rencontrée grâce à mon manager Zack Tetra. Elle a cette capacité incroyable où elle peut rassembler une équipe de rêve, faite sur mesure, et qui la suit au doigt et à l’œil en matière de création. Comme nous sommes un petit groupe, elle a eu un temps et des fonds assez limités. Mais elle a réussi à créer une équipe fantastique assez rapidement. Et Grant Spanier en faisait partie, en tant que réalisateur.  À propos de votre album, vous avez choisi le titre I am the dog, et vous avez aussi une chanson intitulée I am the dog. Avez-vous choisi cette chanson en particulier pour donner le nom à l’album ? A-t-elle quelque chose de spécial ? I am the dog a été la première chanson qui a été écrite il y a à peu près 2 ans et demi. Peu de temps après qu’elle ait été écrite, j’ai su que je voulais appeler l’album I am the dog. Juste parce que j’aimais le titre de cette chanson, pour être honnête ! L’idée de base pour l’album était que je voulais qu’il soit un album conceptuel, du point de vue d’un chien. Ça ne s’est pas fini comme ça mais c’est une autre raison qui explique le choix du titre de l’album ! © Mélanie Pierrat Vous avez également expliqué que les chansons de Party Favors ont été écrites des années avant que l’album ne sorte. Pour I am the dog, aviez-vous un temps restreint pour l’écriture ? Comment avez-vous fait ? Cet album a fini par prendre beaucoup plus de temps que prévu parce que c’était la première fois qu’on travaillait avec un label et une équipe de professionnels. Pour Party Favors, c’était seulement moi et mon guitariste Teddy O’Mara qui écrivions et produisions les chansons. Quand on a signé avec une maison de disques, on s’est retrouvé.e.s à travailler avec 15 ou 20 personnes qui donnaient leur opinion, changeaient notre timeline, nous disaient quelles chansons on pouvait écrire, quelles chansons ils voulaient eux… Donc tu commences à travailler avec plein de nouvelles règles et collaborer avec ces gens change tout dans l’aspect de création d’un album.  Notre timeline s’est vraiment allongée car on avait prévu que tout soit écrit et enregistré en un an. Et finalement, ça a pris presque 3 ans ! La plus grande différence c’est que, avec I am the dog, on a vraiment cherché à faire une œuvre en elle même, entière. Pour Party Favors, ce n’était pas intentionnel comme ça. C’était juste des chansons écrites par ci par là, qui ont finalement été rassemblées en un album. I am the dog a été écrit de manière intentionnelle. Vous avez travaillé avec d’autres musiciens sur cet album alors que vous étiez seul.e.s avant. Que penses-tu que ça apporte à l’album ? Est-ce encore votre album à vous ou est-ce différent de ce que vous vouliez faire, vous ? À cause de mon expérience, je pense que ce que je voulais faire a beaucoup changé pendant qu’on faisait l’album. J’ai appris beaucoup grâce aux collaborations avec ces gens. Je pense que ce que l’on voulait, changeait à chaque fois que l’on travaillait avec une nouvelle personne. Au final, le résultat est

Rencontre avec Mathilde Bourneuf, responsable de la Nana Academy

Mathilde Bourneuf répond à nos questions autour de la Nana Academy ! Ecole du girl power, la Nana Academy offre la parole auxNanas d’Paname, un collectif dont fait partie Mathilde Bourneuf, responsable de la Nana Academy. En cette journée internationale des Droits des Femmes, découvrez son univers.   En quoi consistent les Nanas d’Paname ? C’est un collectif de femmes solidaires avec des femmes leaders dans leur domaine et surtout porteuses de projets. Le but est de créer un réseau de femmes fortes et influentes et de défendre des valeurs telles que l’entraide, le partage, la sororité, la démarche d’accomplissement de soi… Le collectif est un écosystème d’entraide où les femmes se soutiennent, échangent, se rencontrent. Ceci est une alerte Je suis une description. Cliquez sur le bouton modifier pour changer ce texte. × Rejeter l’alerte Comment as-tu rejoint le collectif ? Assez jeune, j’ai su que je voulais faire de la communication et de l’événementiel. J’ai eu un parcours assez simple et normal : une école de pub. J’ai fait deux ans là-bas et une amie a eu l’idée de passer le CELSA. On a fait une prépa mais on n’a pas eu le CELSA. J’ai fini par faire un BTS Sup, une année de fac en L2 et une licence pro chef de projet à l’université Paris Descartes. Ça m’a donné un nouveau regard sur la communication avec trois principes : le bon sens, la logique et la créativité. Dans le cadre de cette année de licence pro, j’ai atterri chez les Nanas d’Paname pour un stage de 6 mois. En passant l’entretien, on m’a proposé un poste de social media manager. Un truc auquel j’avais jamais touché. Je me suis dit qu’il y avait un énorme potentiel dans le collectif. Mathilde Bourneuf – responsable de la Nana Academy – © Les Nanas d’Paname Je suis rentrée en janvier 2019 chez les Nanas d’Paname. À la fin de mon stage on m’a proposé de m’occuper de la Nana Academy. Je m’y occupe de tout sauf de la partie administrative. Depuis septembre 2019, j’en suis responsable. Qu’est-ce que la Nana Academy ? Quelle est son histoire après que tu aies repris les rênes ? C’était une idée que les directeurs des Nanas d’Paname, Édouard Couturier et Chloé Bonnard avaient en tête depuis très longtemps. Ils m’ont proposé de m’en charger à la fin de mon stage. L’histoire a été de dire que le collectif est un écosystème d’entraide où les femmes se soutiennent, échangent, se rencontrent. À la Nana Academy, on veut rendre cet écosystème d’entraide accessible. Nous sommes très présentes sur Instagram. La Nana Academy passe du virtuel au réel et rassemble la communauté autour de rendez-vous inspirants. Cela fait parti de nos quatre mots-clés : s’inspirer (grâce à des talks), apprendre (avec des masterclass), créer (avec des ateliers cuisine) et se rencontrer (grâce aux apéros-réseaux). La Nana Academy veut pouvoir faire intervenir des femmes des Nanas d’Paname et des femmes expertes dans leur domaine afin de vous offrir les meilleures pour vous inspirer. Le but ne s’arrête pas au féminisme. Celles qui ont besoin de se sentir écoutées, se sont les femmes. Et sur un large panel de sujets : de la confiance en soi à la charge mentale, en passant par comment se libérer des relations toxiques, l’écologie, octobre rose, le self-love ou plus récemment le plaisir féminin… Vous dites qu’il y a des sujets non-féministes, quels sont-ils ? En réalité les sujets sont très larges. Aujourd’hui les Nanas d’Paname, c’est avant tout un collectif basé sur cette force humaine. Ses relations humaines nous amènent à aborder de nombreux sujets comme : les relations toxiques, la question du harcèlement de rue, le harcèlement scolaire – et toutes formes de harcèlement -.  Mais également le handicap, le racisme… On a vraiment envie de diffuser des valeurs de bienveillance et d’entraide avant tout et ça vaut autant pour les relations hommes-femmes, femmes-femmes ou hommes-hommes.  Les Nanas d’Paname sont une “safe place” où il n’y aura aucun jugement, aucune discrimination par rapport à la différence puisque, justement, nous avons envie de cultiver cette différence. Vous dites que les Nanas d’Paname est un lieu d’entraide et de bienveillance. Le collectif est-il ouvert aux personnes transgenre, non binaires, intersexe,… ? Une future Nana d’Paname, qu’elle soit trans, non binaire ou cisgenre, ça n’a pas d’importance. On recrute des personnes inspirantes, porteuses de projets et qui ont envie de contribuer à un projet humain avant tout.  Les Nanas d’Paname sont une “safe place” où il n’y aura aucun jugement, aucune discrimination par rapport à la différence puisque, justement, nous avons envie de cultiver cette différence. D’inciter les femmes du collectif à embrasser cette différence. À en faire une force. Ce, que ce soit par rapport à leur orientation sexuelle ou si elles ont envie de prendre la parole. Le but est d’avoir des personnes ouvertes à l’idée d’en parler. Nous, on les accompagne pour donner de la force à leur message.  Ça peut aussi être des personnes avec des particularités physiques. Je pense notamment à Julie Bullier – fondatrice du compte Instagram La fille qui a des tâches -. En ce moment, elle sensibilise au harcèlement dans les écoles. La question du genre ne se pose donc pas dans le recrutement aux Nanas d’Paname, en tant que Nana d’Paname ou dans notre équipe. Sur le site des Nanas d’Paname une citation dit : « Notre force réside dans nos différences ». Qu’est que cela signifie pour vous ? C’est notre mantra. Elle veut dire que ce sont les différences qui font nos forces collectivement et individuellement. Chez nous, la différence signifie la diversité et la différence des standards de beauté imposés par la société. Quelle est la femme qui vous inspire ? J’en ai même trois ! D’abord un duo : « Elise et Julia ». Elles sont hyper badass. Elles ont eu la capacité de créer le média « Fraîches », puis, leur agence et d’affirmer leurs idées haut et fort.  Enfin, Audrey Contino. C’est la dernière à avoir rejoint le collectif même si, en réalité, elle connait Les Nanas d’Paname depuis le début. Elle a son agence de com et travaillait avant dans le textile. Elle a un cœur gigantesque. C’est sincèrement une

Harcèlement scolaire : Rencontre avec Matthieu Meriot

Ancienne victime des violentes brimades de ses camarades et auteur de deux ouvrages sur son vécu, Matthieu Meriot nous parle de harcèlement scolaire. Lancée en 2015, la journée nationale contre le harcèlement scolaire vise à détecter ces agissements, libérer la parole et permettre aux victimes de trouve de l’aide. À cette occasion, nous avons rencontré l’auteur du livre « Un enfer scolaire » : Matthieu Meriot. À partir de quand vous êtes-vous fait harceler ? Matthieu Meriot : Cela a duré de la maternelle jusqu’en classe de quatrième. J’ai tout gardé en moi jusqu’à mes 14 ans pour ne pas inquiéter mes proches. Mon harcèlement était aussi bien physique que moral. Ma famille ne se rendait compte de rien car je gardais tout pour moi.  Pour mettre fin à ce calvaire, je me suis mutilé à plusieurs reprises et fait trois tentatives de suicide. Aujourd’hui je relativise, mais je prends conscience que j’aurai dû en parler plus tôt. Dès que je me suis confié, on m’a soutenu et depuis lors, je suis toujours suivi psychologiquement. Vous dites que votre compte Twitter vous a apporté beaucoup de soutien. Plutôt étonnant de la part d’un réseau social souvent décrié pour sa violence ? Je veux justement montrer le côté positif de cette plateforme. Je trouve que Facebook est un peu mort. Les gens ne vont pas forcément partager les publications donc Twitter attirera plus de personnes. C’est surtout une question de visibilité. Bien sûr qu’il y a de la haine et de la violence sur Twitter mais j’ai les épaules pour ne pas me laisser abattre par les messages de certains haters, ce qui n’est bien sûr pas le cas de tout le monde. « Malgré les films, les interviews, la prévention dans les écoles, il faut se demander si tout cela fait réellement avancer les choses. » Vous avez 20 ans et déjà deux livres auto-publiés. De quoi parle le dernier en date, « Les Emotions d’une vie »? J’y aborde ma façon de voir les choses aujourd’hui. Pas uniquement sur le harcèlement mais sur plusieurs thèmes comme l’art par exemple. Je pense que l’art, c’est ce que l’on crée nous-mêmes. Que ce soit par l’écriture ou par la musique. Par ailleurs, je vais continuer à écrire mais plus sur le thème du harcèlement. Je pense que j’ai fait le tour me concernant (rires). Je voudrais me diversifier et publier un livre par an. Dans « un enfer scolaire », vous finissez souvent vos chapitres par : « c’est triste, mais c’est ainsi… ». Pensez-vous qu’il n’y a quasiment pas d’espoir d’amélioration pour que le harcèlement scolaire cesse ? Je pense que l’on n’aura jamais vraiment de solutions pour que ça s’arrête. La meilleure solution est d’en parler autour de soi mais beaucoup de jeunes n’osent pas encore. C’est comme un cercle vicieux. Malgré les films, les interviews, la prévention dans les écoles, il faut se demander si tout cela fait réellement avancer les choses. Quel message voulez-vous passez aujourd’hui ? Aux jeunes notamment. Je les encourage à parler. C’est la seule et meilleure solution car tout le monde peut se dire quelque chose, sur n’importe quel type de harcèlement et pas seulement le harcèlement scolaire. Si on garde tout pour soi, la souffrance continue. Le fait d’écrire sauve aussi. Les réseaux sociaux m’ont beaucoup aidé mais il faut néanmoins être fort psychologiquement, faire la différence entre le bien (rencontrer les bonnes personnes) et le mal (les haters). Où en êtes-vous aujourd’hui ? Cela fait maintenant deux ans que j’attends d’intégrer un ESAT (Établissement et service d’aide par le travail). C’est un lieu de formation  destiné aux personnes en situation de handicap car j’ai le statut de travailleur handicapé (statut RQTH). A côté de cela, j’ai obtenu un CAP d’agent polyvalent de restauration et j’aimerai beaucoup travailler dans ce domaine. Mais l’administration n’est pas rapide, alors en attendant, je continue de témoigner sur Twitter et auprès des médias afin de sensibiliser les jeunes. Afin d’en savoir plus sur le harcèlement scolaire, n’hésitez pas à suivre Matthieu Meriot et son journal d’un harcelé sur Twitter. Vous pouvez également vous renseigner sur le site gouvernemental non au harcèlement.

The Inspector Cluzo : un groupe touchant et profondément humain

Le groupe de rock farmers, The Inspector Cluzo, a répondu à nos questions lors du Brussels Summer Festival. Tantôt en tournée à travers le monde, tantôt fermiers, The Inspector Cluzo nous ont intrigué. Nous avons profité de leur passage au Brussels Summer Festival le 15 août dernier pour aller à la rencontre du chanteur et guitariste, Laurent Lacrouts. Pour commencer, pouvez-vous vous présenter ? Laurent : On est Inspector Cluzo, un duo de blues rock, pour faire dans les grandes lignes, originaires de Mont de Marsan. Cela fait 24 ans qu’on joue ensemble et 10 ans qu’on existe. On a une structuration particulière car on est autonome. On est nos propres producteurs et on possède une ferme bio. On se projette au niveau international aussi avec nos fonds propres. Vous avez enregistré un nouvel album. À quoi peut-on s’attendre ? On va en jouer pas mal ce soir. C’est un album qui est un reflet de la vie qu’on mène, comme tous nos albums d’ailleurs. Depuis 2 ans on bosse énormément à la ferme, et il n’y a rien d’autre que le silence à part le bruit des animaux et les tracteurs. C’est donc un album très connecté à la terre. L’air s’entend dans notre album, on n’a pas peur du blanc ni du silence. C’est la particularité de la musique rurale. Évidemment, l’album reste électrique car on fait quand même du rock. « Il y a un océan entre Paris et nous, en termes de musiques, de comportements. Là où on vit c’est un autre pays. » C’est très différent de ce qu’on entend en France actuellement. No comment ! (sourire) Il y a un océan entre Paris et nous, en termes de musiques, de comportements. En terme de tout. Là où on vit c’est un autre pays. C’est un endroit très accueillant avec une mentalité anglaise et un humour pourri – que vous comprenez très bien d’ailleurs. Les vieux sont énormes chez nous. Avec l’accent qui va avec, la phrase qui reste en suspend : « tu voulais dire quoi ? ben je sais pas ». Pour enregistrez, vous êtes allés jusqu’aux États-Unis afin de travailler avec Vance Powell. Que vous a apporté cette collaboration ? Est-ce que cela a changé quelque chose par rapport à ce que vous vouliez faire ? Non, les maquettes étaient déjà faites. Mais c’est la première fois qu’on a un regard extérieur. On a toujours tout fait tout seuls. Vance est fan de notre musique et nous a dit qu’il était notre homme si on voulait, qu’il adorerait nous enregistrer. Alors, on s’est bien préparé car c’était à l’ancienne, sur bande. Et tout s’est bien passé. En 4 jours on avait fini. C’est un producteur pas trop intrusif. Sa devise est :  » I’m here to take the best version of yourself « . Donc c’est génial. Après il ne prend que des gens qui ont un univers qui sonnent et il en retient la meilleure facette. Il ne dit pas : là c’est ton défaut on va le travailler. Il se concentre sur le positif. J’ai noté tout de même que vous travaillez sans basse. Je ne comprends pas c’est vital pourtant ! Je dis ça parce que je suis bassiste évidemment. (rires) Ah d’accord ! Qu’avez-vous à dire pour votre défense ? Depuis le 1er album on a fait une chanson, Fuck the bass player, qui nous a permis de voyager dans le monde entier. En fait le bassiste ne s’est jamais pointé aux repets. Et on a vu qu’il n’y avait pas de place entre nous deux donc on a fait sans. Du coup, on a adopté un coté un peu jazz et le batteur a changé son jeu. Il est très percusif. Passons à l’agriculture. Vous avez une ferme bio. Comment gérez vous cela avec vos concerts et vos déplacements ? Hé ben c’est la merde ! Ça demande de l’organisation pour nous et beaucoup d’aide. On a ma femme qui bosse à la ferme, nos voisins qui sont là. Après on ne part jamais sur de grandes périodes ni sur des périodes clefs. On ne part pas sur la récolte du blé mi juillet ni en janvier pour le gavage. Pour le moment ça se goupille super bien. Nous avons également vu que vous avez joué dans des salons de l’agriculture mais en même temps vous vous retrouvez dans un grand festival comme celui-ci. Comment vous décidez du lieu de vos représentations ? C’est quand ça nous tient à cœur et quand c’est cohérent. On a des propos avec des convictions fortes dans nos chansons. Et il y a des endroits avec de vraies valeurs. C’est très consensuel. Au salon de l’agriculture il y avait une acoustique super intéressante et on joue devant des vaches. C’est original.  Par exemple quand c’est un festival avec Live Nation, on prend le cachet et on le reverse. Là on attend une réponse pour jouer en Argentine et au Brésil. Par contre il y a des endroits où on ne veut pas aller car il y a des conflits d’intérêts, où si la programmation ne nous correspond pas. On vient de jouer au festival Le bout du monde en Bretagne. C’est un festival magnifique et c’est cohérent. Type africain avec du bon son. On est du rock donc de la world music pour eux. On a emmené 20 000 personnes et c’était formidable. « C’est important de préserver les cultures locales dans un pur but écologique. » Et quand vous jouez à l’étranger, en profitez-vous pour échanger des savoirs agricoles avec les locaux ? Oui on le fait souvent, dès qu’on peut. On aime bien discuter avec les locaux. C’est important de préserver les cultures locales dans un pur but écologique. Eux savent exactement comment faire là où ils sont, et cela n’aura rien à voir avec le régime alimentaire. Ici on mange du poisson à telle période, puis un autre aliment à une autre période, et c’est logique, fluide. C’est des endroits où tu te sens Humain avec la preuve qu’on arrive à s’adapter, qu’on n’est pas que négatif. Je vais vous donner un exemple.

[Interview] Conversation avec Manu

« Ce n’est pas parce que les tempos ne sont pas speed et les guitares ne sont pas à onze que c’est pas rock ! » A l’occasion de la sortie de son nouvel album, La Vérité le 4 décembre dernier, Manu nous a gentiment accordés un peu de son temps pour répondre à nos questions ce même jour, tandis que la salle du Gibus se préparait à recevoir la chanteuse pour sa Release Party. Tenki Ame était un album un peu spécial, de type ovni, dans ce que tu as pu faire jusqu’à maintenant. Il y a une collaboration avec le dessinateur Niko Hitori qui se poursuit depuis cet EP (visuel de l’album La Vérité), y en aura-t-il d’autres ? Manu : J’espère bien, parce que je suis assez fidèle avec les gens avec qui je travaille. Mais des fois, ils ne sont pas toujours disponibles pour travailler avec moi ou alors nos chemins, et nos projets diffèrent. Niko Hitori, ça fait un moment que je suis ce qu’il fait, je suis très fan, donc, quand il y a eu la parenthèse enchantée de l’EP Japonais, on a tout de suite pensé à lui. Par contre, je ne savais pas s’il serait ouvert à changer un peu de genre parce que je lui ai demandé quelque chose de très précis pour La Vérité. Ça devait être un noir et blanc, correspondre à la musique, avec du mouvement. Je voulais un trait beaucoup moins doux que pour l’EP. Ça l’a beaucoup excité. Il a écouté les démos à l’époque, il a été inspiré et il a fait ça très vite. L’idée, c’est que, de toute façon, ma tête, je ne l’ai jamais mise du temps de Dolly, donc je ne vais pas commencer maintenant. On s’en fout un peu, et ça ne va pas aller en s’améliorant en plus (rires), donc le fait que ce soit un dessin je suis vraiment fan ! Peu de temps s’est écoulé entre Mon étoile, L’EP Tenki Ame et La Vérité. Comment se déroule l’écriture de l’album, et les tournées aident-elles dans le processus ? Non pas trop parce qu’avec l’EP Japonais, on n’a pas vraiment tourné. En plus, on était plutôt en formation électro-acoustique. On avait incorporé de la harpe, du violoncelle et on a fait quelques concerts comme ça. On s’est fait plaisir avec une formation complètement différente, ce qui a du m’aider à avoir envie d’entendre des grosses guitares je pense. C’était très bien et je pense que j’aimerais bien mener de front les deux formations, parce que la version acoustique avec la harpe et le violoncelle ça permettait d’aller à l’essentiel, c’était très dépouillé, alors que la version électrique ça envoie…. il me faut les deux ! Ce serait l’idéal ! Comment s’est passée la composition après ? Je me suis enfermée toute seule chez moi et j’ai branché la guitare. Je l’ai mise à fond (rires). J’avais enregistré mon batteur, Nirox (Thierry Ndlr), avec deux micros et je l’avais fait jouer pendant une demi-heure. Ensuite, j’ai découpé toutes ses parties pour m’en servir de base pour chaque chanson en fait. Son jeu m’inspire beaucoup. J’ai trituré ses parties dans tous les sens à ma petite sauce et puis j’ai composé comme ça. Pourquoi être revenue aux sources après avoir créer un univers bien à soi en solo ? La dernière étoile, pour moi, c’était pas un album calme. J’ai jamais compris pourquoi on me disait « oui, elle s’éloigne du rock  ! » Il est résolument rock cet album ! Ce n’est pas parce que les tempos ne sont pas speed et les guitares ne sont pas à onze que c’est pas rock quoi ! Mais il est vrai qu’on me le dit souvent. Je ne devais sans doute pas être prête. J’avais besoin d’aller ailleurs. Avec Dolly, j’avais fait ça pendant quatre albums, donc j’avais envie d’aller explorer ailleurs. Puis là, l’envie est devenue d’autant plus forte, puisque, justement, pendant un an je n’ai fait que des concerts acoustiques. Donc c’est vrai que, quand je me suis retrouvée toute seule, ça a été le défouloir ! Mais il y a quand même une chanson qui comporte harpe et violoncelle (ndrl Je pense à toi) pour faire une petite pause dans l’album. Et c’est le moment magique, un petit bijou. « C’est la violence des mots, la violence physique et qu’on pense qu’avec un petit bisou, ou un petit cadeau, on rattrape tout, mais non. » Sur le titre Un baiser dans le cou, nous avons eu l’impression d’écouter un texte très fort sur la violence conjugale, quel était ton ressenti en l’écrivant, que voulais-tu raconter ? C’est ça, violence conjugale, ou pas d’ailleurs. La violence des mots… Comme je suis une femme, on va souvent parler de ça, mais c’est la violence des mots, la violence physique et qu’on pense qu’avec un petit bisou, ou un petit cadeau, on rattrape tout mais non. C’était pour jouer avec le mot (cou/coup ndlr), mais ce n’est effectivement pas qu’un jeu de mots. C’est ce que tu as dit, si on veut l’entendre bien sûr, parce qu’un texte a souvent plusieurs lectures. Mais là, je pense que c’est assez direct quand même comme propos. Pourquoi ton choix s’est-il porté sur une reprise de Teenage Kicks de The Understones plutôt qu’un autre groupe/une autre chanson ? Je fais très rarement des reprises. Je crois que c’est la première fois que j’en fais d’ailleurs. Même avec Dolly, je ne suis pas certaine qu’on en ait fait ou pas beaucoup… Pas en album en tous cas. C’est une chanson que Patrick (Giordano ndlr) écoute et m’a fait découvrir. Je connaissais inconsciemment en fait mais je ne pouvais pas citer The Understones… Mais j’étais fan de cette chanson. Pour cet album, je me suis replongée dans pleins de trucs que j’écoutais avant, les Ramones, Understones, même les Rubettes, les Pixies, Sonic Youth… J’ai fait une chanson qui s’appelle Bollywood et je me suis rendue compte que les accords étaient les mêmes que ceux de Teenage Kicks, donc pour être en accord avec moi-même, je me

Un moment de partage avec Supervision 3.

«  La musique pour moi ça veut dire échanger » En prévision de leur concert au Gibus le 4 Décembre 2015 en première partie de Manu, Les Insouciantes sont allés à la rencontre de Stephen Fozard alias Steve et Boris Jardel du groupe Supervision 3., que nous vous faisions découvrir l’an passé à l’occasion des Rockeurs Ont du Coeur de Nantes. Boris, tu as ce projet en tête depuis un certain nombre d’années maintenant, et initialement James Eller et Maxime Garoute en faisaient parti. Le changement “d’équipe” a-t-il eu lieu en fonction des projets de chacun ? Boris Jardel : Par rapport à ce que tu viens de dire, James et Maxime c’était plus dans ma tête que pour de vrai. Le fait est qu’ils tournent énormément, et même si on a réussi à faire des trucs, faire revenir James pour répéter et Max qui était tout le temps parti, c’était trop compliqué. Ça c’est plutôt passé côté création, studio, on s’envoyait des trucs. Ce qui se passe aujourd’hui, le vrai line-up, c’est le moment où Steve arrive j’ai envie de dire. Le changement de line-up ne t’as donc pas donné envie de changer le nom du projet ? Boris : Disons que je me suis laissé porter. Dès le moment où je savais que James et Max ça pourrait pas le faire, j’ai dû rester un petit moment tout seul puis y a eu Van, grâce à qui j’ai connu Steve. Mais il n’y a pas de volonté de ma part de dire tiens toi tu dégages, toi tu restes. C’est juste que ça se passe comme ça se passe, et il est devenu assez évident que c’était de Steve dont j’avais besoin. Comment s’est produit la rencontre avec Cathy Gerber et Simon Gardaix ? Boris : Ma fiancée m’a fait rencontrer Cathy, et ça a été entre guillemets le coup de foudre. Et Simon, bah voilà, c’est le hasard mais qui fait bien les choses. À partir de là, je pense que la base est là et on risque pas de changer avant un petit moment ! (rires) Suite à votre premier live aux Rockeurs Ont Du Coeur à Nantes (Décembre 2014), nous avons été surprises de découvrir des morceaux qui n’avaient plus rien à voir avec les démos de 2007. Comment expliquez-vous ce tournant ? Boris : (pointe du doigt Steve en riant ) C’est de sa faute ! Tout est de sa faute ! Steve : C’est le fameux « Hold Up ! » Boris : Il est arrivé un jour et m’a dit c’est bien Boris, mais quand même ce serait mieux si…. Vas-y explique ! Steve : C’est à dire que, quand un mec fait une maquette chez lui, ça ressemble à la chose que vous avez entendu apparemment, et c’est d’ailleurs ce que j’ai entendu aussi ! Quand on s’est rencontré plus ou moins, la première fois qu’on s’est vu en live, on buvait des bières, et puis là, il m’a fait écouter à peu près tout son disque dur, ça a duré jusqu’à sept heure du matin je crois… Boris : Sept heure et demi ! (rires) Steve : Là, j’ai découvert parce que j’en avais juste entendu une par Van, une qui s’appelait Air France à l’époque (ndlr : devenue Innocence). J’avais été assez impressionné par ça et je trouvais que la chanson était vachement bien, donc j’ai commencé à faire une mélodie dessus, parce qu’il n’y en avait pas, et voilà ce qui m’a permis de rencontrer Boris qui a adoré. Suite à cette fameuse soirée j’ai découvert qu’il y en avait plus qu’une. Y en avait plutôt une dizaine voir une quinzaine qui étaient vraiment excellentes. Après effectivement, quand un groupe joue les maquettes qui ont été créées par une personne, plus une autre personne, chacun chez lui, il y a la sauce qui se fait à trois, quatre, assez naturellement. Donc, ouais, les chansons sont les mêmes à peu de chose près, mais forcément, quatre nouvelles personnes qui les jouent ça changeait l’ambiance et la manière de les jouer je pense. Et de surcroît, quand y a une nouvelle voix dessus. Boris : Non, puis les morceaux, enfin moi qui voit ça de l’intérieur, j’ai toujours su que ce que je faisais tout seul c’était arrivé à un stade où ça stagnait. Mais voilà, quand tu commences à être bien entouré avec des gens qui ont des idées, fatalement tes petites maquettes qui ont trois ans, elles grandissent, mûrissent, sont là. Donc voilà, merci pour ça en tous cas. Ma philosophie de la musique, c’est que même si je suis un grand fan des Who et de Pete Townsend, moi je serais plutôt de l’école de Lennon/ McCartney.  Nous avons remarqué que vos textes étaient poignants. Comment se déroule le processus d’écriture ? Steve : Vas-y bébé ! Boris : C’est à dire que pour le moment, on a pas non plus un répertoire de folie, mais il y a des choses que moi j’avais faites tout seul, comme un grand, parce que je pense que je me débrouille pas trop mal en anglais. Moins bien que Steve, mais bon quand-même. En fait si on doit compter ce qu’on a là niveau texte, il y en a trois de Steve et moi j’en ai deux. Mais c’est vrai qu’on écrit pas des textes ensemble pour le moment, ce n’est pas encore arrivé. On compose ensemble, mais pour les textes il est plutôt autonome et moi aussi de mon côté. Après je sais pas comment dire ça, je lui fais confiance, je parle bien anglais donc je comprends à peu près tout ce qu’il raconte et si je n’aimais pas je lui dirais. En l’occurrence ça me plaît ce qu’il raconte. Steve : Et puis c’est toujours assez vague pour que tu comprennes pas exactement de quoi je parle. (rires) Boris : Voilà ! Pour aborder le sujet des premières démos, Boris, tu t’essayais au chant, mais à Nantes on a pu voir que tu te cantonnais aux chœurs. Un retour au lead est-il envisageable sur quelques morceaux ? Boris : Oui mais

[INTERVIEW] Rencontre à Londres avec Mademoiselle K

Image à la une en noir et blanc représentant la chanteuse française Mademoiselle K

« Ma référence c’est vraiment ces mecs qui sont un peu dans la merde, dans la banlieue grise et noire, qui ont un truc super dark et glauque et qui arrivent à faire un truc magnifique et un peu fragile. » Dans le cadre de la 50e édition du Paris Is Burning c’est Mademoiselle K qui est venue jouer le 12 juillet 2014 au Lexington. Au coeur de la nuit londonienne, nous avons profité de cette venue pour la rencontrer et discuter de son quatrième album à venir.  Les Insouciants : Pour ton quatrième album studio, tu as fais le choix de t’exprimer en anglais. Cependant, ce n’est pas la première fois que tu écris dans cette langue puisque l’on pouvait trouver In English dans les bonus de Ça Me Vexe. Si ce texte se moquait à l’époque des français qui écrivaient des morceaux sur « rien », aujourd’hui, tu es tout de même la preuve qu’il est encore possible de véhiculer des messages par le biais de l’anglais. Mademoiselle K : Ouais, c’était une blague In English ! En fait, j’ai fais ce choix parce que j’avais rien à dire ! (rires) Non, si j’ai fais ce choix, c’est parce que j’avais vraiment une « ENVIE DE CHANGEMENT ». C’est con, mais c’est la meilleure explication que je puisse donner parce que ça fait vraiment un changement dans la manière de faire. Une autre langue ça chamboule beaucoup de choses et ça fait appel à la création d’un nouveau monde. C’est à dire que ta pensée passe non plus par ta langue maternelle – sachant que j’en avais deux, le français et le polonais -, ce qui est déjà pas mal, mais par une autre langue qui n’est pas la tienne avec toujours pour but de faire passer tes émotions les plus primitives comme en français. C’est vraiment un changement. Un vrai kiffe de se mettre en danger en sortant de la zone de confort qui est le français. Pourquoi ne pas avoir fait le choix d’écrire en polonais alors par exemple ? C’est sympa le polonais mais j’aime mieux l’anglais. (rires) Je voulais vraiment ce que je connaissais pas. J’aime beaucoup l’espagnol effectivement aussi, mais je le maîtrise moins que l’anglais. Le fait de passer à l’indépendance t’as permis non seulement d’avoir la main sur ton album, mais également sur l’esthétique puisque tu as pu réaliser ton premier clip avec Glory. Le visuel je l’ai toujours géré moi-même. Même en maison de disques. Et globalement, c’est quand même à toi de le gérer en major pour savoir où tu vas. Puisque si la major t’aide et te donne les moyens pour ça, c’est quand même bien de savoir ce dont tu as envie et où tu vas. Le fait de le faire en indé, c’est aussi lié au fait que je passe à l’anglais. La maison de disque m’a dit « si tu fais pas au moins la moitié de ton album ou les 3/4 en français, nous ça nous intéresse pas. On pense à ton public« , etc. Donc concrètement, j’ai monté ma boite. Je le fais effectivement en indé et j’ai signé une distribution avec Believe. Ils font pas mal de groupes. C’est la grosse tendance actuelle, donc je suis une artiste tendance ! En parlant de maisons de disques, tu abordais déjà la difficulté à entrer dans l’une d’entre elle avec Ça Me Vexe. Et aujourd’hui, Glory s’impose en disant que tu t’en fous qu’ils te rient au nez, non ? C’est pas faux ! Il y a des cycles comme ça qui reviennent. C’est vrai qu’il y a un truc. Glory, c’est un peu plus global. C’est sur la gloire, tout ça. Mais c’est vrai qu’il y a un truc un peu comme ça, ouais ! Quant à ton public, on a pu voir sur la pré-tournée et encore ce soir que malgré tout, tes fans continuent à te suivre. Comment vis-tu cela ? Est-ce une motivation pour continuer à te battre contre ceux qui ont voulu te mettre des bâtons dans les roues ? En fait, ce qui est marrant, c’est que je pense qu’il y a d’abord eu un premier discours de quelques personnes qui ont dit : « Alors ça y est, tu veux t’exporter dans le monde entier ? Tu veux faire du business. » Et quand ils ont entendu que je m’étais faite virée de ma maison de disques parce que je chantais en anglais, il se sont dit : « Ah ouais, la meuf elle a persisté. Elle s’est fait virée, et maintenant, elle est à la rue parce qu’elle a voulu faire son truc en anglais. » Quelque part, il y a une espèce de double mouvement. D’abord, c’était « ah ouais, d’accord, tu nous lâche… Putain c’est notre langue…« . Et ça continue encore. Je comprends tout à fait, parce qu’ils y en a qui me disent aussi qu’ils comprennent plus ce que je dis et qui doivent faire un effort. Mais tout le monde doit faire des efforts dans la vie ! (rires) Mais je comprends qu’on ait pas envie de faire des efforts quand on écoute de la musique. Je pense aussi que j’ai tout à fait conscience de ce qu’est l’habitude par rapport à quelqu’un. Par exemple, c’est vraiment avec quelqu’un que t’aimes hein ! T’es avec quelqu’un, t’as l’habitude de cette personne, et finalement, tu la regardes plus. T’as l’habitude de la voir, tu vois une représentation de cette personne, mais c’est pas sûr que tu regardes. Est-ce que t’aimes cette personne là ? Est-ce qu’elle est toujours ce que j’ai aimé quand je l’ai rencontré à un moment ? Ou est-ce que cette personne là est toujours l’image de celle que j’ai aimé il y a 5 ans mais l’image est restée… Bon, elle sort des albums, c’est cool. J’aime ce qu’elle fait, mais est-ce que ça me secoue ? Je prends pas les gens pour des cons, mais j’ai conscience aussi de la puissance de ce qu’est l’habitude pour eux : une meuf

Pendentif se prête au jeu des questions-réponses

« La pop en français est un langage universel » Les bordelais de Pendentif s’exporte à l’international. Une tournée en cours, un second album qui pointe le bout de son nez, un nouveau clip réalisé par Steven -l-l-l- Monteau, La Nuit Dernière, qui se prépare… et pourtant Pendentif prend tout de même le temps de répondre aux questions que nous leur avons envoyé! Les Insouciantes : Presque un an s’est écoulé depuis le Kursaal à Dunkerque alors que vous veniez de faire la première partie d’Indochine. Depuis la critique n’a fait que vous encenser, le public est au rendez-vous, votre premier album Mafia Douce connaît le succès. Quel est votre état d’esprit par rapport à tout cela? Garde t-on la tête sur les épaules, ou vous sentez-vous changer ?  Pendentif : On est super content des retours sur notre album, cela nous permet surtout d’être sollicité par les salles de concerts et donc de tourner plus. Les gens qui viennent nous voir connaissent les chansons et cela donne des concerts où il y a plus de partage et de connivence avec le public et c’est ce qui nous fait le plus plaisir. On change pas, on s’éclate et on profite du moment. A cette même période vous aviez décrit votre musique comme lumineuse, mais il se murmure qu’un second album se prépare et que celui-ci pourrait être un peu plus noir, pouvez-vous nous en dire plus ? C’est vrai que les derniers titres que l’on a composé pour Mafia douce étaient plus dans des tonalités froides et électro, on va dire « bleu nuit ». On va sans doute creuser un peu cette veine pour le second album. Mais on cherche également en ce moment à créer des titres dansant, groovy avec des influences disco et house, notamment ce son « baggy » qu’on trouvait en Angleterre début des années 90, avec un mélange de guitares éthérées, psyché et des beats empruntés à l’acide house des boites de nuit. Pour les concerts on essaie de transcender l’album. C’est plus électrique et plus dansant. Les émotions sont plus fortes et surtout le public est là pour galvaniser tout ça ! En attendant, pour l’instant vous êtes sur les routes, quelle partie de votre travail préférez vous : la réflexion, la conception, la performance scénique ? Pas trop de réflexion chez nous, on fait les choses de manière empirique, à l’instinct. On adore tout le travail de réalisation de démo que l’on fait dans dans nos home studios. On s’échange les projets, on passe chez les uns et les autres pour enregistrer des voix, des arrangements. C’est très libre. On danse, on s’enflamme sur une instru’ qui ne nous plaira peut être plus le lendemain, mais c’est pas grave. On expérimente, on fantasme, on imagine les images qui iront avec, on réfléchi à ce que cela pourrait donner sur scène. C’est assez jouissif et intense. Pour les concerts on essaie de transcender l’album. C’est plus électrique et plus dansant. Les émotions sont plus fortes et surtout le public est là pour galvaniser tout ça ! Pendentif est maintenant un groupe qui s’exporte à l’international : vous allez notamment donner deux concerts au Royaume-Uni, votre album y est d’ailleurs sorti début février, il est également sorti au Japon, votre titre « Ondine » a été remixé par Amateur Best… Comment tout cela s’est concrétisé ?  C’est l’équipe de notre label Discograph qui s’occupe de ça. On a vendu quelques albums au Japon sans promo, donc ils ont envoyé un attaché de presse pour sortir le disque officiellement. Ça reste underground, mais ça fait plaisir de s’exporter, de montrer que même la pop en français est un langage universel. On a récemment eu un article sur le site de MTV au USA, on faisait parti avec 6 autres groupes de nationalités différentes « des groupes dont on a pas besoin de connaitre la langue pour ressentir l’émotion qu’ils véhiculent ». C’est cool de renverser la vapeur, nous qui avons écouté de la musique anglo-saxonne toute notre vie sans forcément comprendre les paroles, mais en ressentant le message quand même. On est en train de finir de tourner un clip en extérieur, la nuit, sur le titre La Nuit Dernière (…). On avait invité 50 personnes avec un événement facebook, et on a dû négocier avec la police qui est arrivé en cours de soirée ! En avril 2013, par rapport au choix du français vous disiez: « c’est la langue qui pour nous permet de faire passer nos textes, nos émotions de manière directe, sans la barrière de la langue ». Comptez vous garder cette identité française tout en inscrivant toujours votre musique dans une pop anglo-saxonne, ou continuer à vous exporter, mais cette fois-ci dans vos textes mêmes ?  On va continuer d’écrire en français car le challenge créatif se trouve là, faire sonner notre langue dans des territoires qui n’ont pas été trop explorés, par exemple. Le groupe Third Mirror nous a fait un remix Shoegaze du titre Embrasse moi et c’est notre préféré car on avait pas entendu ça avant. On adore circuler dans les styles, on n’est pas un groupe qui creuse le même sillon musical. En ce moment Mathieu fait des titres qui sonnent Trip Hop, il veut transformer Cindy en Tricky, mais je crois pas qu’elle est la voix pour ! Le futur, c’est la préparation d’un second album, vos dates, vos concerts ? Qu’est-ce qui occupe vos esprits en ce moment ?  On est en train de finir de tourner un clip en extérieur, la nuit, sur le titre La Nuit Dernière [ndlr. Clip réalisé par Steven -l-l-l- Monteau]. On fait des actions sur des ronds points, on en a même transformé un en dancefloor avec sono et light. On avait invité 50 personnes avec un événement facebook, et on a dû négocier avec la police qui est arrivé en cours de soirée ! On a ensuite été convoqué au commissariat car ils ont reçu des plaintes ! On tourne en 16 mm, donc on retrouve les joies de l’argentique, la pellicule qui casse, les scènes qui faut refaire car on ne

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