concerts tests : Bientôt le retour des live avec public ?

Marseille et Paris comme terrain d’expériences pour des concerts tests. Où en sommes nous mondialement? Alors que la sphère du spectacle est dans l’obligation de proposer des shows sans public, des concerts tests sont petits à petits mis en place. Des USA à l’Europe, on fait le point sur les avancées qui pourraient permettre d’assister à nouveau à des événements. Les concerts tests en Europe Aujourd’hui, plusieurs concerts tests ont eu lieu dans le monde. L’Europe en a d’ailleurs plusieurs à son actif. Premier stop : Leipzig (Allemagne). Une étude a été effectuée à l’été 2020 par la German University of Halle afin de comprendre quelle configuration permettrait au public de revenir en salle. Pour cela, environ 1200 personnes se sont prêtées au jeu en assistant à trois concerts du chanteur allemand Tim Bendzko. Après des tests PCR négatifs et une prise de température à l’arrivée, un masque FFP2 était fourni. Les participants se sont également vu équipés d’un dispositif de traçage des contacts et de désinfectant fluorescent permettant de voir ce que chacun touchait. Résultats ? Les scientifiques ont affirmé qu’avec une bonne ventilation, le respect d’1m50 de distance, le port du masque ainsi que du gel hydroalcoolique, le risque d’infection était bas, voir, très bas. Tim Bendzko durant le concert organisée à Leipzig en Août 2020 – © HENDRIK SCHMIDT Second stop : L’Appolo Theatre de Barcelone. Ici, on parle de LA référence actuelle pour un concert test. En effet, le 12 décembre 2020, le Primavera Sound Festival, associé au Fight AIDS et l’Infectious Diseases Foundation a organisé un concert test. Si 1000 participants ont été conviés à l’événement, seuls 500 ont réellement pu y accéder. En effet, les 500 autres ont été renvoyé chez eux comme groupe de contrôle. Les heureux élus, après test PCR et antigenique à l’entrée ont pu profiter d’une soirée où le masque était obligatoire mais pas la distanciation sociale. Surprise, l’étude a montré que sur les 463 participants, aucun n’a été infecté. Un nouveau concert test au Luxembourg Nos voisins luxembourgeois ont eux aussi lancé leur série de concerts tests. Intitulés Because Music Matters, ils se sont déroulés du 10 et 14 février 2021. Côté tête d’affiche, c’est le duo belge Glass Museum qui s’est prêté au jeu. Avant leur entrée à la Rockhal, les 100 participants ont dû se rendre dans la gare Belval-Université pour un test antigénique et un PCR. Une vingtaine de minutes plus tard, chacun a pu entrer dans la salle en passant par des détecteurs similaires à ceux présents dans les aéroports. Un super moyen d’éviter la fouille corporelle ! À l’intérieur, chaque spectateur était assis de façon distanciée. On est donc loin du cas de figure espagnol. La configuration de la scène était quant à elle particulière puisqu’il s’agissait d’une scène à 360°. Si aucun participant n’a été testé positif lors de l’événement, nous avons hâte de connaître les résultats du prochain qui doit avoir lieu 7 jours après. Glass Museum, mercredi soir à la Rockhal, pour l’ouverture de la série de concerts «Because Music Matters». (photo Claude Piscitelli) Où en est la France ? Bonne nouvelle, d’ici mars, avril, des concerts tests devraient enfin avoir lieu en France. Évènement qui aurait déjà pu avoir lieu puisque La Scène Musicale avait demandé à ce que Les Victoires de la Musique en soit un. Malheureusement, cette proposition a été refusée par la préfecture. Cependant, l’événement n’a pas eu lieu à huis clos puisque des intermittents du spectacle ont servi de spectateurs. Lors de sa prise de paroles au micro de LCI le 15 février, la Ministre de la Culture, Roselyne Bachelot est revenue sur des concerts tests prévus à Marseille et Paris. Selon elle, ils devraient avoir lieu dans la deuxième quinzaine de mars « sous réserve d’une situation sanitaire apaisée« . Deux concerts à Marseilles, un à Paris À Marseille, le Dôme réunira plusieurs artistes face à 1000 spectateurs assis avec possibilité de se lever. Tout cela, pour deux soirs. Le groupe phocéen IAM a déjà confirmé sa présence en tête d’affiche. À noter que si des tests seront réalisés avant concert, puis, quelques jours après, les cas positifs ne seront pas filtrés car « il faut se mettre en situation où il y aura un brassage« . À Paris en revanche, les personnes positives se verront recalées à l’entrée de la salle. Tenu à l’AccorHotels Arena, l’événement optera en avril pour une jauge de 5000 personnes « masquées et non distanciées« . Roselyne Bachelot affirme d’ailleurs que « ça va être très intéressant à voir, car ce sont les concerts debout les plus problématiques« . Le Monde a dernièrement révélé qu’Indochine en serait bien la tête d’affiche. Les places étant gratuite, c’est un système de tirage au sort qui aura lieu. Il faudra seulement s’inscrire sur une plateforme et voir si vous faites partis des heureux chanceux. 5000 iront au concert, 2500 autres serviront de groupe test. Par ailleurs, ne pourront tenter leur chance toute personne vaccinée ou risquant de développer une forme grave du Covid-19. Le concept Flaming Lips Les 22 et 23 janvier dernier, The Flaming Lips ont proposé un concert test original. Deux spectacles bien particuliers puisque, d’après le concept du chanteur et leader Wayne Coyne, groupe et fans se sont retrouvés dans des bulles. Cette première mondiale avait tout de même eu droit à un essai lors du Late Show with Stephen Colbert en juin 2020. Y avait alors été joué Race For The Prize. En amont de ces deux concerts inédits organisés à Oklahoma City, le chanteur a d’ailleurs affirmé que ce type de concert était « plus sûr que d’aller faire ses courses« . Et sur ce point on veut bien le croire ! Lors de ces deux événements, le groupe a bichonné ses fans. En effet, chaque bulle était dotée d’un haut parleur à haute fréquence afin d’éviter le son d’être étouffé. Était aussi mis à disposition une bouteille d’eau, un ventilateur à piles, une serviette ainsi qu’un panneau permettant de demander de se rendre aux WC ou d’avoir de l’air. Dans le premier cas, après remise d’un masque et sortit de la bulle, le spectateur était guidé aux toilettes avant de pouvoir réintégrer sa bulle. Dans le second, de l’air frais était propulsé dans la bulle grâce à une souffleuse à feuilles. Oui

La Journée de la Jupe : une tragédie scolaire vibrante d’actualité

Plus de dix ans après le film éponyme, Jean-Paul Lilienfeld adapte La Journée de la Jupe au théâtre. Une pièce à découvrir sur les planches du théâtre des Béliers Parisiens jusqu’au mois de mai. Lancée par une classe d’un lycée technologique breton en 2006, la journée de la jupe est devenue trois ans plus tard un film réalisé par Jean-Paul Lilienfeld. En 2019, le réalisateur adapte son succès au théâtre. Adaptation qui a d’ailleurs reçu le prix Théâtre de la Fondation Barrière. La pièce : Adaptée de son film au titre éponyme, La Journée de la Jupe de Jean-Paul Lilienfeld met en scène une professeure de français dans un lycée de banlieue sensible. Film qui avait notamment fait polémique au moment de sa sortie en 2009. Pour son interprétation de Sonia Bergerac, Isabelle Adajani a reçu de multiples récompenses dont un César et un Globe de Cristal de la meilleure actrice. Dans sa version théâtre, Sonia Bergerac est interprétée par Gaëlle Billaut-Danno. Epuisée par les insultes et les menaces de ses élèves irrespectueux et l’avis réprobateur du proviseur, l’enseignante tente malgré tout de faire cours. Un jour, alors qu’elle trouve un pistolet dans le sac de l’un de ses élèves, elle s’en empare et blesse involontairement l’un deux. Prise de panique, elle prend la classe en otage… À noter que Gaëlle Billaut-Danno a fait de multiples apparitions à la télévision française. Notamment dans Engrenages, Profilages ou encore Fais pas ci, fais pas ça. Côté théâtre, la comédienne s’est produit durant la saison 2017-1018 dans Trahisons – soit l’adaptation française de Betrayal que nous avons vu dans sa version originale-. Gravitent autour d’elle dans le rôle des élèves : Hugo Benhamou-Pépin (Sébastien), Lancelot Cherer (Mehmet), Sylvia Gnahoua et Amélia Ewu en alternance avec Sarah Ibrahim dans le rôle de Nawel. Quant au brigadier-chef Labouret et négociateur du RAID, il est interprété par Julien Jacob. Craquage nerveux à l’école Au lycée de la Soufrière – situé dans une banlieue française dite « difficile »-, les élèves font la loi. Pas d’exception pour Sonia Bergerac. Entre son supérieur et les élèves décriant le port de sa jupe, elle n’a aucun répit. En effet, insultes dégradantes et menaces de viol dans son appartement font parties du quotidien de l’enseignante. Le jeu de Gaëlle Billaut-Danno nous fait passer par l’angoisse de la prise d’otage au sursaut à chaque coup de feu tiré en l’air. Une spectatrice à proximité à même poussé un cri de peur. À travers elle transparaît aussi l’instabilité d’un cours -très particulier- sur la vie de Molière ainsi qu’une forme de suspense jusqu’au dénouement final. Cette fois-ci, les rôles sont inversés : Sonia Bergerac n’est plus la cible qui en a « assez de morfler ». Elle devient celle possédant le droit de vie ou de mort sur ses élèves. Lorsque Mouss (Abdulah Sissoko) se fait confisquer son sac dans lequel se trouve un pistolet chargé, la situation dérape. Dépassée par la situation, l’enseignante s’empare de l’arme et blesse accidentellement son élève à la jambe. S’en suit alors une prise d’otage durant laquelle Sonia Bergerac oblige ses élèves à s’allonger par terre, « comme à la télé ». Afin de trouver une issue à la situation, le RAID va d’ailleurs devoir intervenir. Deux salles, deux ambiances Au début de la pièce, cinq élèves se tiennent immobiles, tournant le dos au public. L’un après l’autre, ils tournent et dansent sur une reprise de la Lettre à France de Michel Polnareff par Pascal Obispo. Comme dans une tragédie classique, le décor reste figé sur cette salle de classe aux tables gribouillées au stylo bille. Tour à tour, les élèves deviennent bourreaux et victimes les uns des autres. Insultes et menaces fusent. Parmi les thèmes évoqués, on retrouve le racisme, la religion mais aussi la loi du silence. Cette dernière rejoint d’ailleurs une autre thématique purement liée à l’école : le harcèlement scolaire. C’est le cas de Mehmet (Lancelot Cherer). En raison ? Ses origines turques, sa pratique de la religion et sa sensibilité. Sur scène, l’acteur porte d’ailleurs un cocard à l’oeil gauche afin d’accentuer sa situation. Via le personnage de Sonia Bergerac, ce sont également des problèmes à tendances féministes qui apparaissent : misogynie, violences faites aux femmes ou encore le viol. Au fil de l’histoire, les blessures personnelles s’exorcisent et les questions s’accumulent : Qui doit-on soutenir ? Mme Bergerac ou le RAID ? A qui faire confiance ? Que faut-il craindre quand tout cela sera terminé ? Grâce à un écran géant installé au milieu de la scène, on assiste à l’édition spéciale d’une chaîne d’information. Par son biais, le proviseur ainsi que le Ministre de l’Intérieur donnent leur point de vue sur la situation. Un avis bien différent de celui revendiqué par la professeure de français. Derrière un rideau fin, on aperçoit également le négociateur du RAID (Julien Jacob) tentant inlassablement de convaincre la preneuse d’otage de libérer un élève, puis de se rendre. Une pièce toujours d’actualité Dix ans après le film, les questions soulevées par La Journée de la Jupe sont toujours d’actualité. En effet, en tant que femme, c’est quotidiennement que nous recevons des insultes fondées sur notre manière de nous vêtir. Chose étant d’ailleurs arrivée de notre côté pas plus tard que le jour de notre venue à la représentation. Pour en revenir à la pièce, l’une des revendications de Sonia Bergerac réside dans l’instauration d’un « Jour de la Jupe ». Jour qui se tiendrait une fois par an dans tous les établissements scolaires. En résulte alors l’incrédulité des pouvoirs publics. Le ministre de l’Intérieur s’exclame d’ailleurs : « Une Journée de la Jupe ? Et pourquoi pas la nuit du string pendant qu’on y est ? ». Grâce à son texte poignant, la pièce pose des questions qui interrogent sur des thématiques largement débattues aujourd’hui. Parmi elles, la suprématie masculine faisant loi dans certains quartiers ou les rapports entre hommes et femmes. On peut également ajouter la question autour des relations entre les professeurs et leurs élèves allant entre méfiance et confidence. Et vous, avez-vous envie de découvrir La Journée de la Jupe au théâtre des Béliers Parisiens ?

Aller au contenu principal