Nous sommes les Wildcats – Siobhan Vivian

Illustration "We are the Wildcats" ©Michelle Kondrich

Après « La Liste », Siobhan Vivian revient avec un roman coup de poing, « Nous sommes les Wildcats » paru le 17 juin chez Nathan. Nous sommes les Wildcats signe le retour de Siobhan Vivian sur nos étagères croulantes de livres. Sorti le 17 juin 2021, il aborde la toxicité des manipulations ainsi que les mensonges pour arriver à ses fins. On vous en dit plus sur ce livre dévoré en quelques heures tant il est prenant. Avis Général Nous sommes les Wildcats nous offre de suivre les péripéties d’une équipe féminine sénior de hockey sur gazon. Une aventure de 24 heures au cœur des problèmes que rencontrent les filles. Parmi eux, mensonges et non-dits. Pour cela, Siobhan Vivian fait preuve d’originalité puisque le roman retrace ces heures à travers six points de vue différents. Points de vues qui nous permettent de découvrir les forces et failles de chacune des six joueuses. À noter que toutes sont issues de milieux sociaux différents, d’origines différentes. Comme le soulève si bien Ali, Luci se rend-elle compte qu’elles ne sont que deux personnes racisées dans l’équipe cette année ? Au fil des pages on sent combien la pression mise sur leurs épaules est énorme. Autre point soulevé : la manipulation de leur coach. Afin d’envenimer les choses, il joue sur leur avenir pour mieux assouvir le sien. Cependant, les filles forment une équipe et elles lui réservent bien des surprises ! Ainsi, une certaine tension est palpable jusqu’à un dénouement laissant sur sa faim. En effet, l’issue du match n’est pas révélé. Une charge que Siobhan Vivian laisse à l’imagination du lecteur. We are the Wildcats – Couverture étrangère Une prévention sur le sport féminin Nul doute que Nous sommes les Wildcats serait à mettre entre toutes les mains. En effet, avec ce livre, Siobhan Vivian met en avant ce qui se produit dans la réalité : sous-estimation des sports féminins au profit des sports masculins et mental des athlètes relégué dans une zone sombre. À travers le regard de la toute jeune Luci, une partie des règles que les filles doivent respecter sont abordées. On compte parmi elles l’obligation du port d’une jupe ou robe les jours de match, l’interdiction de porter un jean ou encore proscription du maquillage, des bijoux ou des parfums. Pourtant, tant elles sont douées, les joueuses de cette équipe senior sont les seules à être désignées par le nom « Wildcats ». Preuve en est, certaines comptent déjà des sélections en équipe nationale ou obtiennent des bourses pour différentes universités. Grâce à ce roman, il serait sûrement possible d’ouvrir le débat sur ces sujets sensibles au sein d’écoles, mais aussi des clubs. Ainsi, élèves et athlètes disposeraient d’un meilleur accompagnement et d’une écoute afin d’éviter que de telles situations se répètent. Illustration « We are the Wildcats » ©Michelle Kondrich Un livre en lien avec l’actualité Alors que les JO de Tokyo – valides entendons-nous – se sont clos il y a peu, nous n’avons pu nous empêcher de faire un rapprochement avec Nous Sommes les Wildcats. En effet, de nombreuses athlètes y ont fait entendre leur voix. Et ce, pour des raisons diverses abordées dans ce roman. Sexisme dans le sport La santé mentale dans le sport La majorité du roman s’attarde d’ailleurs sur le moral des six joueuses. De leur point de vue mais aussi via les paroles que leur renvoient leur coach. En effet, selon lui, si ça ne va pas dans leur tête, elles perdront le match. On découvre également leurs blessures portées seules, leurs nons-dits, les mensonges et manipulations. Est aussi évoquée la notion des abus, si petits soient-ils, qui les empêchent d’avancer et de créer une cohésion parfaite. En France, ce phénomène se produit régulièrement. Notamment avec LE sport considéré comme masculin par excellence : le football. Il y a quelques années, une banderole mysogyne « Hommes au stade, Femmes à la cuisine » était en effet apparue lors d’un match de l’Olympique Lyonnais. Ce, alors même que l’équipe féminine gagne – encore aujourd’hui – plus de titres européens que leurs collègues masculins. Pourtant, les stades restent partiellement vides en raison de leur « jeu plus lent, moins technique et donc moins attrayant » (dixit certains hommes). Misogynie lors du match OL-LOSC le 28 janvier 2017 Les frustrations de l’adulte et leur dangerosité Nous l’évoquions un peu plus haut, Nous sommes les Wildcats, Siobhan Vivian revient sur les mensonges et la manipulation d’un adulte auprès de jeunes athlètes. Un fait reconnu quelque soit le pays et les coutumes. En effet, les adultes n’hésitent pas à mettre la pression sur les épaules de leurs enfants. Et ce, que cela concerne les activités extra-scolaires ou scolaires. Cependant, certains pays mettent la barre toujours plus haut. Par exemple, aux USA, les études sont si chères que décrocher une bourse pour rentrer à l’université devient une nécessité. Bourse d’excellence obtenue de deux façons : de très bons résultats en cours ou une bourse sportive. Ainsi, la pression est mise sur les épaules des enfants dès le plus jeune âge. Certains ont même un plan de vie tout tracé dès la naissance tandis que d’autres le découvre au cours de leur scolarité. Lorsqu’un enfant excelle dans une discipline, que ça lui plaît, pourquoi pas ? Cependant, la pression dont nous parle Siobhan Vivian dans ce roman est encore différente. Plus perverse. Il s’agit de celle des adultes frustrés de ne pas avoir atteint leurs objectifs de vie ou sportifs. Par exemple, ce vieux médecin qui rêvait d’être chirurgien ou cet entraineur de seconde zone qui souhaitait devenir un grand champion dans sa discipline. Vous la voyez venir cette frustration ? Dans Nous somme les Wildcats, ce dernier exemple prime. L’entraîneur oscille entre la manipulation, les mensonges et l’abus de pouvoir. Outrepassant ses droits et devoirs envers les filles qui lui sont confiées. Malgré le sacré palmarès – contrairement aux équipes masculines du lycée -, leur coach souhaite trouver une meilleure position sociale que son poste actuel. Pour cela, il est prêt à tout, quitte à ce qu’une joueuse se blesse au point de ne plus pouvoir évoluer. Quitte à faire croire à certaines joueuses qu’elles sont spéciales. Assez pour avoir une relation privilégiée avec lui.

Appelez-moi Nathan : Né dans le mauvais corps !

Appelez-moi Nathan lève le voile sur le parcours parfois semé d’embuches des personnes concernées par la transidentité. Un roman graphique signé Catherine Castro et Quentin Zuttion. Roman graphique tiré d’une histoire vraie, Appelez-moi Nathan suit le parcours identitaire de Lila. On vous parle de cette histoire écrite par Catherine Castro et dessiné par Quentin Zuttion qui ne nous a pas laissé de marbre ! Dans Appelez-moi Nathan, Catherine Castro et Quentin Zuttion dépeignent parfaitement les phases auxquelles sont confrontées la plupart des personnes transgenres. L’étant moi-même, j’ai été ravi d’enfin trouver un livre parlant de la transidentité dans mon sens – femme vers homme. Je vous parle donc de ce récit qui m’a permit de me reconnaître dans ce personnage. Stéréotypes de genre D’entrée de jeu, Appelez-moi Nathan renvoie à la figure les stéréotypes de genre auxquels nous sommes confrontés dès notre plus jeune âge. Et ce, que cela soit du point de vue des enfants ou des adultes. En effet, si les filles parviennent à jouer au foot ou au basket avec les garçons en maternelle et primaire, la différence se fait immédiatement ressentir au collège. Rapidement, les garçons vont trouver les filles « nulles » et les exercices physiques vont se différencier. Côté adultes, les parents – s’ils ne le faisaient pas auparavant – vont acheter des vêtements spécifiques à chaque genre. De même pour les cadeaux. Ainsi, malgré les préférences de l’enfant, l’adulte reste maître de la situation et impose ses choix. Vous verrez d’ailleurs Lila enfiler des vêtements féminin afin de faire plaisir à ses parents. Vêtements qui se retrouveront rapidement relégués au fond d’un coffre ou d’une armoire. Bout à bout, ces décisions ne permettent donc pas aux enfants de se trouver et d’assumer qui ils sont. © Catherine Castro & Quentin Zuttion L’image de soi Précédemment, nous vous parlions du collège. Lieu de tous les changements, de toutes les peurs et de l’apparition de la puberté. Bien sûr, Appelez-moi Nathan explique en quoi ce sujet est important en tant que personne transgenre. En effet, le moindre changement est sujet au regard d’autrui. Et quels changements ! Chez les filles, la poitrine se développe et les menstruations s’invitent à la fête. Le tout, accompagné par une poussée de poil inexistants auparavant. Tout comme Lila, j’ai vécu cette période comme un enfer. Auparavant, personne ne me faisait de remarques sur le fait que j’aille à la plage torse nu et vêtu d’un short. Puis, la puberté a changé la donne et je me suis retrouvé bridé par les adultes qui sexualisaient mon corps. Je me suis alors vu imposer des t-shirt et maillots de bain féminins sans que je n’en comprenne la cause. La situation a également changé au collège. Les garçons ne voulaient plus passer leur temps avec moi. J’ai alors commencé à détester ce corps que les adultes me forçait à cacher. Corps devenu aux yeux de tous celui d’un « garçon manqué ». Ni fille, ni garçon. Tout comme Nathan, j’ai ressenti de la colère envers ces gens, ces amis et ce corps qui n’évoluait pas comme je le souhaitais. Sans que je ne le sache, la dysphorie de genre était déjà là. Je ne savais simplement pas, à l’époque, ce que j’étais. © Catherine Castro & Quentin Zuttion La transition S’il est bien une chose appréciable dans Appelez-moi Nathan, ce sont les pensées des parents et de Théo. Un changement de point de vue qui incorpore leurs questionnements sur l’annonce de Nathan concernant sa transidentité. Le roman ne passe également pas à côté des remarques et commentaires transphobes à l’égard de Nathan. Un point important puisqu’il montre à quel point les personnes transgenres sont discriminées. Et ce, que ce soit dans la rue, le cercle familiale ou amical. Au sein de ce roman graphique, la transition de Nathan peut être perçue comme un combat. En effet, la puberté étant constamment associée à une « crise d’adolescence », sa volonté de changer de genre est considérée comme une « phase ». Mais voilà, ce n’est pas qu’une phase. La souffrance morale est belle et bien réelle, et ce, d’autant plus lorsque l’on a la sensation d’être incompris, de se sentir seul et de détester son corps. De plus, la brutalité des paroles blessantes provenant de personnes externes n’arrange rien à la situation. Ainsi, Appelez-moi Nathan est une lecture intéressante sur tous les plans. D’un côté, elle peut aider des alliés à mieux comprendre le vécu d’une personne transgenre. De l’autre, elle est bénéfique pour la communauté transgenre et les enfants. En effet, par son traitement, le roman met en avant le fait que vous ne soyez pas seul et que, si chaque transition est différente, les ressentis sont souvent similaires. Et vous avez-vous lu Appelez-moi Nathan ? Qu’en avez-vous pensé ? SAEVIN Co-fondateur | Photographe | Rédacteur MES ARTICLES SUGGESTION D’ARTICLES SUR LE MÊME THÈME Email Subscribe You have been successfully Subscribed! Ops! Something went wrong, please try again. Facebook Twitter Instagram Tiktok Spotify Linkedin

Nos éclats de miroir : la puissance des mots

Le lien entre Anne Frank et Cléo ? Vous le découvrirez entre les pages de Nos Eclats de Miroirs : un roman sous forme de journal intime signé Florence Hinckel.  Avec Nos éclats de miroir, Florence Hinckel plonge le lecteur dans le journal intime de Cléo, bientôt 15 ans, 1 mois et 20 jours. Pourquoi autant de précision ? L’adolescente est passionnée par Anne Frank et c’est à cet âge que la jeune juive est morte. Mais cela ne fait pas tout. On vous parle de ce beau roman jeunesse édité aux éditions Nathan ce 17 janvier 2019. De Anne Frank à Cléo Anne Frank est certainement l’une des adolescentes les plus connue de l’Histoire. La sienne, vous la connaissez. Obligée de se cacher des nazis allemands durant la seconde guerre mondiale, la jeune fille juive raconte dans son journal intime – adressée à une certaine Kitty – ce qu’elle vit durant deux ans et un mois à Amsterdam. Parfois, ce journal est étudié à l’école. D’autres, simplement évoqué pour les lecteurs en herbe. Dans tous les cas, le journal d’Anne Frank fait parti de ces classiques jeunesses lu par des millions de personnes. Et Cléo n’a pas échappé pas à la règle. Dans Nos éclats de miroir, l’adolescente de bientôt 15 ans décide en effet de répondre au journal d’Anne Frank. Pour cela, elle signe même du nom du destinataire de cette dernière : Kitty. Un livre sur la notion de deuil Si l’intrigue se déroule dix ans après le décès du père de Cléo, Nos éclats de miroir est emprunt d’un deuil vécu différemment par l’adolescente, sa soeur ainée, Mélodie – 17 ans – et sa mère. Si extérieurement Cléo semble doucement faire face au chagrin, elle ne parvient pas à exprimer ce qu’elle ressent. Mélodie intériorise tout et remplace sa mère lorsqu’elle souffre d’absences. La figure de la mère, parlons en justement. Le deuil s’avère plus compliqué encore pour elle. Tantôt elle se réfugie dans l’art. Tantôt elle fugue ou fait un séjour en maison de repos. Lorsqu’elle revient, complètement hagarde de ses fuites, Cléo et Mélodie se doivent de la couvrir auprès de son travail afin qu’elle n’ait pas d’ennuis. Heureusement, les choses vont évoluer grâce à Cléo. Un jour, l’adolescente pense trouver l’âme soeur de sa mère. Homme qu’elle commencera à fréquenter et lui rendra le sourire. Pourtant, si cette femme reprend enfin goût à la vie, Mélodie, elle, déchante. La peur s’empare d’elle. Peur que Cléo et sa mère oublient la figure paternelle. Une peur si vive qu’elle lui fera même penser au suicide. Il leur faudra alors force et patience pour s’en sortir. Harcèlement et rapport de domination  Si plusieurs personnages sont présents dans la vie de Cléo, l’un d’entre eux a particulièrement retenu notre attention : Bérénice. Au fil des confessions de l’adolescente, on découvre que celle qu’elle considère comme sa meilleure amie depuis le CM2 est un vrai poison. Sans cesse, Bérénice se met en avant, la critique ou la rabaisse méchamment. En atteste leur rencontre où l’adolescente crie sur Cléo car « elle se trouve sur son passage ». Malgré les remarques, Cléo se tait, et pire encore, trouve des excuses à ce comportement inadmissible. Pourtant, l’adolescente est littéralement le faire-valoir de son amie. En effet, il arrive même qu’elle serve de « porte de secours » lorsque Bérénice rencontre ses futurs petits amis. Plus grave encore, sa meilleure amie n’hésite pas à raconter les mésaventures de l’adolescentes afin de l’humilier. Heureusement, à l’approche de la date fatidique d’arrêt de son journal, la jeune écrivaine va se remettre en question. Cette décision prise, elle devra faire face au harcèlement de Bérénice. Au programme de la reine des abeilles : fausses accusations, insultes,… Vous l’aurez compris, la reine des abeilles et un véritable poison pour Cléo que l’on a envie de protéger dès le début. Nos éclats de miroir enjoint donc à se rendre compte combien de personnes peuvent être nocives dans nos entourages. Florence Hinckel appuie également sur le fait qu’il est souvent difficile de s’en rendre compte ou s’en détacher lorsque l’on est au collège. Ainsi, on se retrouve seul au milieu d’une foule écoutant la personne la plus populaire. Nos éclats de miroir est d’une sensibilité attendrissante. On grandit aux côtés de Cléo, vibrant à chacune de ses petites aventures quotidiennes. Ce livre vous intéresse-t-il ? L’avez-vous lu, qu’en avez-vous pensé ?

Naviguer en eaux troubles avec Le Goût Amer de l’Abîme

Grâce à son livre Le Goût Amer de l’Abîme, Neal Shusterman nous fait entrer dans la tête d’un jeune schizophrène. Un somptueux roman paru le 30 août derniers chez les éditions Nathan. National Book Award 2015, Le Goût Amer de l’Abîme est disponible en France depuis le 30 août. Inspirée de l’histoire réelle de son auteur, Neal Shusterman, ce roman jeunesse est une véritable plongée dans les eaux troubles de la schizophrénie. Un livre pour comprendre la schizophrénie Chose non négligeable à la lecture, Neal Shusterman aborde dans Le Goût Amer de l’Abîme un sujet qui le touche directement. Son fils, Brendan, étant schizophrène, le roman s’inspire directement des sensations qu’il lui a rapporté. L’auteur explique d’ailleurs avoir expérimenté la médication de son fils en se trompant de cachet. Le roman contient également quelques esquisses de l’adolescent ainsi que des phrases issues de ses poèmes. Un savant mélange permettant au lecteur d’immédiatement se sentir plus proche de ce garçon vivant sous les traits de Caden Bosch. Grâce au point de vue interne, on se glisse doucement dans les méandres du cerveau de l’adolescent afin d’en comprendre le fonctionnement. De l’anxiété croissante à la paranoïa en passant par des absences répétées ou un manque flagrant de concentration, rien n’est oublié et très bien décrit. Et croyez-nous, alors que nous ne raffolons pas des romans à la première personne, celui-ci nous a tout simplement percuté. Car si tout porte à croire que Caden est un adolescent comme les autres, c’est loin d’être le cas. Au fil des pages, nous découvrons les signes avant coureurs de la maladie jusqu’à son hospitalisation. On ressent également la peur de ses parents face à la perte d’appétit ou une baisse de résultats scolaire. Des adultes qui ne comprennent pas mais restent aux côtés de ce garçon qui veut autant rester seul qu’il a peur de l’abandon. Tout ce qu’on a pour déterminer ce qui est réel, c’est l’esprit… Alors que se passe-t-il quand l’esprit se change en menteur pathologique ? Une réflexion sur les maladies mentales Le Goût Amer de l’Abîme ne vous laissera pas ressortir sans nouvelles connaissances, et ce, que cela concerne la schizophrénie ou l’univers hospitalier. On a tout particulièrement apprécié la réflexion de Caden énonçant que la vision des maladies mentales a changé au fil des siècles. Il aborde notamment le fait d’être considéré comme un prophète pour les amérindiens lorsque d’autres populations préféraient vous enfermer dans des asiles. On retient aussi l’évocation de Van Gogh et son oreille coupée et une histoire autour du David de Michel-Ange. Avec tant de connaissances dans divers domaines, l’adolescent prouve ainsi qu’il n’est pas dépourvu d’intelligence. Le roman dénonce aussi certaines méthodes hospitalières telles que les thérapies de groupes amenant la colère des parents. Sont aussi abordés la surveillance des patients laissant à désirer suite à un suicide et l’exclusion de membre du personnel compétant. Autant de faits qui ne font qu’ôter des points de repaires plutôt que d’aider les enfants à s’en sortir. Tu te demandes quel crétin fini a décidé que ce serait une bonne idée de torturer des ados perturbés en les obligeant à écouter les cauchemars éveillés des autres. Évidemment, Le Goût Amer de l’Abîme n’oublie pas de mentionner les composants du traitement médicamenteux de Caden en mentionnant certains effets secondaires parfois violents. Parce que soigner la schizophrénie n’est pas chose aisée. Il est nécessaire de trouver le bon cocktail pour la bonne personne, signifiant que toute personne en étant atteinte n’a pas le même traitement. Voyage en terres inconnues Neal Shusterman nous présente un univers ou le réel et hallucinations se confondent. Un IRM lui donnera ainsi l’impression d’être enfoncé tête la première dans un canon martelé de coups. Chaque protagoniste tient quant à lui un rôle spécifique dans le voyage de Caden à bord de son vaisseau pirate. À partir de l’instant ou il embarque, l’adolescent devra affronter ses démons et trouver des solutions pour revenir à la réalité. Ici, le perroquet et le Capitaine sont borgnes. Les cocktails sont étranges. La figure de proue, Calliope, est retenue prisonnière du navire. Le tatouage d’un marin parle et des cerveaux s’échappent des crânes pour être balayés par Carlyle sur le pont. Autant d’absurde qui nous fait penser à Camus ou Vian tout en s’accrochant à la réalité.  Et vous, avez-vous lu Le Goût Amer de l’Abîme ?

The Hate U Give : le roman coup de poing d’Angie Thomas

Une de la chronique du libre The Hate U Give de Angie Thomas. Image basée sur le film

The Hate U Give, le premier roman percutant d’Angie Thomas! Disponible en version française depuis avril 2018, The Hate U Give (La haine qu’on donne) est un véritable coup de poing. Déjà best-seller aux États-Unis, le roman d’Angie Thomas aborde la question du Black Lives Matter, soit, le racisme et les violences policières. Un pas entre fiction et réalité Prenant place dans un quartier représentant les communautés noires américaines, le premier roman d’Angie Thomas s’attarde sur la récurrence du racisme et des violences policières. Faits, qui, s’ils se déroulent aux États-Unis trouvent écho en France, où ils sont également présents.Ainsi, The Hate U Give s’ancre profondément dans l’actualité. De part l’évocation de la mort de Khalil, un jeune homme noir non armé, par un policier blanc, on ne peut que penser à l’affaire Trayvon Martin (2012). En effet, comme pour ce jeune afro-américain de 17 ans, des manifestations surviennent après les faits. Afin de dénoncer la régularité de ces actes, le mouvement Black Lives Matter est né l’année suivante. Est aussi mentionné à plusieurs reprises le « street code » impliquant qu’aucune personne ne doit en dénoncer une autre. Code particulièrement appliqué par les gangs omniprésents tout au long de l’histoire. Quelques personnages vont cependant aller à contre-courant en prenant la parole. On évite de vous spoiler, mais vous verrez, ils viennent d’horizons différents. Un livre sur le courage et la prise de parole Bien que Starr répète sans cesse ne pas être courageuse, cette citation résume parfaitement son personnage : « Tu peux très bien être courageuse et avoir peur quand même, Starr, dit-elle. Être courageuse, ça veut dire ne pas se laisser abattre par sa peur. Et c’est ce que tu fais. » Tout au long du roman, la jeune fille va surpasser ses peurs. Celle d’apporter son témoignage à la police. Celle de raconter ce qui s’est passé à ses ami(e)s. Celle d’être prise pour une « balance » si elle accorde une interview. Vous la verrez donc évoluer et prendre de plus en plus de décision jusqu’à LA prise de parole libératrice. The Talk : la conversation inévitable Pour ceux qui ne le sauraient pas, « The Talk » est une conversation que les parents de certaines communautés ont avec leurs enfants afin de leur indiquer comment se comporter en cas de contrôle policier. The Hate U Give est donc un excellent moyen de comprendre à quel point il est nécessaire aujourd’hui d’avoir ce genre de discussion. Starr mentionne notamment le fait qu’elle ne doit pas sortir avec une capuche sur la tête ou qu’elle doit répondre calmement et sans poser de questions aux ordres des policiers. Malgré tout, les forces de l’ordre ne sont pas exempt de violences, comme le montre la fouille subie par son père. Évènement qui l’obligera d’ailleurs à avoir LA conversation beaucoup plus tôt que prévu avec Sekani, le plus jeune frère de Starr. Un livre bourrée de références culturelles Histoire, musique, sport, les références à la culture afro-américaine se multiplient. Vous découvrirez une famille qui se réunit devant les matchs de NBA. Starr, qui voue un culte à James LeBron, fait elle-même partie d’une équipe de basket dans son école. Michael Jordan et ses Nike Air sont aussi mentionnés à plusieurs reprises. The Hate U Give, c’est aussi un père inconditionnel des Black Panther’s au point d’en faire apprendre les différents points du règlement à ses enfants. Et qui dit Black Panther’s, dit Maclom X. Des noms qui permettent ainsi aux plus jeunes d’en apprendre davantage sur la culture américaine et la ségrégation raciale. Seule ombre au tableau, Rosa Parks, qui, entre toutes ses références masculines, aurait pu être citée. Cependant, l’univers le plus présent reste celui de la musique qui pioche dans toutes les générations. Omniprésent, rap et hip-hop donnent le ton, plongeant le lecteur dans un univers où l’on danse et chante au rythme de Tupac, Ice Cube, Drake, Beyoncé et autres N.W.A. (Niggaz Wit Attitudes). Le chanteur et acteur Will Smith est quant à lui omniprésent puisque Starr et son petit ami, Chris, sont fans de la série Le Prince de Bel-Air. Bonus, cet automne, une adaptation au titre éponyme devrait arriver sur nos écrans avec Amandla Stenberg dans le rôle de Starr. Malheureusement, aucune bande annonce n’est encore disponible en français. https://www.youtube.com/watch?v=3MM8OkVT0hw Et vous, avez-vous lu ce roman coup de poing ? NEWSLETTER Facebook Twitter Instagram Pinterest Linkedin

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