#WhereIsPengShuai : retour sur le mouvement de solidarité à l’égard de la tenniswoman chinoise

Suite à la disparition inquiétante de la tenniswoman chinoise Peng Shuai, le monde entier s’est inquiété via le #WhereIsPengShuai. C’est l’affaire géopolitique qui secoue le monde du sport et au delà : la disparition soudaine de la championne chinoise de tennis Peng Shuai. Les Insouciantes vous explique ce qui a poussé la naissance du mouvement #WhereIsPengShuai. #WhereIsPengShuai : Pourquoi un tel mouvement ? Ces dernières semaines, les réseaux sociaux se sont remplis d’un hashtag demandant #WhereIsPengShuai. Un mouvement qui soulève la communauté sportive et le reste du monde.   La raison ? Depuis son message posté le 2 novembre 2021 sur Weibo – le Twitter chinois – la tenniswoman Peng Shuai avait complètement disparue. Il faut dire que ce post n’avait rien d’anodin puisqu’elle y accusait de viol un haut dirigeant du pouvoir chinois, en l’occurrence l’ancien vice Premier ministre, Zhang Gaoli. Moins d’une demie-heure plus tard, toutes informations concernant la championne ont soudainement disparues de l’internet local. Ce message d’accusation compris. Quant à l’ancienne n°1 mondiale, à compter de cette date, elle n’est tout simplement plus apparue publiquement sur les réseaux sociaux. Une disparition soudaine qui a alors plongé fans et monde du sport dans une profonde inquiétude. Une solidarité mondiale Vous le savez, les réseaux sociaux peuvent faire des miracles. Face à l’inquiétude grandissante autour de la disparition de Peng Shuai, le hashtag #WhereIsPengShuai s’est répandu sur la toile. Rapidement, il a été repris par de nombreux anonymes ainsi que des personnalités du sport. On compte parmi elles des collègues tels que Serena Williams, Naomi Osaka, Novak Djokovic, Stan Wawrinka, Andy Murray ou encore les françaises Alizé Cornet et Amélie Mauresmo. I am devastated and shocked to hear about the news of my peer, Peng Shuai. I hope she is safe and found as soon as possible. This must be investigated and we must not stay silent. Sending love to her and her family during this incredibly difficult time. #whereispengshuai pic.twitter.com/GZG3zLTSC6 — Serena Williams (@serenawilliams) November 18, 2021 « Nous ne devons pas rester silencieux » écrit Serena Williams sur Twitter. De son côté, la championne japonaise Naomi Osaka dénonce la censure dont abuse la Chine, mentionnant qu’elle ne doit « pas être acceptable, et ce, quelqu’en soit le prix« . Évidemment, tous ces messages bienveillants espèrent que Peng Shuai soit saine et en sécurité.  Le 14 novembre 2021, la WTA, association organisant les compétitions tennistiques professionnelles du circuit féminin, est sortie de son silence. Elle a ainsi déclaré vouloir « exclure la Chine si Pékin n’agissait pas pour essayer de la retrouver et d’y voir plus clair sur cette disparition.«  Cependant, en France comme à l’étranger, l’élan de solidarité ne s’est pas arrêté au monde du tennis. Ainsi, le journal sportif L’Equipe ou le quotidien Le Monde ont consacré leurs unes à la tenniswoman chinoise. The Guardian ou le Daily Mirror ont également relayé la disparition. On compte également le soutien du footballeur espagnol Gerard Piqué. L’affaire est même remontée jusqu’à la Maison-Blanche. En effet, le président américain Joe Biden a menacé la Chine de boycotter les Jeux Olympiques d’hiver censés se dérouler à Pékin en février prochain. . #WhereIsPengShuai pic.twitter.com/51qcyDtzLq — NaomiOsaka大坂なおみ (@naomiosaka) November 16, 2021 Peng Shuai : la réapparition Face à l’ampleur de la polémique, la Chine a dû agir en conséquence. Par le biais de médias affiliés au gouvernement, des photos et vidéos de Peng Shuai ont donc été divulguées. Cependant, rien n’est fait pour rassurer. En effet, si la championne apparaît à l’écran, elle ne s’exprime pas publiquement. L’inquiétude ne tarissant pas, le 21 novembre 2021, Peng Shuai s’est entretenue via visio-conférence avec le Président du Comité International, Thomas Bach. Ce dernier a déclarer qu’elle « était saine et sauve à son domicile à Pékin et qu’elle aimerait que sa vie privée soit respectée. » Une réponse qui n’a en rien convaincu la WTA sur la sécurité et la capacité de Peng Shuai à s’exprimer librement.  À noter que le 1er décembre 2021, le président de la WTA, Steve Simon, a annoncé la suspension « immédiate » des tournois de tennis féminin en Chine.   Disparition typique de la répression chinoise Ces dernières années, les disparitions inquiétantes sont monnaie courante en Chine. Cela, qu’il s’agisse d’anonymes ou de célébrités. Parmi les personnalités renommées ayant subi la répression chinoise, on compte notamment l’actrice Fan BingBing (X-Men : Days of Future Past) ou l’homme d’affaire Jack Ma. Ce dernier est reconnu pour avoir créé le site de commerce Alibaba.com. Des lanceurs d’alertes sur la crise sanitaire de la Covid-19 se sont également retrouvés dans ce cas. À l’instar de Peng Shuai, tous ont pour point commun de « déranger » le Parti Communiste chinois. En les faisant disparaître un certain temps, le gouvernement espère ainsi décourager toute contestation. Il y règne donc un climat d’insécurité entre les personnes. Malgré le fait que la communauté internationale redoute une censure dans le discours de la tenniswoman en cas de retour sur ses accusations, une « réapparition » publique est plus que jamais attendue. De son côté, la Chine demande au reste du monde de « cesser de monter en épingle » cette affaire et d’en faire une « question politique« . Pour l’heure, la situation de Peng Shuai demeure donc incertaine. En effet, sa liberté n’étant toujours pas fondamentalement prouvée un mois après ses accusations envers Zhang Gaoli, le monde reste à l’affut de nouvelles rassurantes. Peng Shuai lors de sa réapparition Comment avez-vous réagi au #WhereIsPengShuai? ELISA SUGGESTION D’ARTICLES SUR LE MÊME THEME NEWSLETTER Facebook Twitter Instagram Tiktok Spotify Linkedin

La Masculine : Un roman sans un mot masculin

Un monde sans homme ? C’est ce que nous propose Laurence Kiehl dans son roman La Masculine, sorti le 27 septembre 2018. Avec La Masculine Laurence Kiehl – alias Qui-Elle – nous plonge dans une dystopie au milieu d’une capitale parisienne où la révolution gronde. Les hommes ont tous été emportés par une mystérieuse maladie – ou presque, le dernier rendant son dernier souffle au cour du roman-. La lutte des classes est plus présente que jamais. Comment se passe la vie sans les hommes ? C’est ce que nous allons découvrir ! Une dystopie misandre Présentée comme féministe, La Masculine nous a plutôt amené vers une vision misandre du monde. En effet, gouverné par un « hydre » féminin, le pays tombe dans la monarchie. Un hydre à trois têtes dont on ne voit d’ailleurs jamais le bout du nez, alimentant les rumeurs dans la capitale. La raison ? L’éviction de la télévision jugée trop néfaste ne laissant place qu’à des allocutions radiophoniques. Alliées aux Immortelles de l’Académie Linguistique Française, le trio a transformé le langage français. Subsiste alors une véritable répression quant à l’utilisation de mots masculins. Pour se faire, une police – les audio-fliques – est mise en place pour faire régner la loi, condamnant les femmes à voir leur bouche plissée si elles utilisent ces mots. Mais ce n’est pas tout. En plus de subir une extermination, l’homme est tout simplement réduit à un corps malade et inutile à la société. Les mots masculins ayant disparus du vocabulaire, « masculines » ou « couillues » servent à les nommer. Quant au dernier homme, ne pensez pas une seconde qu’il mérite un enterrement dans les règles de l’art. Pour lui, ce sera direction la fosse commune. D’accord, si on comprend le choix de ne pas l’envoyer à « la Panthéonne », celui de la fosse commune nous paraît vraiment extrême. En parlant de « la Panthéonne », cette dernière est réservée à l’enterrement de femmes célèbres. Nous a également marqué le fait que l’homme est « forcément » le seul à manger de la viande. En effet, pour se venger de leur consommation de viande des millénaires durant, une bactérie se serait développée chez les animaux. Bien sûr, il est bien connu que seule les femmes ne mangent pas de viande (spoiler : non !). À trop vouloir montrer une image parfaite et sans bévue de la femme La Masculine devient lourd et ennuyant… Une écriture originale L’originalité de La Masculine réside dans sa volonté d’une histoire sans un seul mot masculin. Pour palier à cela, Laurence Qui-Elle (Kiehl) fait le choix d’une Langfem. En somme, la féminisation de tous les mots masculins. De « moi-e », « toi-e », « lui-e » en passant par « grande-mère » ou encore « elle était une fois », l’autrice bouleverse l’orthographe française. Par ailleurs, certains mots sont tout simplement interdits tel que “on”, “il”, “ils” et bien sûr « homme ». « La putain de chasse à la neutralité de la langue. Arrêtons-nous trois seconds sur notre textualité ! Moi-e, toi-e, lui-e, quelle féminisation ringarde et maniérée ! » p13 Rues et autres places sont elles aussi féminisés. On se promène alors rue des Franches-Bourgeoises, près de La Notre-Dame, La Pitié-Qui-Pétrit ou encore La Tour-F-Elle. Quant aux stations de métro, elles laissent place à Sainte Michèle et l’île de la Lutèce. Comme vous pouvez le constater, rien n’a été laissé au hasard. La K – personnage principale, correctrice chez les Femmes à la plume, agence de presse-imprimerie – soulève la question du neutre à de nombreuses reprises. Par exemple, sont interdits « ça » signifiant pourtant « cette chose » et « on » qui reprendrait quant à lui « nous-les-femmes ».  « …tu sais la contraction « ça » et la syllabe « on » reproduisent forcément une circonstance de femelle, la seule depuis la catastrophe. » p13 Ainsi, même si la féminisation de tout notre vocabulaire perturbe, l’écriture de l’autrice est agréable et fluide. Le niveau de langage oscillant entre courant et plus ou moins soutenu ce qui n’est pas gênant à la compréhension.  Les femmes sans les hommes On pourrait croire qu’avec des femmes au pouvoir les choses évolueraient mais ce n’est pas le cas. Notre lecture de La Masculine nous a même donné l’impression que la vie sans les hommes est vouée à l’échec. En effet, l’histoire met en avant le fait que sans les masculines, les femmes ne peuvent avancer. On constate même un sacré bon en arrière. Que ce soit en raison de grèves ou d’absence de personnel, voiries et électricité posent problème. Sans hommes, des femmes nommées Thermodynamiques se doivent de pédaler pour acheminer l’électricité. De fait, on a l’impression de ne pas voir les femmes dans certains corps de métiers, alors que dans notre réalité, ils en emploient plus qu’on ne le croit. De plus, malgré les avancées technologiques, on observe de nombreuses fausses couches et un avenir des femmes mis en péril. Le roman met également en avant les différentes classes sociales. On y découvre alors de nombreuses travailleuses manuelles se mettant en grève. Ainsi, s’enclenche une ambiance chaotique. Les poubelles ne sont plus ramassées, le courrier plus acheminé. Dans les rues, des manifestantes parcourent les rues, réclamant une augmentation de salaire. Évidemment, comme c’est actuellement le cas en France, l’Hydre n’en a cure et ne bouge pas d’un pouce tant que la révolution n’est pas aux portes de leur demeure. Sans spoiler la fin, finalement La K et sa grand-mère avaient bien compris qu’un monde uniquement féminin n’était pas fait pour perdurer. Peut-être que tout n’est pas perdu ! Et vous, vous laisserez-vous tenter par La Masculine ?

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