Avortement : Référendum historique en Irlande
La République d’Irlande prouve une fois de plus son engagement et sa volonté d’évoluer avec un référendum revenant sur le droit à l’avortement. Trois ans après le vote par référendum pour le mariage homosexuel, l’Irlande vote le droit à l’avortement. Un grand oui salué le 25 mai 2018 par les irlandaises, toutes générations confondues. Position sur l’avortement – considéré comme un crime Dans un pays majoritairement catholique, l’avortement a depuis toujours été un sujet délicat. L’Article 40.3.3 de la Constitution Irlandaise spécifie en effet la protection du droit à la vie de l’enfant à naître. Aussi appelé 8e amendement, il dispose que « L’État reconnait le droit à la vie du fœtus et, en respectant pleinement le droit égal de la mère à la vie, garantit dans sa législation le respect de ce droit et, dans la mesure du possible, de le défendre et de le faire valoir par ses lois« . Adopté en 1983, cet amendement prouve la mobilisation des hommes politiques et des religieux irlandais face à une Europe qui légalise peu à peu l’avortement. Même en cas de viol, d’inceste, ou encore de malformation du foetus – sans aucune chance de survie -, il était donc interdit pour une femme enceinte en Irlande d’avorter. Toute femme désireuse d’avorter était ainsi placée dans l’illégalité. Cette interdiction a donc poussé un grand nombre d’entre elles à se rendre à l’étranger afin d’interrompre une grossesse, et, notamment au Royaume-Uni. Premier changement De nombreux incidents majeurs ont été portés en jugement ainsi que de nombreux cas débattus publiquement tentant d’assouplir la loi irlandaise sur l’avortement. Il faudra attendre 2012 et le décès de Savita Halappanavar pour voir un premier assouplissement. Après sa fausse couche, Savita Halappanavar est interdite d’avorter car le cœur du fœtus bat encore. Cet événement mena à de nombreuses manifestations. L’année suivante, le gouvernement irlandais modifie légèrement la loi, autorisant ainsi l’avortement s’il existe un » risque substantiel pour la vie » de la mère. Malheureusement, un viol, un inceste ou une malformation du fœtus ne sont pas des raisons acceptées pour un avortement. La voie vers le référendum En 2017, Leo Varadkar devient Premier Ministre de la République d’Irlande. Il est le plus jeune titulaire de cette fonction, le premier métis et homosexuel à l’exercer. Refusant d’être représenté comme un pionnier, c’est aussi lui qui mène son pays à un changement conséquent dans la Constitution. Jugeant la loi trop restrictive, il a promis un référendum pour 2018. Chose promise, chose due, le 25 mai dernier, après de longues semaines de mobilisation des partisans des deux camps, les irlandais ont pu voter le Référendum sur le 36e amendement de la Constitution. De nombreuses personnalités se sont exprimés en faveur du Yes, et de nombreux expatriés revenus voter. Les résultats sont tombés et le « oui » l’emporte à plus de 66%. Un « oui » qui se traduit par une volonté de modifier le 8e amendement qui laisse ainsi place à : « des dispositions peuvent être élaborées dans la loi pour la réglementation de l’interruption de grossesse ». Que va-t-il maintenant se passer? Le gouvernement doit proposer un nouveau projet de loi afin de définir les modalités de l’autorisation de l’intervention volontaire de grossesse, rendant notamment celui-ci possible dans les 12 premières semaines.