Rencontre avec Toybloïd !
« C’est quand même les héros du punk et les mecs ils te disent que ton concert c’était trop bien, que tel morceau c’est un tube, que tel morceau est cool. » Le 24 Mai 2016, nous avons profité de la venue de Toybloïd à l’Aéronef de Lille afin de leur poser quelques questions. Les Insouciantes : Le choix de Liam Watson a-t-il été instinctif pour l’enregistrement l’EP et de l’album ? Mado : Alors non parce qu’en fait nous on le connaissait pas. Ce sont nos managers qui nous ont intelligemment soufflé de bosser avec lui. On a tapé Liam Watson sur internet, on a vu qu’il avait bossé avec les Kills et les White Stripes, c’était tout à fait ce qui nous convenait. En plus son studio analogique sans ordinateurs ni rien, tout sur bande c’était extrêmement attrayant. Du coup on a “testé” pour l’EP et comme ça c’est hyper bien passé c’est naturellement qu’on s’est tourné vers lui pour l’album. D’ailleurs, pourquoi avoir préféré un son analogique ? Lou : C’était un peu un challenge parce qu’en analogique t’as vraiment pas le droit à l’erreur. Nous on avait l’habitude et on aime enregistrer en studio en live, quand on joue tous les trois en même temps. Et le coté analogique capte vraiment le moment qui se passe. Mado : Et comme y a pas d’ordinateurs, pas de pistes séparées, tu ne peux pas te dire “ah bah tient finalement le refrain on va le mettre là, on va enlever ce riff, on va rajouter ça…” c’est impossible quoi. Lou : C’était un challenge que nous trois on soit bien coordonnés, puis ça apporte un grain, ça apporte un son, un style… Pierre : Ça nous permet aussi de recréer l’énergie du live. On est plutôt un groupe de scène et c’est très cohérent d’avoir un enregistrement comme ça. Mado : Il faut être cohérent et sûr de soi. Après avoir rodé les morceaux sur de nombreuses scènes, vous n’avez pas peur de décevoir les fans en ne proposant aucun “inédit” ? Pierre : Euh pas tous hein ! Y a deux morceaux qui étaient vraiment nouveaux, Hooked et Off the Post. On les a pourtant entendu en live sur votre dernière tournée ! Lou : Alors Hooked a subi un gros changement en studio. On l’a joué plusieurs fois et Liam était là genre “mmm il manque un truc ou y a un truc en trop” et en fait il nous l’a refait bosser. C’était super mignon parce que pour lui c’était vraiment ce que je chantais sur le couplet qui allait pas. Du coup il s’est mis dans un coin avec son papier, son stylo et il a commencé à écrire les paroles en imitant ma voix à rechercher la mélo, rechercher un nouveau truc et du coup il nous a fait une proposition, on l’a faite et c’était évident que c’était beaucoup mieux ! Donc peut-être qu’il n’y a pas eu d’inédit, que vous les avez déjà entendu en live mais nous vu qu’on les connaît et qu’on les a créé, on voit qu’il y a vraiment eu un gros travail dessus. Pierre : Y a même des structures entières qui ont été changées comme pour If You Dare. Lou : Hell Yeah, la chanson un peu country avec les guitares, il était là “hum c’est pas assez fluide”, y a trop de couplets, un autre demi-couplet, un autre refrain et tout. Du coup il nous a aidé à faire un truc droit, simple. Mado : Après on est arrivé en studio avec des morceaux tout nouveau mais ça ne marchait pas. Je crois que c’est normal d’avoir besoin de les roder en live avant. Pierre : Et on est aussi venu avec des très vieux morceaux mais ils sont pas restés non plus. D’ailleurs en parlant de morceaux rodés, on avait eu l’occasion d’entendre The Riot qui ne figure pas sur l’album. Pourquoi avoir écarté ce titre plutôt qu’un autre ? Lou : The Riot n’est pas resté, c’était sympa Pierre chantait. Il y avait aussi Puppy with the cats qui était censé être la balade du truc mais au final quand on réécoutait les prises et tout à la fin on était pas satisfaits, on ne préférait pas la mettre. Avec Hooked on a pu entendre un aspect plus pop que sur le reste de l’album. Y a-t-il une envie de composer d’autres morceaux dans cette veine pour la suite ? Lou : C’est marrant parce que t’es pas la seule à le dire. Les gens sont venus nous parler en disant “c’est un peu le nouveau Toybloïd et tout”. Moi j’ai pas la sensation que ça change de ce qu’on fait d’habitude. Après, oui je pense qu’on va continuer à composer dans cette direction c’est clair. Pierre : Le morceau est quand même à part dans l’album. Après oui on a peut-être envie de faire plus de morceaux comme ça mais je suis pas sûr que ce soit complètement cohérent vis à vis de nous même de faire un album entier de chansons comme ça. Lou : L’histoire de Hooked aussi c’est que moi j’ai l’habitude de chanter dans Toybloïd en mode (cri)“ROCK’N’ROLL EVERYBODY 1.2.3.4” bien bien aigüe bien envoyer du boulet et là Liam m’a dit “please shut up now” et c’est vraiment un changement pour moi car sur ce morceau je chante calmement en mode tout doux. Ouvrir pour des artistes internationaux vous-a-t-il apporté une expérience différente ? Mado: Déjà on est hyper contents car généralement on est hyper fan de ces groupes là. C’est hyper touchant parce qu’en générale ça se passe bien et en plus ils nous disent que c’était mortel ! (rires) Lou : Sans mentir ! Mado : Je pense notamment aux Understones (connus notamment pour leur titre Teenage Kicks). C’est quand même les héros du punk et les mecs ils te disent que ton concert c’était trop bien, que tel morceau c’est un tube, que tel morceau
[Interview] Conversation avec Manu
« Ce n’est pas parce que les tempos ne sont pas speed et les guitares ne sont pas à onze que c’est pas rock ! » A l’occasion de la sortie de son nouvel album, La Vérité le 4 décembre dernier, Manu nous a gentiment accordés un peu de son temps pour répondre à nos questions ce même jour, tandis que la salle du Gibus se préparait à recevoir la chanteuse pour sa Release Party. Tenki Ame était un album un peu spécial, de type ovni, dans ce que tu as pu faire jusqu’à maintenant. Il y a une collaboration avec le dessinateur Niko Hitori qui se poursuit depuis cet EP (visuel de l’album La Vérité), y en aura-t-il d’autres ? Manu : J’espère bien, parce que je suis assez fidèle avec les gens avec qui je travaille. Mais des fois, ils ne sont pas toujours disponibles pour travailler avec moi ou alors nos chemins, et nos projets diffèrent. Niko Hitori, ça fait un moment que je suis ce qu’il fait, je suis très fan, donc, quand il y a eu la parenthèse enchantée de l’EP Japonais, on a tout de suite pensé à lui. Par contre, je ne savais pas s’il serait ouvert à changer un peu de genre parce que je lui ai demandé quelque chose de très précis pour La Vérité. Ça devait être un noir et blanc, correspondre à la musique, avec du mouvement. Je voulais un trait beaucoup moins doux que pour l’EP. Ça l’a beaucoup excité. Il a écouté les démos à l’époque, il a été inspiré et il a fait ça très vite. L’idée, c’est que, de toute façon, ma tête, je ne l’ai jamais mise du temps de Dolly, donc je ne vais pas commencer maintenant. On s’en fout un peu, et ça ne va pas aller en s’améliorant en plus (rires), donc le fait que ce soit un dessin je suis vraiment fan ! Peu de temps s’est écoulé entre Mon étoile, L’EP Tenki Ame et La Vérité. Comment se déroule l’écriture de l’album, et les tournées aident-elles dans le processus ? Non pas trop parce qu’avec l’EP Japonais, on n’a pas vraiment tourné. En plus, on était plutôt en formation électro-acoustique. On avait incorporé de la harpe, du violoncelle et on a fait quelques concerts comme ça. On s’est fait plaisir avec une formation complètement différente, ce qui a du m’aider à avoir envie d’entendre des grosses guitares je pense. C’était très bien et je pense que j’aimerais bien mener de front les deux formations, parce que la version acoustique avec la harpe et le violoncelle ça permettait d’aller à l’essentiel, c’était très dépouillé, alors que la version électrique ça envoie…. il me faut les deux ! Ce serait l’idéal ! Comment s’est passée la composition après ? Je me suis enfermée toute seule chez moi et j’ai branché la guitare. Je l’ai mise à fond (rires). J’avais enregistré mon batteur, Nirox (Thierry Ndlr), avec deux micros et je l’avais fait jouer pendant une demi-heure. Ensuite, j’ai découpé toutes ses parties pour m’en servir de base pour chaque chanson en fait. Son jeu m’inspire beaucoup. J’ai trituré ses parties dans tous les sens à ma petite sauce et puis j’ai composé comme ça. Pourquoi être revenue aux sources après avoir créer un univers bien à soi en solo ? La dernière étoile, pour moi, c’était pas un album calme. J’ai jamais compris pourquoi on me disait « oui, elle s’éloigne du rock ! » Il est résolument rock cet album ! Ce n’est pas parce que les tempos ne sont pas speed et les guitares ne sont pas à onze que c’est pas rock quoi ! Mais il est vrai qu’on me le dit souvent. Je ne devais sans doute pas être prête. J’avais besoin d’aller ailleurs. Avec Dolly, j’avais fait ça pendant quatre albums, donc j’avais envie d’aller explorer ailleurs. Puis là, l’envie est devenue d’autant plus forte, puisque, justement, pendant un an je n’ai fait que des concerts acoustiques. Donc c’est vrai que, quand je me suis retrouvée toute seule, ça a été le défouloir ! Mais il y a quand même une chanson qui comporte harpe et violoncelle (ndrl Je pense à toi) pour faire une petite pause dans l’album. Et c’est le moment magique, un petit bijou. « C’est la violence des mots, la violence physique et qu’on pense qu’avec un petit bisou, ou un petit cadeau, on rattrape tout, mais non. » Sur le titre Un baiser dans le cou, nous avons eu l’impression d’écouter un texte très fort sur la violence conjugale, quel était ton ressenti en l’écrivant, que voulais-tu raconter ? C’est ça, violence conjugale, ou pas d’ailleurs. La violence des mots… Comme je suis une femme, on va souvent parler de ça, mais c’est la violence des mots, la violence physique et qu’on pense qu’avec un petit bisou, ou un petit cadeau, on rattrape tout mais non. C’était pour jouer avec le mot (cou/coup ndlr), mais ce n’est effectivement pas qu’un jeu de mots. C’est ce que tu as dit, si on veut l’entendre bien sûr, parce qu’un texte a souvent plusieurs lectures. Mais là, je pense que c’est assez direct quand même comme propos. Pourquoi ton choix s’est-il porté sur une reprise de Teenage Kicks de The Understones plutôt qu’un autre groupe/une autre chanson ? Je fais très rarement des reprises. Je crois que c’est la première fois que j’en fais d’ailleurs. Même avec Dolly, je ne suis pas certaine qu’on en ait fait ou pas beaucoup… Pas en album en tous cas. C’est une chanson que Patrick (Giordano ndlr) écoute et m’a fait découvrir. Je connaissais inconsciemment en fait mais je ne pouvais pas citer The Understones… Mais j’étais fan de cette chanson. Pour cet album, je me suis replongée dans pleins de trucs que j’écoutais avant, les Ramones, Understones, même les Rubettes, les Pixies, Sonic Youth… J’ai fait une chanson qui s’appelle Bollywood et je me suis rendue compte que les accords étaient les mêmes que ceux de Teenage Kicks, donc pour être en accord avec moi-même, je me