Début janvier, la France a pu découvrir Hunger : Une histoire de mon corps. Un essai autobiographique signé Roxane Gay sur les répercussions de la société face à l'obésité.
Deux ans après sa première publication, Hunger : Une Histoire de mon corps, est enfin disponible en France. Un essai dans lequel nous avions hâte de nous plonger, d’autant plus qu’il fait parti des choix du Our Shared Shelf.
Prise de poids et répercussions psychologiques
Dès les premières lignes on comprend que Hunger est tout sauf « un récit sur la perte de poids« . Encore moins un livre sur le bien être. En effet, Roxane Gay exprime sans filtre son vécu et pourquoi elle a désiré prendre du poids. Un poids désiré mais dont elle n’oublie pas l’ascendant psychologique. Une chose que l’on apprécie grandement car, tout comme elle, le notre peut varier de façon psychologique, et ce, malgré une alimentation plutôt saine.
Au gré des pages, on compatit fortement pour l’autrice. En effet, adolescente, ses parents l’obligeait à enchaîner les régimes sans jamais lui demander la cause de ses constantes prises de poids. Plus choquant encore, le fait qu’ils pensent qu’il soit impossible pour une personne obèse de trouver un emploi. Elle explique d’ailleurs que sa famille considère toujours son obésité comme un « problème familiale ». Fait que l’on peut lier à la dépression de Roxane Gay au sens où l’on sait combien les réflexions de la famille peuvent devenir pesantes tant elles font culpabiliser. Ainsi, on sent que le profond sentiment de solitude émanant de ces mots lui donne l’impression de ne pas appartenir à sa propre famille.
Une société foncièrement grossophobe
Ressort de Hunger le fait que la société américaine soit grossophobe. Roxane Gay expose notamment l’existence d’émissions de télévisions sur les obèses qui n’hésitent pas à humilier et maltraiter les candidats. Et tout cela pour quoi ? La promotion des corps disciplinés car « le monde n’accepte pas les corps en surpoids« .
Son argumentation pousse même plus loin en ajoutant qu’en étant gros, la seule façon de se venger des moqueries est de maigrir. Ainsi, l’obésité est vue comme « une épidémie à éradiqué« .
Vous l’aurez compris, la télévision fait tout pour nous mettre mal à l’aise par le biais d’émissions, mais aussi des publicités. Selon Roxane, chacun d’entre eux – spot publicitaire – n’est qu’opposition entre bonheur comme représentatif de la minceur et malheur comme celui de l’obésité.
Ainsi, en voyant ces publicités, les obèses ne peuvent que se sentir comme des « imposteurs » puisqu’elles mettent en avant qu’un « corps mince se cache dans un corps gros« . Pour exemple, elle cite notamment Blue Apron ou Weight Watchers. D’ailleurs, saviez-vous que Oprah Winfrey détenait dix pour cent des actions de cette dernière ?
Les difficultés du Body Positive
À travers cet essai, Roxane Gay revient sur le Body Positive. Immédiatement, elle met en évidence le fait que si des revendications pour l’acceptation des gros sont importantes, le mouvement ne comprend pas forcément l’ascendant psychologique. Ainsi, on comprend que malgré la remise au point nécessaire faite par le mouvement quant à la culture des corps des femmes, sa propre lutte est quelque peu différente.
Par ses mots, Roxane explique qu’elle a du mal à rejoindre un mouvement de ce genre car elle ne parvient pas à trouver la paix ainsi qu’à s’accepter telle qu’elle est. Elle ajoute même ne pas savoir où s’intégrer dans « les communautés des gros« . Cependant, cela ne l’empêche pas de montrer son admiration pour le travail et les messages divulgués par des mouvements comme Health ou Every Size qui « aident les femmes à s’aimer« . On a aussi aimé le fait qu’elle sache pertinemment que maigrir n’allait pas la rendre plus heureuse.