« Le Consentement » ou l’emprise d’un pédophile acclamé par la critique littéraire
Dans Le Consentement, Vanessa Filho met en images la relation de Vanessa Springora avec l’écrivain Gabriel Matzneff. Un film avec pour thématique l’emprise d’un véritable prédateur. Sortit en salle le 11 octobre 2023, Le Consentement est largement inspiré du récit éponyme de Vanessa Springora publié en 2020. Sur fonds d’années 80, Vanessa, 13 ans, côtoyait écrivains et férus de littérature lors de dîners mondains. Parmi eux, Gabriel Matzneff, un écrivain qui se révèlera être un effroyable prédateur. TRIGGER WARNING Le Consentement aborde la pédocriminalité. Il n’est donc par recommandé pour toutes et tous ! × Ignorer cette alerte. Une époque où il était interdit d’interdire: entre complicité et laxisme Le Consentement débute dans une cour d’école. Une scène à priori banale. Pourtant, Vanessa Springora (Kim Higelin), 13 ans n’a rien de l’adolescente lambda. Habituée aux dîners mondains donnés par sa mère (Laetitia Casta), elle y apparaît comme une enfant timide, n’adressant la parole à personne. En revanche, elle y écoute très attentivement un homme chauve, la cinquantaine passée et au phrasé particulier : Gabriel Matzneff. Grimé pour l’occasion, Jean-Paul Rouve tient ce rôle particulièrement effrayant. En premier lieu prévenant, son personnage envoie par la suite des dizaines de courriers à Vanessa. D’abord réticente à cette relation, la mère finira par laisser les choses se faire. Le tout, par lassitude ou aveuglement, comme si elle aussi, était sous emprise. À moins que ce ne soit de la jalousie. Une mise en parallèle entre une femme délaissée par son mari – par les hommes en général -, en proie aux addictions et sa fille, jeune, innocente et déjà très convoitée. L’un des passages les plus marquant reste l’intervention de Denise Bombardier dans Apostrophes. Émission où l’écrivaine québécoise y attaque frontalement Gabriel Matzneff, reprochant à sa littérature de servir «d’alibi» à ses crimes et abus de pouvoir. «Moi, M. Matzneff me semble pitoyable», lance-t-elle avant de poursuivre : «Comment s’en sortent-elles, ces petites filles, après coup? Moi je crois qu’elles sont flétries et la plupart d’entre elles, peut-être, pour le restant de leurs jours.» Ce jour là, en plateau, elle est la seule à remettre ces agissements en question face à des invités hilares. Face à cette émission, la mère de Vanessa éteint la télévision. En effet, ces paroles entrent en contradiction avec ce qu’elle laissait faire au même moment au sein de son propre foyer. En outre, lorsque le personnage de Vanessa décide de rompre avec son « amant », celui-ci appelle inlassablement, et en pleine nuit sur le téléphone du domicile familial. La mère s’étonne alors : « Mais, c’est dommage, il t’aime bien pourtant. » Un passage qui a largement fait soupirer d’exaspération l’entièreté de la salle, marquant ainsi désapprobation et incompréhension. Deux rangées derrière la notre, nous avons même pu entendre un couple chuchoter « C’est tellement dégueulasse« . https://www.youtube.com/watch?v=H0LQiv7x4xs&t=2s Une relation d’emprise qui va crescendo Sans connaissance du contexte, on pourrait croire que Le Consentement est une histoire d’amour entre un homme et une femme incluant une grande différence d’âge. Ce qui dérange certains, même lorsque les deux parties sont majeurs. Cependant, il n’en est rien. Car on le répète, Vanessa n’a que 13 ans et l’homme face à elle à le quadruple de son âge. Et bien que Kim Higelin, l’interprète de la jeune fille en ait 23 en réalité, la voir dans ce rôle nous met mal à l’aise. Évidemment, comme dans chaque relation impliquant de l’emprise, tout débute de manière quasi romantique. Dans les années 80, on parle ici de relation épistolaire. D’abord, uniquement du côté de Gabriel Matzneff. Puis, de Vanessa. Viennent ensuite les premières balades et enfin, une invitation à l’appartement de l’homme. Lieu où, pour détendre l’atmosphère, Matzneff met de la musique sur son tourne-disques, esquissant quelques pas de danse un peu gauche. Mais, comme dans toute relation toxique, le vrai visage du prédateur ne tarde jamais à se dévoiler. Étape par étape, on passe ainsi d’avances, à la séduction, et bien sûr, la manipulation. SPOILER & TW 1 Tout au long du films, les scènes “d’amour” sont vraiment déstabilisantes. En effet, elles mettent en images ce que nous avons lu dans le livre. Ce ne sont donc pas deux personnes qui s’aiment comme on veut bien nous le faire entendre, mais une adolescente abusée par un homme de 50 ans. Homme qui lui fait croire que tout cela est “très beau, très rare” et bien sûr, “que de l’amour“. Gabriel Matzneff (Jean-Paul Rouve) et Vanessa Springora (Kim Higelin) Pour Vanessa, la désillusion est terrible. Elle, que Matzneff appelle souvent « mon enfant », découvre qu’il cumule en cachette les « amours » avec d’autres adolescentes. Parfois, en même temps. Et pour ne rien arranger, qu’il pratique également le tourisme sexuel sur de petits garçons aux Philippines. C’est notamment la lecture de l’un des livres de l’écrivain qui agit comme élément déclencheur et véritable prise de conscience. En effet, Matzneff y décrit sans vergogne sa passion pour « les culs frais de Manille« . On découvre alors une adolescente tantôt désoeuvrée, abattue, tantôt en proie à une énorme crise de panique. Le tout, dans la chambre d’hôtel permanente de son amant. Là, seule face à un miroir, elle réalise ce qu’elle vient de lire. Dans son reflet, elle aperçoit alors quatre ou cinq jeunes garçons dont certains d’origine asiatique. SPOILER & TW 2 Parmi les scènes choquantes compte également un jour où Vanessa et Gabriel Matzneff sont dans leur chambre d’hôtel. L’homme y apparaît assis au bord du lit, chemise ouverte et pantalon baissé jusqu’aux chevilles, sexe apparent. S’en suit une fellation montrée de manière subjective. Une scène qui a également secouer la salle. Avis final Le Consentement est un film qui marque. Pas seulement pour ces scènes que l’on juge glauques et malaisantes mais aussi par la dépiction de l’emprise telle qu’elle est en vérité. En effet, pour l’avoir vécu nous-même, nous savons qu’elle peut provenir d’une relation amicale, familiale ou amoureuse. Autant dire qu’après ces deux heures à regarder cela, de nombreuses questions nous viennent à l’esprit : « Comment la société a-t-elle pu être aussi laxiste ?« , « Combien d’autres enfants ont subis
Alan Rickman : Du théâtre à l’écran
De sa voix mémorable à ses rôles marquants, en passant par son engagement, Alan Rickman a tout d’un homme inspirant ! Le décès d’Alan Rickman, on s’en souvient comme si c’était hier. Les mains pianotant sur son clavier, Raine effectuait ses recherches pour un mémoire autour de l’esthétique du film A Little Chaos (Les Jardins du Roi). Chaos, c’est la sensation que nous avons eu à l’annonce de la nouvelle. En son honneur, retour sur cet homme dont la voix profonde et les rôles nous ont marqué. Une voix mémorable Rien qu’à l’entente du nom Alan Rickman, on est persuadées que la première chose qui vous vient à l’esprit est sa voix. Mais saviez-vous que ce timbre profond, lent et calme, c’est à un handicap de l’enfance qu’il le doit ? En effet, en raison de sa mâchoire inférieure très serrée, il lui était impossible d’articuler. Résultat, ses paroles sortent de manière étouffées. Avouons-le, cela n’a aucun inconvénient tant il est capable de nous faire frémir au moindre mot. Et en parlant de frémir, son interprétation du Vicomte de Valmont dans l’adaptation théâtrale de Christopher Hampton des Liaisons Dangereuses en 1985 doit son succès à cette voix inoubliable. The Guardian assurait même qu’avec « cette voix traînante empreinte de largeur, et ce visage impassible, il se glisse sournoisement et imperceptiblement dans l’action comme un chat qui connaît le chemin vers la crème« . À noter que suite à ce succès, l’acteur britannique désirait reprendre ce rôle dans Les Liaisons Dangereuses de Stephen Frears. Malheureusement, la production lui a préféré John Malkovich dont la carrière était plus florissante. Imaginez la dimension qu’aurait pu prendre le film si Alan Rickman en avait fait parti. Lindsay Duncan (Marquise de Merteuil) et Alan Rickman (Valmont) – Les Liaisons Dangereuses Courant 2008, une étude de l’Université de Sheffield conduite par le Professeur Andrew Linn a même affirmé que Alan Rickman avait une voix parfaite. En effet, après la notation de 50 voix basée sur une combinaison impliquant tonalité, fréquence, intonation, vitesse et mots à la minute, Rickman est arrivé en première position. On y retrouve également Jeremy Irons et Dame Judy Dench. Alan Rickman et le théâtre S’il est reconnu pour sa carrière cinématographique, il ne faut pas oublier qu’Alan Rickman vient avant tout du théâtre. Théâtre qu’il n’a jamais oublié, y revenant fréquemment au court de sa carrière. Parmi son nombre de crédits impressionnant, on compte pas moins de 13 pièces de Shakespeare. Enfin, 10 puisqu’il a endossé à deux reprises le rôle de Jacques dans Comme il vous plaira, joué Angelo, puis Friar Peter dans Mesure pour Mesure et Laertes, puis, Hamlet dans la pièce éponyme. Alan Rickman dans le rôle d’Hamlet | Mise en scène : Robert Sturua | Londres | 1992 N’ayant jamais eu l’opportunité de le voir sur scène, on aurait tout donné pour être assez âgé à l’époque pour le découvrir face à Helen Mirren dans Antoine et Cléopâtre ou dans une pièce d’Anton Tchekhov. En effet, il a joué dans Oncle Vania et La Mouette. Plus étonnant encore, si l’on connait les différents interprètes au cinéma de Sherlock Holmes, saviez-vous qu’Alan Rickman avait endossé les traits du célèbre détective dans une pièce en 1976 ? Nous non, mais on aurait adoré voir ça. D’autant plus que c’est David Suchet – alias Hercule Poirot – qui y incarnait le Professeur Moriarty. Alan Rickman (Sherlock Holmes) et Michael Hugues (Dr. Watson) lors d’une représentation de Sherlock Holmes au Birmingham Rep (1976) Des antagonistes iconiques On ne va pas se le cacher, les incarnations les plus marquantes d’Alan Rickman restent des « méchants ». À commencer par le charismatique, élégant et rusé Hans Gruber (Die Hard : Piège de Cristal). Premier rôle, premier succès. D’ailleurs, si Gruber reste aujourd’hui l’un des meilleurs vilains de tout les temps, c’est entièrement grâce à son interprète. En effet, en se détachant du cliché du terroriste, il a permis à son personnage de prendre une nouvelle dimension. Évidemment, nous ne pouvions aborder ses rôles d’antagonistes sans mentionner le Shérif de Nottingham (Robin des Bois : prince des voleurs). Rôle accepté uniquement après avoir eu carte blanche concernant la création du personnage. Personnellement, rien que la vue de sa coupe de cheveux suffit à nous effrayer. Mais celui qui vous a certainement le plus marqué reste certainement Severus Snape. Ayant campé le rôle pendant 10 ans, Alan Rickman a offert au personnage tout ce dont nous pouvions rêver – jeunesse en moins -. Car bien que Snape haïsse Potter, le jeu de l’acteur transpire l’histoire en résultant. Un background dont lui seul avait le secret depuis le premier film. Un acteur capable de tout jouer Bien que la carrière d’Alan Rickman ait tardivement décollé, sa filmographie n’en reste pas moins conséquente. De la romance à la comédie en passant par le drame, la palette de l’acteur est impressionnante. De part son aisance à jouer des antagonistes, le drame lui colle à la peau. On le retrouve notamment dans le téléfilm Raspoutine (1996) ainsi que dans Dark Harbor (1998), drame lent et complexe ou il se retrouve face à Norman Reedus. Il apparaît également dans Une promesse (2013) de Patrice Leconte. Mais Alan Rickman a un véritable sens de l’humour et l’a prouvé à plusieurs reprises. Notamment en jouant dans Galaxy Quest, Gambit : Arnaque à l’anglaise ou Blow Dry. Dans ce dernier, il nous a d’ailleurs étonné en coiffeur habitué des concours et délaissé par sa femme. https://thumbs.gfycat.com/CookedAffectionateHoatzin-mobile.mp4 Côté romances, impossible de ne pas citer Raison et Sentiments et son interprétation du Colonel Brandon. Sans compter sur Love Actually qu’on ne peut s’empêcher de regarder chaque année à l’approche de noël ! Qui n’a pas adorer y détester Harry, cet homme attiré par sa secrétaire alors que sa femme – incarnée par Emma Thompson – y est si charmante ? Plus surprenant encore, l’homme est capable de chanter. Vous aurez donc l’occasion d’entendre sa voix grave dans le film Sweeney Todd (2007) de Tim Burton mais aussi dans Gloups ! je suis un poisson et CBGB (2013). On affectionne tout particulièrement ce dernier car il revient sur ce grand club new-yorkais où sont passés de nombreuses pointures musicales (The Ramones, Patti Smith, Sex Pistols, AC/DC…). En parlant musique, Alan Rickman a également posé sa voix sur le titre Start a family de Texas. Il a également chanté en français au cours de l’enregistrement de l’audiobook The Return of the Native de Thomas Hardy. https://www.youtube.com/watch?v=SJIaRnsyaIc Nos rôles favoris Impossible d’aborder nos rôles favoris sans le thriller psychologique Closet Land (1991). Rien que le fait qu’il s’agisse d’une sorte de huis clos permet de nous concentrer
Harcèlement scolaire : Rencontre avec Matthieu Meriot
Ancienne victime des violentes brimades de ses camarades et auteur de deux ouvrages sur son vécu, Matthieu Meriot nous parle de harcèlement scolaire. Lancée en 2015, la journée nationale contre le harcèlement scolaire vise à détecter ces agissements, libérer la parole et permettre aux victimes de trouve de l’aide. À cette occasion, nous avons rencontré l’auteur du livre « Un enfer scolaire » : Matthieu Meriot. À partir de quand vous êtes-vous fait harceler ? Matthieu Meriot : Cela a duré de la maternelle jusqu’en classe de quatrième. J’ai tout gardé en moi jusqu’à mes 14 ans pour ne pas inquiéter mes proches. Mon harcèlement était aussi bien physique que moral. Ma famille ne se rendait compte de rien car je gardais tout pour moi. Pour mettre fin à ce calvaire, je me suis mutilé à plusieurs reprises et fait trois tentatives de suicide. Aujourd’hui je relativise, mais je prends conscience que j’aurai dû en parler plus tôt. Dès que je me suis confié, on m’a soutenu et depuis lors, je suis toujours suivi psychologiquement. Vous dites que votre compte Twitter vous a apporté beaucoup de soutien. Plutôt étonnant de la part d’un réseau social souvent décrié pour sa violence ? Je veux justement montrer le côté positif de cette plateforme. Je trouve que Facebook est un peu mort. Les gens ne vont pas forcément partager les publications donc Twitter attirera plus de personnes. C’est surtout une question de visibilité. Bien sûr qu’il y a de la haine et de la violence sur Twitter mais j’ai les épaules pour ne pas me laisser abattre par les messages de certains haters, ce qui n’est bien sûr pas le cas de tout le monde. « Malgré les films, les interviews, la prévention dans les écoles, il faut se demander si tout cela fait réellement avancer les choses. » Vous avez 20 ans et déjà deux livres auto-publiés. De quoi parle le dernier en date, « Les Emotions d’une vie »? J’y aborde ma façon de voir les choses aujourd’hui. Pas uniquement sur le harcèlement mais sur plusieurs thèmes comme l’art par exemple. Je pense que l’art, c’est ce que l’on crée nous-mêmes. Que ce soit par l’écriture ou par la musique. Par ailleurs, je vais continuer à écrire mais plus sur le thème du harcèlement. Je pense que j’ai fait le tour me concernant (rires). Je voudrais me diversifier et publier un livre par an. Dans « un enfer scolaire », vous finissez souvent vos chapitres par : « c’est triste, mais c’est ainsi… ». Pensez-vous qu’il n’y a quasiment pas d’espoir d’amélioration pour que le harcèlement scolaire cesse ? Je pense que l’on n’aura jamais vraiment de solutions pour que ça s’arrête. La meilleure solution est d’en parler autour de soi mais beaucoup de jeunes n’osent pas encore. C’est comme un cercle vicieux. Malgré les films, les interviews, la prévention dans les écoles, il faut se demander si tout cela fait réellement avancer les choses. Quel message voulez-vous passez aujourd’hui ? Aux jeunes notamment. Je les encourage à parler. C’est la seule et meilleure solution car tout le monde peut se dire quelque chose, sur n’importe quel type de harcèlement et pas seulement le harcèlement scolaire. Si on garde tout pour soi, la souffrance continue. Le fait d’écrire sauve aussi. Les réseaux sociaux m’ont beaucoup aidé mais il faut néanmoins être fort psychologiquement, faire la différence entre le bien (rencontrer les bonnes personnes) et le mal (les haters). Où en êtes-vous aujourd’hui ? Cela fait maintenant deux ans que j’attends d’intégrer un ESAT (Établissement et service d’aide par le travail). C’est un lieu de formation destiné aux personnes en situation de handicap car j’ai le statut de travailleur handicapé (statut RQTH). A côté de cela, j’ai obtenu un CAP d’agent polyvalent de restauration et j’aimerai beaucoup travailler dans ce domaine. Mais l’administration n’est pas rapide, alors en attendant, je continue de témoigner sur Twitter et auprès des médias afin de sensibiliser les jeunes. Afin d’en savoir plus sur le harcèlement scolaire, n’hésitez pas à suivre Matthieu Meriot et son journal d’un harcelé sur Twitter. Vous pouvez également vous renseigner sur le site gouvernemental non au harcèlement.
Comment Disparaître : agoraphobie et réseaux sociaux
Les réseaux sociaux peuvent-ils être salvateurs ? C’est ce que Sharon Huss Roat nous explique à travers Comment Disparaître. Un roman touchant sur la timidité, la phobie sociale et l’utilisation des réseaux sociaux. La timidité et la phobie sociale sont des maux que nous connaissons que trop bien. C’est pourquoi Comment Disparaître de Sharon Huss Roat nous a immédiatement attiré. Un livre sur la phobie sociale Plus qu’un roman sur la thématique des réseaux sociaux, Comment Disparaître met en avant les phobies sociales. Car Vicky n’est pas simplement timide. Vicky a une réelle phobie sociale couplée à une timidité maladive. Chacun de ses mouvements a des conséquences. Des peurs qui en engendrent d’autres. Alors forcément, après le départ de sa meilleure amie pour le Winsconsin, Vicky veut juste se fondre dans la masse. Avec Jenna, il n’y avait aucun risque. Jenna prenait la parole à sa place, l’aidait à affronter ses peurs. Mais cette année Vicky est seule et les choses vont complètement changer. C’est donc avec justesse que Comment Disparaître met en scène le comportement de Vicky pour devenir invisible. Auprès d’elle, vous longerez les murs, prendrez garde à ne pas vous faire remarquer ou éviterez de vous faire interroger en classe. Ajoutez à cela la nécessité de gérer des crises d’angoisses aux causes multiples. Autant dire qu’on s’est immédiatement identifiée à cette adolescente qui nous a rappelé nos propres années scolaires. Pour Vicky, il s’agit de s’enfermer dans les WC du collège, pour nous, celui de s’isoler à une table du CDI ou sur un banc à l’abri des regards. Comment Disparaître et les relations parentales toxiques Sans même s’en rendre compte, un adulte peut avoir un comportement toxique avec son enfant, et cela, Sharon Huss Roat l’a parfaitement compris. Ce mauvais rôle, c’est la mère de Vicky qui l’endosse. Par le biais d’un discours qui nous a fait grincé des dents, cette femme révèle clairement le fossé entre personnes atteintes de phobie sociale et leur entourage. En effet, désirant tellement que sa fille soit « comme les autres » elle s’immisce à plusieurs niveaux dans sa vie. L’un consiste à choisir des vêtements à l’opposé de la personnalité de sa fille et a bouder si Vicky refuse de les porter « pour lui faire plaisir ». Un autre, à pousser Vicky à sortir avec des amis ou se rendre à des soirées. Et cela, quitte à déclencher une crise d’angoisse tout en retournant la faute contre son enfant sans jamais se remettre en question. Exit donc l’empathie. Si ce comportement peut vous paraître extrême, malheureusement, il ne l’est pas tant. Comment Disparaître permet donc de remettre les choses à niveau avec une vraie prise de conscience. Une réflexion sur les réseaux sociaux À l’heure où les réseaux sociaux font partis intégrante de nos vies, Comment Disparaître nous oblige à faire le point sur notre présence en ligne. Par le biais de Vicky, on se retrouve directement confrontée à une adolescente en manque d’attention. Une adolescente qui décide de créer un compte Instagram afin de se prouver à elle-même qu’elle n’est pas aussi lamentable qu’elle pense le paraître. Sous le pseudo de Vicurious – Vicurieuse en français -, Vicky se crée alors une identité à l’opposée de la sienne. Pour cela, elle utilise les vêtements achetés par sa mère et relégués au fond de son armoire, une perruque colorée et des accessoires. Cette nouvelle personnalité en place, Vicky gagne en notoriété grâce à ses photobombs. Un peu trop rapidement d’ailleurs pour que le roman soit véritablement réaliste, mais passons. De là, Vicky s’aperçoit que sa nouvelle notoriété peut lui permettre d’aider de jeunes internautes se sentant aussi seuls et invisibles qu’elle. Parmi ces instagrammeurs, des camarades de lycée pas si entourés ou heureux qu’il n’y paraît. En même temps qu’elle, on se rend alors compte d’à quel point chacun peut s’inventer une vie, gommant les mauvais instants. D’à quel point il est impossible de connaître véritablement une personne que l’on suit. Ainsi, Vicky prend conscience que l’isolement n’est plus forcément une question de mal être. Afin de prouver à tous qu’ils ne sont pas seuls, elle va alors se servir du hashtag « solitude » pour mettre des commentaires sur leurs photos. Ouvrant les yeux sur le problème que peuvent être les réseaux sociaux et la phobie sociale, Comment Disparaître est un vrai coup de coeur. Que vous soyez adolescent, adulte ou parents, on vous recommande donc ce roman qui vous permettra de mieux comprendre tout cela et agir en conséquence. Et vous, avez-vous envie de plonger dans Comment Disparaître ?
Si loin de l’arbre : l’adoption du point de vue des enfants
« Si loin de l’arbre », le nouveau roman de Robin Benway évoque l’adoption sous toutes ses coutures.
Manhattan Marilyn : Et si l’icône n’était pas morte ?
Manhattan Marilyn de Philippe Ward nous entraîne à New-York avec une intrigue centrée sur l’iconique Marilyn Monroe. Avec Manhattan Marilyn, Philippe Ward fait revivre l’icône hollywoodienne Marilyn Monroe pour une enquête sous l’ère Obama. Les femmes à l’honneur Comme son nom l’indique, Manhattan Marilyn s’attarde sur l’égérie hollywoodienne Marilyn Monroe. De photos inédites de l’actrice retrouvées dans de vieilles affaires à une enquête sur sa mort, Philippe Ward joue avec les mots. Et si l’icône ne s’était pas suicidée ? C’est là que réside le fond de cette histoire qui nous en apprend aussi bien sur cette femme plus futée et intelligente qu’il n’y paraît que sur son entourage. Au fil des pages, on redécouvre son lien avec les Kennedy mais aussi l’existence du Triangle de Fer – lobby militaro-industrielle – et du Monroe 6 – groupe d’adorateurs -. Bien sûr, ce roman ne serait rien sans l’hispanique Kristin Arroyo. Ancienne Marine en Irak, cette femme possède tact, sang-froid, intelligence et logique. Traits de caractères qu’elle devra mettre à rude épreuve lorsque son associé, le photographe Nathan Stewart est sauvagement tué. Par qui ? Kristin n’en aucune idée, mais sa vie en dépend. Soudainement traquée par le FBI et la mafia, il lui faudra ruser pour comprendre la situation. Une vision actuelle de la société américaine Marilyn Manhattan n’oublie pas la teneur cosmopolite de la ville. À travers les yeux de Kristin Arroyo, vous aurez l’occasion de faire connaissance avec tous milieux sociaux. Vous vivrez de l’intérieur le mouvement Occupons Wall Street. Déambulerez au vernissage d’une exposition de clichés affichant des portraits inédits de Marilyn Monroe. Côtoierez la Mafia italienne ou vous dirigerez vers le quartier des affaires avec le milliardaire Micheal Pear. Parmi toutes ces personnalités, nous avons particulièrement apprécié la mise en avant de la pauvreté sous l’ère Obama. Alors que la Grosse Pomme en fait rêver plus d’un(e), Philippe Ward appuie sur l’envers du décor. Celui où, revenus du champ de bataille, les soldats sont à la rue. Celui où il faut lutter pour survivre. Car oui, si Kristin possède un appartement, ses convictions la pousse à s’allier au mouvement Occupons Wall Street ou à se terrer sous terre avec d’anciens collègues car traquée. Une poursuite dans le tout de New-York De Manhattan à Staten Island en passant par Little Italy, le quartier des finances ou Harlem, Manhattan Marilyn transporte sans problème à New-York. On perçoit d’ailleurs tout l’amour que porte l’auteur à cette ville. Bien que les descriptions ne soient pas énormément détaillés, suivre le mouvement n’est pas difficile. À chaque quartier son ambiance. Chaque lieu son rebondissement. Tout du long, on se trouve dans une position d’attente. Qu’importe les choix des personnages, on se doute des conséquences. Corruptions, intimidations, violences, meurtres. Voilà ce qui régit l’oeuvre de Philippe Ward. Pourtant, Kristin est bien décidée à braver les dangers pour en savoir plus sur les derniers jours de Marilyn Monroe. Pour cela, elle n’hésitera pas à diversifier les moyens de transports. Taxis, motos, traque à pied ; tout est bon dans cette course contre la mort. Manhattan Marilyn : Le hic Légère ombre au tableau, il nous a été impossible de nous identifier aux personnages. En plus d’un manque de fond, la rencontre entre Arroyo et Pear est suffisante pour savoir où tout cela va mener. On avoue, on a même clairement soupiré lors du passage à l’acte car nous aurions préféré qu’ils restent de simples connaissances. Ainsi, leur relation aurait pu garder cet aspect vindicatif qui régnait entre eux et apportait un peu de fraîcheur. Et vous, avez-vous envie de vous plonger dans une enquête sur Marilyn Monroe ?
Reconstruction(s) : une pièce politique
Guy Régis Junior nous entraîne dans l’univers politique avec Reconstruction(s), sa dernière pièce parue le 22 juin 2018. Publiée aux éditions Les Solitaires Intempestifs, Reconstruction(s) offre une pièce très actuelle autour de la politique. Sans plus tarder, découvrez notre avis ! Une pièce au coeur de la politique Dans Reconstruction(s), on voit une critique de la société et de la politique actuelle. Le président ne fait rien et délègue tout aux ministres, qui se révèlent tous plus au moins fous. Le seul sain d’esprit est le Premier Ministre, qu’on ne voit pas dans le livre, et qui finit par mourir d’avoir trop travaillé. Mais que fait le président nous direz-vous ? Hé bien, il lit. Pour se construire, pour se reconstruire. C’est d’ailleurs cette raison que plusieurs ministres invoqueront pour justifier leurs tares. Madame Santé entend des bruits. Elle est aussi anxieuse à cause de la pression subie. Quant à lui, Monsieur Travaux publics se vante ouvertement de voler les gens et de ne pouvoir rien y faire car il est fait pour cela. Autant de personnages dont on découvre la véritable personnalité. De plus, la société refusera au Président une vie personnelle et sexuelle. Cela ne doit pas être dit ni montré ni même suggéré. C’est un sujet très contemporain comme on a pu le constater sur de nombreux mandats. Ces vies sont d’ailleurs utilisées comme armes contre chaque président. L’importance de la Première Dame Reconstruction(s) critique également le rôle de la Première Dame. Un rôle à la fois défini par la société et de ce qu’elle même veut en voir. Corps et âme, la Première Dame défend le droit de son mari à lire pour se reconstuire. « On ne l’a pas élu pour qu’on fasse ce qu’on veut de lui » clame-t-elle. Elle semble même apparaître comme le pilier de son « présidentiel de mari ». Celle qui a tous pouvoirs sur lui. On s’en rend notamment compte lorsque le Ministre Plan va la supplier de parler au Président afin de solliciter une action de sa part. Cependant, cette femme pense davantage à une festivité pour calmer le peuple et sympathiser avec la Ministre Opposition. Un flirt s’installera alors mais la Ministre Opposition n’y répondra que par pur opportunisme. Elle rajoutera vers la fin de la pièce, qu’une fois le mandat terminé, elles ne seront plus amies mais collègues : « Nous n’avons jamais été amies. Nous ne le serons jamais, amies. Vu que nous ne l’aurons jamais été, amies.« Reconstruction(s) est une pièce drôle, grinçante, osée. Même si la façon d’écrire peut agacer à force de répétitions de mêmes phrases et de mêmes mots, elle se lit vite et bien. Par ailleurs, ces dernières permettent d’accentuer la névrose des personnages. Plus qu’à lire, Reconstruction(s) est une pièce à découvrir sur scène afin d’en apprécier pleinement le fond et la forme. Et vous, une pièce de théâtre vous a-t-elle séduite ce mois-ci ?
Naviguer en eaux troubles avec Le Goût Amer de l’Abîme
Grâce à son livre Le Goût Amer de l’Abîme, Neal Shusterman nous fait entrer dans la tête d’un jeune schizophrène. Un somptueux roman paru le 30 août derniers chez les éditions Nathan. National Book Award 2015, Le Goût Amer de l’Abîme est disponible en France depuis le 30 août. Inspirée de l’histoire réelle de son auteur, Neal Shusterman, ce roman jeunesse est une véritable plongée dans les eaux troubles de la schizophrénie. Un livre pour comprendre la schizophrénie Chose non négligeable à la lecture, Neal Shusterman aborde dans Le Goût Amer de l’Abîme un sujet qui le touche directement. Son fils, Brendan, étant schizophrène, le roman s’inspire directement des sensations qu’il lui a rapporté. L’auteur explique d’ailleurs avoir expérimenté la médication de son fils en se trompant de cachet. Le roman contient également quelques esquisses de l’adolescent ainsi que des phrases issues de ses poèmes. Un savant mélange permettant au lecteur d’immédiatement se sentir plus proche de ce garçon vivant sous les traits de Caden Bosch. Grâce au point de vue interne, on se glisse doucement dans les méandres du cerveau de l’adolescent afin d’en comprendre le fonctionnement. De l’anxiété croissante à la paranoïa en passant par des absences répétées ou un manque flagrant de concentration, rien n’est oublié et très bien décrit. Et croyez-nous, alors que nous ne raffolons pas des romans à la première personne, celui-ci nous a tout simplement percuté. Car si tout porte à croire que Caden est un adolescent comme les autres, c’est loin d’être le cas. Au fil des pages, nous découvrons les signes avant coureurs de la maladie jusqu’à son hospitalisation. On ressent également la peur de ses parents face à la perte d’appétit ou une baisse de résultats scolaire. Des adultes qui ne comprennent pas mais restent aux côtés de ce garçon qui veut autant rester seul qu’il a peur de l’abandon. Tout ce qu’on a pour déterminer ce qui est réel, c’est l’esprit… Alors que se passe-t-il quand l’esprit se change en menteur pathologique ? Une réflexion sur les maladies mentales Le Goût Amer de l’Abîme ne vous laissera pas ressortir sans nouvelles connaissances, et ce, que cela concerne la schizophrénie ou l’univers hospitalier. On a tout particulièrement apprécié la réflexion de Caden énonçant que la vision des maladies mentales a changé au fil des siècles. Il aborde notamment le fait d’être considéré comme un prophète pour les amérindiens lorsque d’autres populations préféraient vous enfermer dans des asiles. On retient aussi l’évocation de Van Gogh et son oreille coupée et une histoire autour du David de Michel-Ange. Avec tant de connaissances dans divers domaines, l’adolescent prouve ainsi qu’il n’est pas dépourvu d’intelligence. Le roman dénonce aussi certaines méthodes hospitalières telles que les thérapies de groupes amenant la colère des parents. Sont aussi abordés la surveillance des patients laissant à désirer suite à un suicide et l’exclusion de membre du personnel compétant. Autant de faits qui ne font qu’ôter des points de repaires plutôt que d’aider les enfants à s’en sortir. Tu te demandes quel crétin fini a décidé que ce serait une bonne idée de torturer des ados perturbés en les obligeant à écouter les cauchemars éveillés des autres. Évidemment, Le Goût Amer de l’Abîme n’oublie pas de mentionner les composants du traitement médicamenteux de Caden en mentionnant certains effets secondaires parfois violents. Parce que soigner la schizophrénie n’est pas chose aisée. Il est nécessaire de trouver le bon cocktail pour la bonne personne, signifiant que toute personne en étant atteinte n’a pas le même traitement. Voyage en terres inconnues Neal Shusterman nous présente un univers ou le réel et hallucinations se confondent. Un IRM lui donnera ainsi l’impression d’être enfoncé tête la première dans un canon martelé de coups. Chaque protagoniste tient quant à lui un rôle spécifique dans le voyage de Caden à bord de son vaisseau pirate. À partir de l’instant ou il embarque, l’adolescent devra affronter ses démons et trouver des solutions pour revenir à la réalité. Ici, le perroquet et le Capitaine sont borgnes. Les cocktails sont étranges. La figure de proue, Calliope, est retenue prisonnière du navire. Le tatouage d’un marin parle et des cerveaux s’échappent des crânes pour être balayés par Carlyle sur le pont. Autant d’absurde qui nous fait penser à Camus ou Vian tout en s’accrochant à la réalité. Et vous, avez-vous lu Le Goût Amer de l’Abîme ?
The Inspector Cluzo : un groupe touchant et profondément humain
Le groupe de rock farmers, The Inspector Cluzo, a répondu à nos questions lors du Brussels Summer Festival. Tantôt en tournée à travers le monde, tantôt fermiers, The Inspector Cluzo nous ont intrigué. Nous avons profité de leur passage au Brussels Summer Festival le 15 août dernier pour aller à la rencontre du chanteur et guitariste, Laurent Lacrouts. Pour commencer, pouvez-vous vous présenter ? Laurent : On est Inspector Cluzo, un duo de blues rock, pour faire dans les grandes lignes, originaires de Mont de Marsan. Cela fait 24 ans qu’on joue ensemble et 10 ans qu’on existe. On a une structuration particulière car on est autonome. On est nos propres producteurs et on possède une ferme bio. On se projette au niveau international aussi avec nos fonds propres. Vous avez enregistré un nouvel album. À quoi peut-on s’attendre ? On va en jouer pas mal ce soir. C’est un album qui est un reflet de la vie qu’on mène, comme tous nos albums d’ailleurs. Depuis 2 ans on bosse énormément à la ferme, et il n’y a rien d’autre que le silence à part le bruit des animaux et les tracteurs. C’est donc un album très connecté à la terre. L’air s’entend dans notre album, on n’a pas peur du blanc ni du silence. C’est la particularité de la musique rurale. Évidemment, l’album reste électrique car on fait quand même du rock. « Il y a un océan entre Paris et nous, en termes de musiques, de comportements. Là où on vit c’est un autre pays. » C’est très différent de ce qu’on entend en France actuellement. No comment ! (sourire) Il y a un océan entre Paris et nous, en termes de musiques, de comportements. En terme de tout. Là où on vit c’est un autre pays. C’est un endroit très accueillant avec une mentalité anglaise et un humour pourri – que vous comprenez très bien d’ailleurs. Les vieux sont énormes chez nous. Avec l’accent qui va avec, la phrase qui reste en suspend : « tu voulais dire quoi ? ben je sais pas ». Pour enregistrez, vous êtes allés jusqu’aux États-Unis afin de travailler avec Vance Powell. Que vous a apporté cette collaboration ? Est-ce que cela a changé quelque chose par rapport à ce que vous vouliez faire ? Non, les maquettes étaient déjà faites. Mais c’est la première fois qu’on a un regard extérieur. On a toujours tout fait tout seuls. Vance est fan de notre musique et nous a dit qu’il était notre homme si on voulait, qu’il adorerait nous enregistrer. Alors, on s’est bien préparé car c’était à l’ancienne, sur bande. Et tout s’est bien passé. En 4 jours on avait fini. C’est un producteur pas trop intrusif. Sa devise est : » I’m here to take the best version of yourself « . Donc c’est génial. Après il ne prend que des gens qui ont un univers qui sonnent et il en retient la meilleure facette. Il ne dit pas : là c’est ton défaut on va le travailler. Il se concentre sur le positif. J’ai noté tout de même que vous travaillez sans basse. Je ne comprends pas c’est vital pourtant ! Je dis ça parce que je suis bassiste évidemment. (rires) Ah d’accord ! Qu’avez-vous à dire pour votre défense ? Depuis le 1er album on a fait une chanson, Fuck the bass player, qui nous a permis de voyager dans le monde entier. En fait le bassiste ne s’est jamais pointé aux repets. Et on a vu qu’il n’y avait pas de place entre nous deux donc on a fait sans. Du coup, on a adopté un coté un peu jazz et le batteur a changé son jeu. Il est très percusif. Passons à l’agriculture. Vous avez une ferme bio. Comment gérez vous cela avec vos concerts et vos déplacements ? Hé ben c’est la merde ! Ça demande de l’organisation pour nous et beaucoup d’aide. On a ma femme qui bosse à la ferme, nos voisins qui sont là. Après on ne part jamais sur de grandes périodes ni sur des périodes clefs. On ne part pas sur la récolte du blé mi juillet ni en janvier pour le gavage. Pour le moment ça se goupille super bien. Nous avons également vu que vous avez joué dans des salons de l’agriculture mais en même temps vous vous retrouvez dans un grand festival comme celui-ci. Comment vous décidez du lieu de vos représentations ? C’est quand ça nous tient à cœur et quand c’est cohérent. On a des propos avec des convictions fortes dans nos chansons. Et il y a des endroits avec de vraies valeurs. C’est très consensuel. Au salon de l’agriculture il y avait une acoustique super intéressante et on joue devant des vaches. C’est original. Par exemple quand c’est un festival avec Live Nation, on prend le cachet et on le reverse. Là on attend une réponse pour jouer en Argentine et au Brésil. Par contre il y a des endroits où on ne veut pas aller car il y a des conflits d’intérêts, où si la programmation ne nous correspond pas. On vient de jouer au festival Le bout du monde en Bretagne. C’est un festival magnifique et c’est cohérent. Type africain avec du bon son. On est du rock donc de la world music pour eux. On a emmené 20 000 personnes et c’était formidable. « C’est important de préserver les cultures locales dans un pur but écologique. » Et quand vous jouez à l’étranger, en profitez-vous pour échanger des savoirs agricoles avec les locaux ? Oui on le fait souvent, dès qu’on peut. On aime bien discuter avec les locaux. C’est important de préserver les cultures locales dans un pur but écologique. Eux savent exactement comment faire là où ils sont, et cela n’aura rien à voir avec le régime alimentaire. Ici on mange du poisson à telle période, puis un autre aliment à une autre période, et c’est logique, fluide. C’est des endroits où tu te sens Humain avec la preuve qu’on arrive à s’adapter, qu’on n’est pas que négatif. Je vais vous donner un exemple.
The Hate U Give : le roman coup de poing d’Angie Thomas
The Hate U Give, le premier roman percutant d’Angie Thomas! Disponible en version française depuis avril 2018, The Hate U Give (La haine qu’on donne) est un véritable coup de poing. Déjà best-seller aux États-Unis, le roman d’Angie Thomas aborde la question du Black Lives Matter, soit, le racisme et les violences policières. Un pas entre fiction et réalité Prenant place dans un quartier représentant les communautés noires américaines, le premier roman d’Angie Thomas s’attarde sur la récurrence du racisme et des violences policières. Faits, qui, s’ils se déroulent aux États-Unis trouvent écho en France, où ils sont également présents.Ainsi, The Hate U Give s’ancre profondément dans l’actualité. De part l’évocation de la mort de Khalil, un jeune homme noir non armé, par un policier blanc, on ne peut que penser à l’affaire Trayvon Martin (2012). En effet, comme pour ce jeune afro-américain de 17 ans, des manifestations surviennent après les faits. Afin de dénoncer la régularité de ces actes, le mouvement Black Lives Matter est né l’année suivante. Est aussi mentionné à plusieurs reprises le « street code » impliquant qu’aucune personne ne doit en dénoncer une autre. Code particulièrement appliqué par les gangs omniprésents tout au long de l’histoire. Quelques personnages vont cependant aller à contre-courant en prenant la parole. On évite de vous spoiler, mais vous verrez, ils viennent d’horizons différents. Un livre sur le courage et la prise de parole Bien que Starr répète sans cesse ne pas être courageuse, cette citation résume parfaitement son personnage : « Tu peux très bien être courageuse et avoir peur quand même, Starr, dit-elle. Être courageuse, ça veut dire ne pas se laisser abattre par sa peur. Et c’est ce que tu fais. » Tout au long du roman, la jeune fille va surpasser ses peurs. Celle d’apporter son témoignage à la police. Celle de raconter ce qui s’est passé à ses ami(e)s. Celle d’être prise pour une « balance » si elle accorde une interview. Vous la verrez donc évoluer et prendre de plus en plus de décision jusqu’à LA prise de parole libératrice. The Talk : la conversation inévitable Pour ceux qui ne le sauraient pas, « The Talk » est une conversation que les parents de certaines communautés ont avec leurs enfants afin de leur indiquer comment se comporter en cas de contrôle policier. The Hate U Give est donc un excellent moyen de comprendre à quel point il est nécessaire aujourd’hui d’avoir ce genre de discussion. Starr mentionne notamment le fait qu’elle ne doit pas sortir avec une capuche sur la tête ou qu’elle doit répondre calmement et sans poser de questions aux ordres des policiers. Malgré tout, les forces de l’ordre ne sont pas exempt de violences, comme le montre la fouille subie par son père. Évènement qui l’obligera d’ailleurs à avoir LA conversation beaucoup plus tôt que prévu avec Sekani, le plus jeune frère de Starr. Un livre bourrée de références culturelles Histoire, musique, sport, les références à la culture afro-américaine se multiplient. Vous découvrirez une famille qui se réunit devant les matchs de NBA. Starr, qui voue un culte à James LeBron, fait elle-même partie d’une équipe de basket dans son école. Michael Jordan et ses Nike Air sont aussi mentionnés à plusieurs reprises. The Hate U Give, c’est aussi un père inconditionnel des Black Panther’s au point d’en faire apprendre les différents points du règlement à ses enfants. Et qui dit Black Panther’s, dit Maclom X. Des noms qui permettent ainsi aux plus jeunes d’en apprendre davantage sur la culture américaine et la ségrégation raciale. Seule ombre au tableau, Rosa Parks, qui, entre toutes ses références masculines, aurait pu être citée. Cependant, l’univers le plus présent reste celui de la musique qui pioche dans toutes les générations. Omniprésent, rap et hip-hop donnent le ton, plongeant le lecteur dans un univers où l’on danse et chante au rythme de Tupac, Ice Cube, Drake, Beyoncé et autres N.W.A. (Niggaz Wit Attitudes). Le chanteur et acteur Will Smith est quant à lui omniprésent puisque Starr et son petit ami, Chris, sont fans de la série Le Prince de Bel-Air. Bonus, cet automne, une adaptation au titre éponyme devrait arriver sur nos écrans avec Amandla Stenberg dans le rôle de Starr. Malheureusement, aucune bande annonce n’est encore disponible en français. https://www.youtube.com/watch?v=3MM8OkVT0hw Et vous, avez-vous lu ce roman coup de poing ? NEWSLETTER Facebook Twitter Instagram Pinterest Linkedin