Zazie : un concert entre amour, humour et société
La pétillante Zazie s’est produite au Sébastopol de Lille 3 soirées d’affilées ! Mercredi 24 avril, Zazie a investi le Théâtre Sébastopol de Lille avec son Air Tour pour trois soirées à guichet fermé. Un excellent moment entre chansons, et humour ! Max Novik Originaire du Nord, Max Novik s’est fait remarqué lors de son passage dans la saison 12 de The Voice. Suite à son élimination durant les cross-battle, sa coach – qui n’était autre que Zazie -, lui avait promis de ne pas le lâcher. Promesse largement tenue puisqu’après avoir assuré les premières parties de la chanteuse à Caen, Rennes et Paris lors de ces passages en Zénith, Max s’est retrouvé pour deux soirs de suite à se produire sur la scène du Théâtre Sébastopol. En guise de clin d’oeil à son aventure dans le télécrochet, Max Novik débute son set par la « chanson avec laquelle tout à commencer » : Creep. Une reprise de Radiohead qui nous met immédiatement dans le bain. Profitant d’être dans sa région natale, le chanteur annonce en avant première la sortie de son prochain single, Rien n’est clair (disponible depuis le 3 mai). Toujours dans le but de faire le lien entre lui et le public, Max Novik a également demandé au public d’allumer les flash de leurs téléphones durant son dernier titre. Max Novik, Théâtre Sébastopol, Lille | ©Raine Max Novik, Théâtre Sébastopol, Lille | ©Raine Max Novik, Théâtre Sébastopol, Lille | ©Raine Zazie : Ça commence en backstage Quel titre était plus approprié que Ça Commence pour débuter la soirée ? Chanson dans laquelle Zazie parle des tournées. Puisqu’elle y évoque le fait de commencer en coulisses, c’est de là que la chanteuse interprète la majeure partie de ce premier titre. On regrette seulement de ne pas avoir un écran la présentant face au miroir dans les loges dont elle parle dans la chanson afin que le public puisse la voir hors scène plutôt que de simplement l’entendre. On admet, après avoir vu les possibilités offertes hors scène, notamment grâce à la prestation d’Eddy de Pretto sur son Crash Tour, on en deviendrait presque exigeant. Bien sûr, on en veut absolument pas à Zazie qui se suffit largement à elle même et n’a pas besoin de mise en scène spécifique pour transmettre des émotions. De plus, on est certain que ce choix à simplement permis aux fans d’être d’autant plus dans une position d’attente de leur artiste favorite sur scène. Air Tour : reflet de la société Le Air Tour est un parfait écho de la société actuelle. Bien que datant de 2007, J’étais Là trouve encore une parfaite résonance face au monde qui continue de s’agiter sous nos yeux sans que nous puissions rien y faire. En appui, la chanteuse en rajoute une couche à travers Gilles qui évoque l’extrême droite ainsi que la guerre entre l’Ukraine et la Russie. Une situation qui l’effraie au point de développer un symptôme Gilles de la Tourette. En rapport à cette dernière, Zazie rit du fait d’avoir écrit des textes « dépressifs » ces 15 dernières années. Point que le COVID et les conflits n’ont fait que renforcer. Elle déconseille alors d’écrire un texte tout en regardant le JT sous peine d’obtenir « une mélodie bien mais un texte affligeant« . Ce qui nous a fait beaucoup rire. Plus généralement, la setlist appuie sur nos angoisses et peurs. De On éteint à Tais-toi en passant par Où allons-nous et Les lendemains qui déchantent, la société en prend pour son grade. Bien sûr, l’écologie tenant toujours une part importante dans le coeur de Zazie, on ne pouvait passer à côté du superbe Je suis un Homme. Zazie, Théâtre Sébastopol, Lille | ©Raine Une histoire d’amour entre le Nord et Zazie Pour ce premier soir au Théâtre Sébastopol, Zazie n’a pas caché son plaisir à venir jouer à Lille. Un rendez-vous qu’elle attendait impatiemment, admettant avoir compté les jours avant ces retrouvailles. Et on la comprend car le public nordiste lui rend particulièrement bien son affection dès le début du show, entonnant un joyeux anniversaire collectif. Ce, même si en réalité l’anniversaire de la chanteuse était la semaine précédente. Tout au long de la soirée, le lien unissant les lillois et la Zazie sera indéfectible. Quelque part, un enfant déclame son amour à la chanteuse qui lui répond aussitôt. Une vague d’amour monte alors de part et d’autre du théâtre. Preuve que la chanteuse se soucie de son public, elle explique s’être assurée que les personnes assises au 2e balcon du théâtre puissent tout de même voir à minima leurs têtes lors d’un set acoustique. Une délicate attention que l’on apprécie car souvent, ces places sont attribuées aux plus démunis. Plus tard, Zazie n’hésite pas à spécifier que ses fans lui envoient des courriers pour lui parler de tout et de rien, comme si elle faisait partie intégrantes de leurs familles. Elle évoque également ceux qui, plus véhéments, ne veulent plus venir à ses concerts car elle n’a pas joué « leur chanson« … sans mentionner le titre en question. Elle poursuit, espérant que le titre à venir fera plaisir au public du théâtre Sébastopol. À peine les premiers accords de J’envoie Valser débutés, la foule clame son contentement. Zazie en profite alors pour venir au plus près de son public, se baladant dans l’allée centrale du parterre. Là, elle prend notamment le temps de saluer les quelques personnes handicapés présentes dans l’assemblée, ce qui nous fait chaud au coeur tant elles sont souvent oubliées. Édith Fambuena (guitare) et Zazie, Théâtre Sébastopol, Lille | ©Raine Humour toujours Bien que la setlist aborde majoritairement des thèmes que l’on ne pourrait qualifiés de joyeux, on peut compter sur l’humour de Zazie pour palier. Entre sa complicité avec ses musiciens et ses anecdotes, la chanteuse ne cesse de nous faire rire. C’est d’ailleurs ce qu’on apprécie chez elle. La capacité d’écrire des textes forts couplé à un humour décapant. En point culminant, un set acoustique où Zazie présente ces backliners en leur inventant des métiers improbables. On vous met au défi
[INTERVIEW] Rencontre à Londres avec Mademoiselle K
« Ma référence c’est vraiment ces mecs qui sont un peu dans la merde, dans la banlieue grise et noire, qui ont un truc super dark et glauque et qui arrivent à faire un truc magnifique et un peu fragile. » Dans le cadre de la 50e édition du Paris Is Burning c’est Mademoiselle K qui est venue jouer le 12 juillet 2014 au Lexington. Au coeur de la nuit londonienne, nous avons profité de cette venue pour la rencontrer et discuter de son quatrième album à venir. Les Insouciants : Pour ton quatrième album studio, tu as fais le choix de t’exprimer en anglais. Cependant, ce n’est pas la première fois que tu écris dans cette langue puisque l’on pouvait trouver In English dans les bonus de Ça Me Vexe. Si ce texte se moquait à l’époque des français qui écrivaient des morceaux sur « rien », aujourd’hui, tu es tout de même la preuve qu’il est encore possible de véhiculer des messages par le biais de l’anglais. Mademoiselle K : Ouais, c’était une blague In English ! En fait, j’ai fais ce choix parce que j’avais rien à dire ! (rires) Non, si j’ai fais ce choix, c’est parce que j’avais vraiment une « ENVIE DE CHANGEMENT ». C’est con, mais c’est la meilleure explication que je puisse donner parce que ça fait vraiment un changement dans la manière de faire. Une autre langue ça chamboule beaucoup de choses et ça fait appel à la création d’un nouveau monde. C’est à dire que ta pensée passe non plus par ta langue maternelle – sachant que j’en avais deux, le français et le polonais -, ce qui est déjà pas mal, mais par une autre langue qui n’est pas la tienne avec toujours pour but de faire passer tes émotions les plus primitives comme en français. C’est vraiment un changement. Un vrai kiffe de se mettre en danger en sortant de la zone de confort qui est le français. Pourquoi ne pas avoir fait le choix d’écrire en polonais alors par exemple ? C’est sympa le polonais mais j’aime mieux l’anglais. (rires) Je voulais vraiment ce que je connaissais pas. J’aime beaucoup l’espagnol effectivement aussi, mais je le maîtrise moins que l’anglais. Le fait de passer à l’indépendance t’as permis non seulement d’avoir la main sur ton album, mais également sur l’esthétique puisque tu as pu réaliser ton premier clip avec Glory. Le visuel je l’ai toujours géré moi-même. Même en maison de disques. Et globalement, c’est quand même à toi de le gérer en major pour savoir où tu vas. Puisque si la major t’aide et te donne les moyens pour ça, c’est quand même bien de savoir ce dont tu as envie et où tu vas. Le fait de le faire en indé, c’est aussi lié au fait que je passe à l’anglais. La maison de disque m’a dit « si tu fais pas au moins la moitié de ton album ou les 3/4 en français, nous ça nous intéresse pas. On pense à ton public« , etc. Donc concrètement, j’ai monté ma boite. Je le fais effectivement en indé et j’ai signé une distribution avec Believe. Ils font pas mal de groupes. C’est la grosse tendance actuelle, donc je suis une artiste tendance ! En parlant de maisons de disques, tu abordais déjà la difficulté à entrer dans l’une d’entre elle avec Ça Me Vexe. Et aujourd’hui, Glory s’impose en disant que tu t’en fous qu’ils te rient au nez, non ? C’est pas faux ! Il y a des cycles comme ça qui reviennent. C’est vrai qu’il y a un truc. Glory, c’est un peu plus global. C’est sur la gloire, tout ça. Mais c’est vrai qu’il y a un truc un peu comme ça, ouais ! Quant à ton public, on a pu voir sur la pré-tournée et encore ce soir que malgré tout, tes fans continuent à te suivre. Comment vis-tu cela ? Est-ce une motivation pour continuer à te battre contre ceux qui ont voulu te mettre des bâtons dans les roues ? En fait, ce qui est marrant, c’est que je pense qu’il y a d’abord eu un premier discours de quelques personnes qui ont dit : « Alors ça y est, tu veux t’exporter dans le monde entier ? Tu veux faire du business. » Et quand ils ont entendu que je m’étais faite virée de ma maison de disques parce que je chantais en anglais, il se sont dit : « Ah ouais, la meuf elle a persisté. Elle s’est fait virée, et maintenant, elle est à la rue parce qu’elle a voulu faire son truc en anglais. » Quelque part, il y a une espèce de double mouvement. D’abord, c’était « ah ouais, d’accord, tu nous lâche… Putain c’est notre langue…« . Et ça continue encore. Je comprends tout à fait, parce qu’ils y en a qui me disent aussi qu’ils comprennent plus ce que je dis et qui doivent faire un effort. Mais tout le monde doit faire des efforts dans la vie ! (rires) Mais je comprends qu’on ait pas envie de faire des efforts quand on écoute de la musique. Je pense aussi que j’ai tout à fait conscience de ce qu’est l’habitude par rapport à quelqu’un. Par exemple, c’est vraiment avec quelqu’un que t’aimes hein ! T’es avec quelqu’un, t’as l’habitude de cette personne, et finalement, tu la regardes plus. T’as l’habitude de la voir, tu vois une représentation de cette personne, mais c’est pas sûr que tu regardes. Est-ce que t’aimes cette personne là ? Est-ce qu’elle est toujours ce que j’ai aimé quand je l’ai rencontré à un moment ? Ou est-ce que cette personne là est toujours l’image de celle que j’ai aimé il y a 5 ans mais l’image est restée… Bon, elle sort des albums, c’est cool. J’aime ce qu’elle fait, mais est-ce que ça me secoue ? Je prends pas les gens pour des cons, mais j’ai conscience aussi de la puissance de ce qu’est l’habitude pour eux : une meuf